Je profite de la parution en collection de poche du livre d'Ingrind Bétencourt "Même le silence à uen fin" pour attirer l'attention sur un grand livre.
Je dois admettre n'avoir jamais été tendre avec Ingrid Betancourt. A vrai dire, je n’avais rien contre cette femme, six ans c’est long, elle avait été libérée à temps pour les Soldes, elle avait retrouvé enfants, famille et amis, elle avait remercié Dieu, La Colombie, Urube, l’ami des paramilitaires d’extrême droite et des narcotrafiquants, embrassé Sarkozy et retrouvé son copain Villepin. Lors de sa libération, les médias en avaient fait des tonnes et son côté sainte et martyr m'agaçait prodigieusement.
Et puis il y a eu la sortie de son livre fin septembre 2010 chez Gallimard, dans la prestigieuse collection Blanche. Professionnellement, j’ai décidé d’aller jeter un œil à ce gros livre de sept cents pages qui conte ses six années de détention dans la jungle colombienne. Et l’on peut lire sous la plume de qui d'évidence se révèle un écrivain : « Enchaînée par le cou à un arbre, privée de toute liberté, celle de bouger, de s'asseoir, de se lever ; celle de parler ou de se taire ; celle de boire ou de manger ; et même la plus élémentaire, celle d'assouvir les besoins de son corps... J'ai pris conscience – après de longues années – que l'on garde tout de même la plus précieuse de toutes, la liberté que personne ne peut jamais vous ôter : celle de décider qui l'on veut être. »
Je dois admettre que d’emblée ce livre vous happe, vous poigne et ne vous lâche plus jusqu’à la dernière ligne. Récit intime d'une aventure qui ne ressemble à aucune autre, voyage hanté, palpitant du début à la fin, c'est aussi une méditation sur la condition des damnés – et sur ce qui fonde la nature humaine.
Et si l'opinion publique et les médias qui aiment brûler ce qu'ils ont adoré semblent la considérer aujourd'hui comme une égoïste avide de pouvoir et d'argent, il n’en reste pas moins que son livre est de la trempe de ceux des grands écrivains.
1 commentaire:
Reste qu'il faut interroger son récit sur ses silences propres. Que de temps perdu par les uns et les autres !
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