mardi 29 mai 2018
mercredi 23 mai 2018
Philip Roth
«Le combat avec l'écriture est terminé», avait-il noté sur un post-it collé sur son ordinateur.
Grand
ténébreux au sourcil broussailleux, petit-fils d'immigrés juifs
d'Europe de l'Est, Philip Roth a écrit, debout à son pupitre, près de 30
romans: récits provocateurs des mœurs de la petite bourgeoisie juive
américaine, satires politiques, réflexions sur le poids de l'Histoire ou
sur le vieillissement, ses œuvres sont presque toujours entre
autobiographie et fiction.
Sa plume exigeante et sa lucidité
implacable sur la société américaine ont fait de lui une figure majeure
de la littérature d'après-guerre. C'est le seul écrivain vivant dont
l'oeuvre a été éditée par la Library of America. En France, il vient d'être édité dans la prestigieuse collection de La Pléiade.
Philip Roth a livré une
vision à la fois délicate et lucide de l'Amérique moderne, entre
pornographie, adultère, antisémitisme et fanatisme, détricotant
patiemment le rêve américain. «La littérature n'est pas un concours de beauté morale», affirmait-il.
ll est notamment l'auteur de La Tache, Le Complot contre l'Amérique et Pastorale américaine, qui lui a valu le prix Pulitzer en 1998. C'est Portnoy et son complexe
qui l'avait révélé au grand public en 1969. L'ouvrage avait fait
scandale, à la fois pour ses descriptions sexuelles très crues et sa
façon d'aborder la judaïté.
Après
trente-six ans, Zuckerman l'écrivain retrouve Seymour Levov dit « le
Suédois », l'athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi
splendide, Levov l'invincible, le généreux, l'idole des années de
guerre, le petit-fils d'immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que
nature.
Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle,
épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la
ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d'érables centenaires :
la pastorale américaine.
Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille
rebelle.
Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang... Passant de l'imprécation au lyrisme, du détail au panorama sans jamais se départir d'un fond de dérision, ce roman de Philip Roth est une somme qui, dans son ambiguïté vertigineuse, restitue l'épaisseur de la vie et les cicatrices intimes de l'Histoire.
Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang... Passant de l'imprécation au lyrisme, du détail au panorama sans jamais se départir d'un fond de dérision, ce roman de Philip Roth est une somme qui, dans son ambiguïté vertigineuse, restitue l'épaisseur de la vie et les cicatrices intimes de l'Histoire.
À
la veille de la retraite, un professeur de lettres classiques, accusé
d'avoir tenu des propos racistes envers ses étudiants,
préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui pourrait
l'innocenter. Tandis que l'affaire Lewinski défraie les chroniques
bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman
Silk et découvre derrière la vie très rangée de
l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement
réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la
sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans,
prétendument illettrée, et talonnée par
un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre.
Après Pastorale américaine et J'ai épousé un communiste, La tache, roman
brutal et subtil, complète la trilogie de Philip Roth sur l'identité de
l'individu dans les grands bouleversements de l'Amérique de
l'après-guerre, où tout est équivoque et rien n'est sans mélange, car la
tache " est en chacun, inhérente, à demeure, constitutive, elle qui
préexiste à la désobéissance, qui englobe la désobéissance, défie toute
explication, toute compréhension. C'est pourquoi laver cette souillure
n'est
qu'une plaisanterie de barbare et le fantasme de pureté terrifiant ".
Jour
et nuit, au travail et dans la rue - à trente-trois ans d'âge, et il
rôde toujours dans les rues, avec les yeux hors de la tête. Un vrai
miracle qu'il n'ait pas été réduit en bouillie par un taxi étant donné
la façon dont il traverse les grandes artères de Manhattan à l'heure du
déjeuner. Trente-trois ans, et toujours à mater et à se monter le
bourrichon sur chaque fille qui croise les jambes en face de lui dans le
métro.
- 1959: "Goodbye, Colombus" (recueil de nouvelles)
- 1962: "Laisser courir"
- 1967: "Quand elle était gentille"
- 1969: "Portnoy et son complexe"
- 1971: "Tricard Dixon et ses copains"
- 1972: "Le sein"
- 1973: "Le grand roman américain"
- 1974: "Ma vie d'homme"
- 1976: "Du côte de Portnoy et autres essais" (essai)
- 1977: "Professeur de désir"
- 1979: "L'écrivain des ombres"
- 1981: "Zuckerman délivré"
- 1983: "La leçon d'anatomie"
- 1985: "L'orgie de Prague"
- 1986: "La contrevie"
- 1988: "Les faits: autobiographie d'un romancier" (mémoires)
- 1990: "Tromperie"
- 1991: "Patrimoine: une histoire vraie" (mémoires)
- 1993: "Opération Shylock: une confession"
- 1995: "Le théâtre de Sabbath"
- 1997: "Pastorale américaine"
- 1998: "J'ai épousé un communiste"
- 2000: "La tache"
- 2001: "La bête qui meurt" et "Parlons travail" (essai)
- 2004: "Le complot contre l'Amérique"
- 2006: "Un homme"
- 2007: "Exit le fantôme"
- 2008: "Indignation"
- 2009: "Le rabaissement"
- 2010: "Némésis"
lundi 21 mai 2018
Corot, le peintre et ses modèles, musée Marmottan jusqu'au 08 juillet 2018
Aujourd’hui universellement célèbre pour ses paysages, Camille Corot fut aussi un immense peintre de figures ; Degas l’estimait d’ailleurs tout particulièrement en ce domaine, soulignant sa modernité. Portraits d’intimes et nus étranges, paysannes romaines et moines absorbés dans la lecture, enfants et modèles d’ateliers, femmes à la mode et hommes en armures, Corot aborda tous les genres avec succès, des toutes petites effigies de ses intimes à ses monumentales figures de fantaisie, dont la Femme à la perle du Louvre est la plus célèbre.
Contemporain aussi bien d’Ingres auquel il rend hommage que de Courbet ou du jeune Manet, auquel il se confronte, Corot, au cours de sa longue carrière, cherche, avec ses figures, à élever un pont entre tradition et modernité.
Riche d’une soixantaine de chefs-d’œuvre provenant des plus importantes collections publiques et privées d’Europe et des États-Unis (musée du Louvre, musée des Beaux-Arts de Lyon, musée d’Art et d’Histoire de Genève, Fondation Collection E.G. Bührle de Zurich, le Metropolitan Museum of Art de New York, la National Gallery of Art de Washington, la collection Thyssen-Bornemisza de Madrid,…), l’exposition organisée par le musée Marmottan Monet entend mettre en lumière cet aspect aussi original que brillant de la production de celui qui fut le premier paysagiste moderne.
jeudi 10 mai 2018
A Willy Ronis

Rue Simon Bolivar. Copyright Willy Ronis 1950
"Cette photo, je l’ai faite en 1950. J’étais là, dans cet escalier, j’attendais quelque chose, parce que je voulais qu’il y ait un peu de monde qui passe. À un moment donné, j’entends une voix de femme derrière moi, qui parlait à son enfant, qu’elle tenait dans ses bras. J’ai attendu qu’elle me dépasse, et miracle, miracle qui arrive quelquefois dans la photographie : quand elle est arrivée en bas, est passé cet attelage étonnant - car même en 1950 il n’y avait plus tellement d’attelages avec des chevaux. Et ce qui est amusant, c’est qu’il y a en même temps cet ouvrier municipal, qui en train de réparer ses feux tricolores, et des femmes qui promènent leurs enfants dans des poussettes derrière. Et puis le petit cordonnier qui parle avec le client. Et le petit chat noir, en bas de l’escalier. C'est une photo pleines d'histoires." Willy Ronis

"Cette photo, je l’ai faite en 2007. J’étais là, dans cet escalier assis sur les marches de cette photo célèbre de Willy Ronis. j’attendais quelque chose, parce que je voulais qu’il y ait au moins une personne qui passe. À un moment donné, quelqu'un est descendu derrière moi en sifflotant. Quand elle est arrivée en bas, j’ai imaginé que cette personne qui sifflotait était l'un des enfants que cette maman portait dans ses bras. Ce qui est amusant, c’est que depuis 1950 les ouvriers de la voirie n’ont pas refait la chaussée. Le feu tricolore nous tire une gracieuse révérence. Le cordonnier à fermé ses portes et le petit chat est mort. E A sa manière c’est aussi une photo pleine d’histoires !" Christian Solans
mardi 1 mai 2018
Images en lutte. Palais des Beaux-arts jusqu'au 20 mai
Un demi-siècle après les événements de Mai, la France s'apprête à
revenir sur la période, pour la commémorer et en fêter les aspects
positifs pour les uns, pour en fustiger les débordements et les effets
néfastes pour d'autres. L'exposition "Affiches en lutte" propose de
redécouvrir cette iconographie là-même où elle fut conçue, aux
Beaux-Arts de Paris. Une œuvre qui se voulait éphémère et qui s'est
quand même inscrite dans l'histoire de ce mois de mai festif et
revendicatif.
Images en lutte. La culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974).
Palais des Beaux-Arts, 13, quai Malaquais, Paris 6e. Du mardi au
dimanche de 13 heures à 19 heures. Entrée 4 € et 7,50 €. Jusqu’au 20
mai.
Le Mucem à Marseille présente sur le même thème :
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