A chaque nouveau disque publié sous le nom de Yusuf — trois depuis 2006 —, on voulait se convaincre que Cat Stevens réveillait la magie des albums qui avaient fait de lui le singer-songwriter suprême au début des années 1970. Pourtant les chansons peinaient à éclipser les inusables Lady d’Arbanville, Father and son, Moonshadow ou Sad Lisa d’autrefois. Aujourd’hui, le chanteur, en recherche perpétuelle de paix intérieure, converti à l’islam en 1977, renoue enfin pleinement avec ce passé où, après deux ans de silence imposé par une tuberculose qui faillit le tuer, l’encore très jeune homme rompait avec ses débuts psyché pop (Love my dog, Matthew and son…) pour se muer en chanteur d’une troublante finesse et maturité. Un quête personnelle qui, en nourrissant de sensationnelles chansons, fit de lui une des plus grosses stars de l’époque. Près de cinquante ans plus tard, il paraît revenu au même point, son chemin spirituel et l’expérience en plus, pour concilier quelques titres repêchés de sa période sixties mais réorchestrés sous la forme acoustique sophistiquée qui est devenue sa marque de fabrique, avec des nouveautés qui paraissent issues du même moule. La présence de Paul Samwell-Smith, producteur d’origine, et d’Alun Davies, le guitariste complice d’antan, y sont pour beaucoup, mais c’est surtout l’état d’esprit libéré de Steven Demetre Georgiou (son vrai nom), comme régénéré, qui confère à The Laughing Apple sa limpidité inespérée. Cat Stevens, la douceur et la sagesse incarnées, est de retour. Et la trilogie Mona Bone Jakon/Tea for the Tillerman/Teaser and the Firecat n’est pas loin d’avoir trouvé un digne successeur.
| Decca/Universal.
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