lundi 11 février 2019

1969 l'année de mes seize ans (1) Shocking Blue : Venus




                                    Shocking Blue : Venus

      Atteint d’onanisme chronique à en avoir l’avant bras aussi musclé qu’un tennisman professionnel, je m’interroge encore sur ce que j’ai bien pu branler en 1969 alors que Wallace Collection chantait « Daydream ».
Bon d’accord, il y a eu le Concorde, le premier pet sur la lune de Neil ou Louis Armstrong, je ne sais plus et la victoire de Merckx au Tour de France. Ceci dit je m’en fichais pas qu’un peu. J'ai toujours été comme ça. Un mec en retard sur les événements de sa vie. C'est bien pour cela que ciquante ans plus tard, je vais essayer de me rattraper en évoquant quelques galettes vinyles qui ont enchanté l'année de mes seize ans.
    Bon d'accord, tout est mélangé mais qu'importe. En juin 1969, à l’issue d’une année catastrophique, je fus viré à grands coups de latte au cul du Collège d’Enseignement Commercial Georges Elie à Bondy, tandis que Demis Roussos des Aphrodite Child fredonnait « It’s five a clock ». 
  Le service public n’étant déjà plus ce qu’il avait été, mes parents attendirent donc tout l’été l’arrivée par la poste de mes résultats scolaires qui n’arrivèrent jamais vu que je les avais chouré dans la boite aux lettres. Ce qui me permit de rêver d'une main ferme aux jambes interminables de Mariska Veres du groupe Shoking Blue au soleil du midi. 
   Quelques semaines plus tôt, rue Carnot à Noisy le sec, un magasin d’électroménagers affichait au bas de sa vitrine quelques vinyles masqués en partie par la buée et la poussière. Le 45t qui excitait ma convoitise du moment émanait d’un groupe dont j’appris bien des années plus tard qu’il était néerlandais. Je n’en avais retenu qu’un air, un titre et les jambes interminables de la chanteuse matées dans Salut les copains. Je n’avais aucun argent de poche. La monnaie du coiffeur est donc passée dans l’achat du 45t. "Venus" reste associée à une engueulade mémorable mais Mariska Veres, la brune chanteuse du groupe Shocking Blue, qui, comme le dit le texte "possédait ce truc que personne d'autre n'avait. (....) "m’a apporté un réconfort éternel." je suis ton feu et ton désir" 
Un peu, mon neveu !

   Début septembre 1969 équipé de pied en cap d’une veste et d’un bermuda à gros chevrons couleur soupe aux légumes, de chaussettes montantes et d’une paires de mocassins à pompons je me retrouvais parmi mes potes admis en seconde année d’enseignement comptable, ébahis de voir «le viré» en chair et en os. La négociation fut rude auprès du directeur de l’établissement et du professeur principal pour faire accepter les doléances, bien entendu fictives de mes parents, afin d’être repris à l’essai un trimestre. Eh bien, mine de rien et contre toute attente, ça a marché, et pas que sur la lune ! 

    Bref, avec mon costard à chevrons et mes mocassins à pompons j’ai réussi à faire illusion le temps d’un trimestre avant de me faire revirer à grands coups de latte au cul et de main dans la gueule, car on ne peut décidément rien contre une lettre recommandée avec accusé réception. Putain de service public ! et tout ça pour un titre au normographe pas propre. Salaud de prof !
   Et pendant ce temps-là notre Jojo National beuglait « Que je t’aime » avec son corps lourd comme un cheval mort qui ne sait pas, ne sais plus, s’il existe encore.
  Ceci étant, l’année 1969 a marqué dans ma vie un grand tournant musical. avec comme apothéose le festival de Woodstock. Mais faute d’avoir eu le temps de me laisser pousser les cheveux, de troquer mon costard à chevrons contre un pat d’eph des tongues fleuries et un tee shirt délavé, le quinze août je l’ai passé à Servian chez ma grand-mère pour la fête de la Vierge. Pas de bol.



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