vendredi 17 février 2017

Louons maintenant les grands hommes




Maintenant que me voilà en province, je me montre plus attentif à l'annonce des expositions parisiennes afin d'en profiter lorsque je m'y rends en touriste.
A la lecture de la programmation du Centre Pompidou j'ai noté que celui ci installerait sur ces cimaises du 26 avril au 14 aout 2017 les œuvres du photographe Walker Evans pour une première rétrospective française. 


J'ai découvert son travail à la lecture d'un grand classique du roman ethnographique "Louons maintenant les grands hommes", édité en France dans la collection "Terre Humaine".
En 1936, aux lendemains de la Grande Dépression, le magazine new-yorkais Fortune charge l'écrivain américain James Agee (1906-1955) de réaliser un reportage sur les conditions de vie des paysans pauvres dans le sud de son pays. Pendant six semaines, assisté de son ami photographe Walker Evans, il partage ainsi le quotidien de trois familles de métayers en Alabama.



Signalons que Louons désormais les grands hommes est un livre difficile un texte assez souvent décourageant, qu'on ne sait à quel genre rattacher, sinon à l'ethnographie, et encore, puisque l'on y lit aussi l'expérience d'Agee, jusqu'à ses embrasements amoureux. On pourra bien sûr reprocher à l'auteur d'avoir été excessif, d'avoir commis un volume exagérément complexe, de s'être montré parfois un peu trop exalté, mais ces quelques reproches ne terniront pas l'éclat du texte, dans lequel Agee laisse son humanité s'exprimer. Grâce à elle, le lecteur ne tient ni un strict reportage sur les métayers, ni un simple réquisitoire contre les propriétaires qui les exploitent : avec une délicatesse, une empathie et une douceur qui n'ont presque plus rien d'humain, la plume d'Agee s'arrête sur ces déshérités pour les auréoler d'une lumière divine, débordante de charité et d'amour fraternel. Comme s'il avait cherché, par les mots, à faire beaucoup mieux que de leur rendre hommage : contribuer à leur rédemption.


En attendant la rétrospective Walker Evans, lisons ou relisons "Louons maintenant les grands hommes"



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