Depuis
Pierre Desproges qui disait «on peut rire de tout, ça dépend avec
qui» je savais que l'humour était la chose la plus difficile à
partager. Les événements tragiques l'ont prouvé.
Au-delà de nos
larmes, le jour s'est levé sur une étrange idée, celle qu'au
lendemain d'une journée aussi exceptionnelle que celle vécue hier,
plus rien ne seraitjamais comme avant. Mais l'effervescence
passée, chacun est rentré chez soi, le cœur en émoi, reprendre sa
vie et son anonymat. L'esprit Charlie flotte dans l'air. Pour combien
de temps ? Je crains hélas que des bourrasques n'emportent ce
gigantesque espoir de changement, comme elles ont balayé bien des
idées généreuses et bien des rêves au fil du temps.
On tue hélas
les hommes armés de crayons. On ne tue pas les idées et les rêves même si le vent cherche à les emporter. Sur leur petit nuage, Cabu et ses camarades devaient
être bien étonnés d'une telle mobilisation, d'une telle
fraternité. Des manifestants qui embrassent des CRS, qui
applaudissent des policiers. De quoi croquer bien des dessins
caustiques, irrévérencieux, à faire pleuvoir sur nos têtes de
voltairiens candides. Puissions-nous être lucides. Puissions-nous
rester voltairiens. Puissions-nous rester Charlie au pays de Voltaire et de Cabu.
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