Depuis Pierre Desproges qui disait «on peut rire de tout, ça dépend avec qui» je savais que l'humour était la chose la plus difficile à partager. Les événements tragiques l'ont prouvé.
Au-delà de nos larmes, le jour s'est levé sur une étrange idée, celle qu'au lendemain d'une journée aussi exceptionnelle que celle vécue le dimanche 11 janvier 2015, plus rien ne serait jamais comme avant. Mais l'effervescence passée, chacun est rentré chez soi, le cœur en émoi, reprendre sa vie et son anonymat. L'esprit Charlie flotte dans l'air. Pour combien de temps ? Je crains hélas que des bourrasques n'emportent ce gigantesque espoir de changement, comme elles ont balayé bien des idées généreuses et bien des rêves au fil du temps.
On a tué des hommes armés de crayons. On ne tue pas les idées et les rêves même si le vent cherche à les emporter. Sur leur petit nuage, Cabu et ses camarades devaient être bien étonnés d'une telle mobilisation, d'une telle fraternité. Des manifestants qui embrassent des CRS, qui applaudissent des policiers. De quoi croquer bien des dessins caustiques, irrévérencieux, à faire pleuvoir sur nos têtes de voltairiens candides. Puissions-nous être lucides. Puissions-nous rester voltairiens. Puissions-nous rester Charlie au pays de Voltaire et de Cabu.
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