mercredi 19 septembre 2012

Plus belle la vie, à la mémoire de Rosiane

              
         Aujourd’hui nous sommes tristes. Nous sommes tristes parce que nous avons perdu un être cher. Un être si attachant, volontaire, généreux, dont l’œil pétillant et le sourire malicieux habillaient un inoubliable visage pétrit de sympathie et de gentillesse qu’il est à nos yeux irremplaçable.
         Nous ne reverrons plus Rosiane. Nous ne la reverrons plus si ce n’est dans nos mémoires et dans nos cœurs. Et c’est pour cela que nous sommes tristes. Et c’est pour cela que nous sommes affligés. Et c’est pour cela que nous sommes abattus, emportés par cette tempête de mort. Une tempête sous nos crânes de vivants accablés par la disparition de celle que nous aimions si profondément.

                Pourtant, je tenais à vous faire part d’une chose qui m’est venue l’autre nuit comme une apparition lorsque je cherchais en vain le sommeil.

             Après le grand voile noir qui vint recouvrir de ténèbres celle que nous aimons, je vis une fillette s’arc-bouter et pousser le lourd portail métallique de la rue du Terrage. Elle en franchit le seuil, traversa le hall et courut rejoindre un groupe de gamins au fond de la cour. Elle se fraya un chemin parmi le groupe et se posta au côté d’un garçon accroupi occupé à faire glisser son gain de billes dans une chaussette de laine.              
           «Tu en à mis un temps ! Grogna le garçon. - J’avais des choses à faire. - J’ai bien cru que tu ne viendrais jamais. - Jeannot, je suis là pour toujours maintenant. Allez, vient ! »

         Elle le prit par la main et l’entraîna à sa suite. Dehors, le brouillard était tombé. On n’y voyait pas à deux mètres. Les deux enfants avancèrent avec prudence pour sortir du faubourg puis de la grande ville. Ils n’avaient plus froid. Ils n’avaient plus faim. Ils n’avaient plus soif. Ils ne ressentaient plus de la fatigue. Ils ne ressentaient plus la douleur. Ils laissaient cela maintenant aux autres. Ils avançaient c’est tout, main dans la main, dans une forêt d’arbres fantomatiques noyée de brume. La route était longue. Ils ne se plaignaient pas. Ils connaissaient la distance. Ils avaient déjà fait une très longue route ensemble, une route pleine de difficultés et d’embûches mais n’en évoquèrent pas le souvenir tant cette nouvelle histoire d’amour était palpitante à vivre. Un temps passa et les haillons de brume se déchirèrent sur le corps de logis, d’un charmant petit château. La fillette serra la main du garçon un peu plus fort.

    « Un château ! Lâcha le garçonnet. Oui, répondit la fillette. Le château de Beaumont. C’est là que je suis née. Souffla t’elle à l’oreille du garçonnet cramoisi d’émotion. - Alors nous ne sommes plus loin ! » conclut-il.        
           Ils se laissèrent glisser au cœur d’une campagne luxuriante où courraient de chantants cours d’eau et où piaillaient les mésanges. Lorsque enfin ils dominèrent La Charse, ils se posèrent sur l’herbe tendre. Le garçonnet prit la fillette par l’épaule et la serra contre lui. « Nous y sommes, Rosiane ! » soupira t-il. - Et nous y serons bien. Ajouta la fillette. - Et nous nous aimerons toujours. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est un très joli songe et une très belle photo. On pense à vous. Emm.