dimanche 21 mars 2021

1970 et les autres (21 ) Stax

 


 

   Otis Redding, Eddie Floyd, John Lee Hooker, Booker T & the MG'S, Albert King, Isaac Haye, Rufus et Carla Thomas … voici énumérés très sommairement une partie des fabuleux artistes qui composaient le catalogue du mythique label Stax.

  Un label qui à enchanté mes oreilles dès mes seize ans et m'a accompagné lors de ma vie à bord de l'E.V. Henry.

    De notre point de jonction avec l'hélicoptère français (voir le billet précédent) nous reprîmes notre route en direction du canal de Panama en effectuant un crochet par Clipperton, un confetti perdu dans le Pacifique. A notre arrivée, seuls les oiseaux, de plus en plus nombreux dans le ciel, annoncaient une terre imminente. Depuis le pont, à quelques encablures du rivage, le territoire semblait se résumer à quelques cocotiers épars surgissant de l’océan comme un lac, posé au milieu de l’océan. Un lagon fermé, d’un diamètre de trois à quatre kilomètres, entièrement ceinturé d’un mince cordon de sable et de coraux morts. Autour, l’océan, le Pacifique, sans fin : la terre la plus proche se trouve à 950 kilomètres plus au nord. Clipperton est l’atoll le plus isolé de la planète. Un atoll de France découvert par le flibustier, pirate anglais John Clipperton en 1704. Intéressée par sa position stratégique dans le Pacifique face à l'isthme de Panama dans la perspective d'un percement futur, Victor Édouard Le Coat de Kerveguen en prit possession au nom de la France,en date du 17 novembre 1858. Mais de 1895 à 1931 les États-Unis, le Mexique et la France se disputent sa possession. 

 


 

    En 1944, les États-Unis occupent l'île d'autorité. Ils ouvrent une passe dans la couronne (qu'ils refermeront en partant) et nivellent une piste d'aviation qui pourrait aisément être remise en service. À la suite d'une protestation de la France qui vient tout juste d'être libérée, les États-Unis rétrocèdent le territoire à la France le 21 mars 1945. Le Mexique reconnaît définitivement la souveraineté française sur l'île en 1959 alors que j'avais six ans et que personne ne s'en souciait. Douze ans plus tard je découvrais depuis le bord ce « cailloux » colonisé par les oiseaux et les crabes rouges. Juste le temps de remplacer nos couleurs afin q'elles flottent aux quatre vents devant un parterre de crabes et d'oiseaux au garde à vous et nous avons filé vers le canal de Panama. Plusieurs jours de mer à regarder l'horizon sans être gêné par les voisins. 

 


    Dès que j'avais un moment, je me collais dans ma bannette close par un paréo et revenait à Stax, un label “maison” né en 1957, dans le Tennessee, uniquement consacré à la musique noire qui, pendant longtemps était considérée comme une musique " ethnique ", à l'intention des blancs et, joignant l'acte à la parole, engagèrent des musiciens blancs afin de montrer que la cohabitation était possible. En quelques années Stax devint un laboratoire qui connut un véritable succès auprès du public visé et une kyrielle d'artistes durent leur notoriété au son caractéristique de Stax. D'ailleurs toutes les émissions TV de l'époque les montrent tous jouant et chantant devant un public exclusivement blanc; mais le désenchantement vint rapidement après le succès. Si sur scène les blancs jouaient bien avec des blacks, ces derniers ne mirent pas très longtemps à comprendre que s'ils étaient payés normalement, les blancs touchaient en plus un intéressement calculé sur les résultats de la maison, ambiance…

    Les années 1967/1968 aux USA sont le point culminant de la campagne pour l'égalité des droits civiques pour les noirs. Martin Luther King se fait assassiné à Memphis et quelques mois plus tard c'est le sénateur Robert Kennedy qui, lui aussi tombe sous les balles d'un illuminé conservateur. Les Black Panthers, Malcom X ainsi qu'une multitude de mouvements radicaux font leur apparition et dont le " black is beautiful ".

    Les dirigeants de Stax firent preuve de pragmatisme (pour eux c'est une question de survie), ils firent appel à un sombre compositeur qui travaillait dans son coin et qui écrivait ou co-écrivait des hits et qui avait une voix bien particulière : Isaac Hayes.

    La reconversion fut un succès, la notoriété de Stax devint phénoménale. Désormais, Stax s'impliquera dans la vie de la communauté noire et le point d'orgue sera le film Wattstax, gigantesque concert donné par les artistes de la firme à la suite des émeutes qui éclatèrent au début des 70's dans le "ghetto.be Watts" à Los Angeles.

    Mais je déblatère et nous voilà déjà en vue de Colon, avant le passage du canal. L'escale fut si brève que de Colon je ne dirais rien hormis ma stupéfaction dans un de ses supermarchés du sexe, immense bâtiment très haut de plafond équipé d'un bar gigantesque et de dizaines de tables à l'usage des consommateurs. Le long de l'ensemble de ses parois des coursives étagées et des dizaines de portes semblables aux cabines de douches d'une piscine. Au dessus du bar, un immense tableau noir où s'alignait les prénoms des filles suivis de croix dont je n'ai pas cherché à savoir s'il s'agissait des réservations ou des prestations déjà réalisées. Mais quelle activité. Une foule semblable à celle des grandes surfaces un jour de soldes le samedi. Les escaliers ne désemplissaient pas. Les chambres non plus. Un vrai bordel. Nounours, tellement en manque, pliait ses billets pour un nombre incalculable de passes. Il n'était pas le seul. La mer leur avait pesé.. Le vent du large n'avait pas suffi à les détendre. Nounours est monté trois fois. Plus tard il à payé des coups à défaut de les tirer. La Prudence étant mère de la sureté, après avoir recueilli de multiples témoignages, je me suis contenté de boire avec les copains. De toutes façons j'aurais pu dire n'importe quoi, personne n'en aurait rien su tant la foule et le trafic était denses.

    L'infirmerie ne désempli pas les jours suivants. Le médecin du bord et l'infirmier eurent bien du travail. Et dans le poste équipage, pour certains, les soirées à s'ausculter les verges. De quoi s'isoler pour écouter de la musique que ce festival de maladies vénériennes. 

 

 

Aucun commentaire: