Originaire de Philadelphie, Melody Gardot n’a que 19 ans lorsqu’elle est victime d’un accident de la route qui la cloue dans un lit d’hôpital pendant plusieurs mois, le corps en mille morceaux et le cœur sans dessus dessous. La musicothérapie va l’aider à se remettre de ce coup du sort et c’est du fond de ce même lit que la jeune fille écrit ses premières chansons, enregistrées sur un simple magnétophone et qui donneront naissance au EP justement intitulé Some Lessons - The Bedroom Sessions. Voilà pour la légende. Cinq ans et un premier album (Worrisome Heart) plus tard, Melody Gardot nous revient avec My one and only thrill dont les onze morceaux rivalisent de beauté. Si la couleur dominante de l’album est le jazz, la chanteuse y mêle des accents d’un blues sombre et de légères touches latines qui confèrent à l’ensemble sa teinte si particulière, entre ombre et lumière. Tantôt légère et mutine comme dans If the stars were mine ou Les Etoiles, tantôt grave et déchirante (Deep within the corners of my mind), Melody Gardot sait être tout à la fois sans jamais se départir d’une sobriété émouvante qui donne toute son élégance à l’album. Ce dernier, porté par des musiciens qui connaissent leur métier (on souligne notamment la collaboration de l’arrangeur Vince Mendoza), comporte par ailleurs quelques envolées lyriques qui transportent l’auditoire dans des mondes parallèles et rivaliseraient sans mal avec certaines grandes compositions du septième art. Côté chant, il y a du génie chez cette Américaine qui ne donne pas de la voix simplement pour en donner mais qui maîtrise avec intelligence le moindre déraillement vocal tout en restant étonnamment spontanée et naturelle. On y retrouve les fantômes des grandes chanteuses noires qui ont fait les heures de gloire du jazz mais aussi les échos d’une Norah Jones ou d’une Eva Cassidy pour leur sensualité doucereuse. Mais la comparaison n’ira pas plus loin, la demoiselle ne méritant pas de n’être qu’une nouvelle X ou Y… Sur les onze titres, une seule reprise et pas des moindres puisque la chanteuse s’attaque au monumental Over the rainbow. A ceux qui seraient tentés de penser qu’une énième version de ce classique était superflue, on répondra que celle-ci, dans la chaleur et la douceur de son rythme bossa-nova, est tout à fait indispensable. A l’image du reste de l’album.
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