samedi 1 juin 2013

Le Pioch




Des photos du Pioch je n’en manque pas. Nombreux sont ceux qui ont cherché à immortaliser ce lieu magique.


Du village de Servian dans l’Hérault, à hauteur du cimetière vieux, vous prenez la D146 en direction d’Abeilhan. A quatre kilomètres vous empruntez à main gauche, ce qui était à l’époque un chemin poussiéreux de limon jaune jusqu’à atteindre une minuscule bicoque dressée parmi les acacias, rayonnant sur l’ensemble d’un verdoyant panorama qu’il surplombe à quatre vingt dix mètres. Il domine au Sud Ouest la vallée de la Lène. C’était Le Pioch. Un refuge sans eau ni électricité. Rien d’autre que de la terre, des vignes, quelques amandiers et des grillons. Le Paradis des enfants et des grands en des temps qui ne connaissaient pas la télévision, les ordinateurs, les téléphones portables et les consoles vidéo. Un temps lointain qui à dû bien changer voire même disparaître.


           


Tonton René l’avait acheté, paraît-il, une poignée d’amandes. Autant dire rien. Tonton René pouvait déambuler à sa guise les doigts dans le nez en lâchant des pets tonitruants, ce qui, avouons-le, il ne fit jamais en notre présence.

          


Tonton René, je l’ai dit, travaillait à Toulouse. Les jours de « Pioch » tonton Emilien, son beau-frère, chargeait la benne de sa camionnette d’enfants, de deux ou trois dames jeannes d’eau claire, une de vin rouge, une de vin rosé, un panier avec fruits et légumes, le goûter pour les mioches, la saucisse sèche, le jambon de pays, de la viande à griller et en route pour le Paradis. Avez-vous déjà mangé du taureau cuit à la braise sur des sarments de vignes ? Un régal. Puis, tandis que les adultes, jouaient aux cartes où dormaient, un grand mouchoir sur le visage afin de se protéger des insectes, les merveilleuses journées d’été que nous avons passé là, à piailler à voix basse, se dorer au soleil, se goinfrer d’amandes à en être malade à ne plus pouvoir descendre de l’arbre, à être poursuivi par des guêpes, à capturer des grillons, manger des grains de raisin bleu de sulfate, lever un lièvre et rentrer au village le soir ocre de poussière. Ainsi était Le Pioch.


             


Le temps à passer. Les rangs des vivants s’est clairsemé. Le Pioch a été déserté. Dans les années quatre-vingt j’y ai passé encore de bien belles journées avec ma femme et mes enfants sans l’effervescence de jadis. Puis ma tante à fini par vendre. Le Pioch n’est qu’un souvenir de plus.
                                       

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