Arte 20H30 et 22h30
Pendant vingt ans, François Truffaut à réalisé une série de films autour d’un même héros, interprété par un même acteur.
Truffaut – Léaud - Doinel, ces trois noms résonnent avec bonheur aux oreilles des cinéphiles du monde entier. La relation entre le réalisateur et son comédien fétiche fut sans équivalent, entre identification et filiation, entre mélancolie euphorique et joie triste, entre fausse naïveté et vraie profondeur.
Revoir aujourd’hui les 2 derniers longs métrages, après « Les 400 coups » , « Antoine et Colette » et « Baisers volés » constitue encore une source de plaisir, simple et léger mais souvent aussi bouleversant, derrière la façade trompeuse de films que l’on pourrait croire mineurs.
Si Truffaut a pu être critiqué par certains intégristes pour avoir, en apparence, cédé à une certaine facilité, contrairement à l’intransigeance d’un Godard, son alter ego de la Nouvelle Vague, il demeure ce cinéaste unique, sensible, observateur généreux et attentif des méandres sentimentaux.
Il ne pouvait pas trouver plus parfaite projection de lui-même, que dans son double Jean-Pierre Léaud qui a apporté au personnage de Doinel une magnifique vitalité, mélange permanent d’arrogance, de fragilité et de décalage, transcendant les scénarios de Truffaut. Doinel doit autant au cinéaste qu’au comédien, parfaite synthèse de la vie et des obsessions des deux.
Cette complicité éclate dès « Les 400 coups » en 1959, Léaud devient pour l’éternité, ce garçon gouailleur, indépendant d’esprit, épris de liberté, qui se cognera sans cesse aux murs de la réalité, jonglant avec la vérité pour mieux la tordre, quitte à mentir à ceux qu’il aime.
Sans être une biographie de Truffaut, beaucoup d’éléments correspondent à sa propre enfance, de l’école buissonnière à l’amour naissant pour l’art (le cinéma bien sûr mais aussi la littérature et la musique). « Antoine et Colette », sketch d’une demi-heure, réalisé en 1962, nous montre un Doinel adolescent, en proie à ses premiers affres amoureux.
Truffaut alors, se doit de reprendre ce personnage, double et fétiche. Ce sera chose faite en 1968 avec « Baisers volés », délicieuse comédie où, dans une époque de rupture et de révolution, Doinel se révèle être un inadapté plus qu’un subversif, un instable (professionnel et sentimental) plus qu’un rebelle.
Il est désireux de s’intégrer mais se trouve trahi par sa sincérité et sa maladresse. Il aime les filles gentilles et sages, comme Christine, le grand amour de sa vie et surtout les parents de celle-ci, comme pour retrouver une chaleur familiale, disparue trop vite de sa propre existence.
« Domicile conjugal », en 1970, représente la suite logique de la vie de Doinel, qui emprunte désormais l’itinéraire commun du couple (mariage, vie commune, naissance d’un enfant puis adultère et crise). Se dessine alors la grande ambition de sa vie, écrire.
Cette vocation s’incarnera, en 1979, dans le dernier chapitre de ses aventures, « L’amour en fuite », point final du cycle. On y découvre un Doinel, toujours aussi merveilleusement en inadéquation avec le monde, auteur du roman de sa vie, peuplé des femmes aimées et quittées.
Le film, d’une tristesse insondable malgré son ton badin, est constitué, en grande partie, de longs extraits des épisodes précédents, lui donnant un caractère récapitulatif et finalement très nostalgique. Antoine Doinel termine sa vie à l’écran sous une apparente forme de bonheur, que l’on devine aussi intense qu’éphémère.
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