Maintenant que me voilà en province,
je me montre plus attentif à l'annonce des expositions parisiennes
afin d'en profiter lorsque je m'y rends en touriste.
A la lecture de la programmation du
Centre Pompidou j'ai noté que celui ci installerait sur ces
cimaises du 26 avril au 14 aout 2017 les œuvres du photographe Walker Evans pour
une première rétrospective française.
J'ai découvert son travail à la
lecture d'un grand classique du roman ethnographique "Louons
maintenant les grands hommes", édité en France dans la
collection "Terre Humaine".
En 1936, aux lendemains de la Grande
Dépression, le magazine new-yorkais Fortune charge l'écrivain
américain James Agee (1906-1955) de réaliser un reportage sur les
conditions de vie des paysans pauvres dans le sud de son pays.
Pendant six semaines, assisté de son ami photographe Walker Evans,
il partage ainsi le quotidien de trois familles de métayers en
Alabama.
Signalons
que Louons désormais les grands hommes est un livre
difficile un texte assez souvent décourageant, qu'on ne sait à
quel genre rattacher, sinon à l'ethnographie, et encore, puisque
l'on y lit aussi l'expérience d'Agee, jusqu'à ses embrasements
amoureux. On pourra bien sûr reprocher à l'auteur d'avoir été
excessif, d'avoir commis un volume exagérément complexe, de s'être
montré parfois un peu trop exalté, mais ces quelques reproches ne
terniront pas l'éclat du texte, dans lequel Agee laisse son humanité
s'exprimer. Grâce à elle, le lecteur ne tient ni un strict
reportage sur les métayers, ni un simple réquisitoire contre les
propriétaires qui les exploitent : avec une délicatesse, une
empathie et une douceur qui n'ont presque plus rien d'humain, la
plume d'Agee s'arrête sur ces déshérités pour les auréoler d'une
lumière divine, débordante de charité et d'amour fraternel. Comme
s'il avait cherché, par les mots, à faire beaucoup mieux que de
leur rendre hommage : contribuer à leur rédemption.
En attendant la rétrospective Walker Evans, lisons ou relisons "Louons maintenant les grands hommes"
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