Les jours se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Est-ce dû aux perfusions qui ont une effet bénéfique sur sa santé, mais Rosiane nous a semblé mieux par rapport à la veille. certes elle avait encore des absences mais elle a mangé seule comme en témoigne cette photo. Hier nous sommes rentrés plein de morosité après la journée passée près d'elle.
Ses fenêtres donnent sur un monticule herbeux dominé par un petit baraquement. Alentour la cernent les bâtiments hospitaliers. Rosiane a regretté son ancienne chambre dont la vue était selon elle bien plus agréable. Puis elle a sombré de nouveau. Sa tête repose sur un grand oreiller. Ses traits sont vagues et ses regards inexpressifs. Elle grommelle des bribes de phrases incompréhensibles. Elle nous reconnaît à peine et demande des nouvelles des disparus. Je regarde ce corps hier encore plein de vigueur; ce visage pétillant au regard malicieux. De tout cela il ne reste rien.
Elle a rejoint le service d’oncologie mardi soir. Le personnel est réduit au minimum. Il n’y a que deux médecins sur cinq normalement prévus. Chacun fait de son mieux. Une malade désorientée erre dans les couloirs sans vie. A l’heure du repas, le plateau est posé près de Rosiane. Elle n’y touche pas. Personne ne lui prête assistance. Isabelle lui fait avaler mécaniquement un bol de soupe, une compote et un yaourt. Si nous n’étions présents, elle ne mangerait rien. Elle ne se plaint pas et n’a pas l’air de souffrir, mais tout cela l’épuise, nous nous en rendons bien compte.
Et puis aujourd'hui comme une réminiscence. Que sera demain ?
A l’heure de partir, j’ai déposé un baiser sur un front moite. Nous lui avons souhaité une bonne nuit. Qu’elle lui soit douce.
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