Il est rare que dans ces pages je me laisse aller à évoquer une série. Je dois être hors du temps. Je ne suis pas assez addict au point de tout regarder et surtout de tout apprécier. Bien des séries, parfois ô combien populaires, me laissent de marbre et m’insupportent tant les qualités cinématographiques et scénaristiques sont des plus médiocres et des plus pitoyables. La seule série à avoir trouvé grâce à mes yeux à ce jour reste "Un village français" tant sur le plan de la reconstitution historique que du scénario qui évite tout manichéisme.
Avec,il est vrai un peu de retard, je me suis laissé tenter par la thématique d'une série, une "gangster-épopée" au plus près de la rue, dotée De personnages solides, habités de rêves de grandeur, les pieds campés dans les flaques des bas-quartiers.
"PEAKY BLINDERS" est librement inspirée de l'histoire d'un gang qui apparait dans les rues de Birmingham dans les années 1890, soit près de trente ans avant l'époque où se déroule la série.
Propulsée en quelques décennies au rang de deuxième cité d'Angleterre et de capitale industrielle, Birmingham battait à la fin du XIXe siècle tous les records de mortalité, d'alcoolisme, de jeu, de violences, d'agressions contre les policiers. Cinquante-huit pour cent des habitants y vivaient sous le seuil de la pauvreté. Les terrace houses (cités ouvrières) donnent une vision assez fidèle des conditions apocalyptiques dans lesquelles vivait ce prolétariat urbain, entassé dans des taudis en centre-ville, à proximité des usines, dans un air irrespirable.
© Tiger Aspect
Propulsée en quelques décennies au rang de deuxième cité d'Angleterre et de capitale industrielle, Birmingham battait à la fin du XIXe siècle tous les records de mortalité, d'alcoolisme, de jeu, de violences, d'agressions contre les policiers. Cinquante-huit pour cent des habitants y vivaient sous le seuil de la pauvreté. Les terrace houses (cités ouvrières) donnent une vision assez fidèle des conditions apocalyptiques dans lesquelles vivait ce prolétariat urbain, entassé dans des taudis en centre-ville, à proximité des usines, dans un air irrespirable.
Sur le plan vestimentaire, le Peaky Blinder se rapproche du hooligan dont le journal Daily Graphic donne en 1900 la description suivante : "Tous portent un drôle de cache-col autour du cou, une casquette ramenée de façon désinvolte sur le devant de la tête couvrant bien le regard, et des pantalons très étroits au genou et très évasés sur les pieds. L'élément le plus caractéristique de leur uniforme est la large ceinture de cuir avec une boucle de métal. Ce n'est pas très décoratif, mais il est vrai que ce n'est pas fait pour cela."
© Tiger Aspect
Les Peaky Blinders (littéralement "visières aveuglantes") ne se distinguaient du voyou victorien que par une coquetterie au niveau de la casquette. Pour le sociologue anglais Alfred Chinn, le gang tire son nom des peakys, nom que l'on donnait aux casquettes à visière de l'époque. Pour d'autres (comme on le voit dans la série), cette appellation tenait au fait que des lames de rasoir, des pièces cassées ou des morceaux d'ardoise étaient cousus dans la visière, laquelle servait à sabrer le front d'un adversaire, l'aveugler momentanément par le sang versé et le rouer de coups. En tout état de cause, il ne faisait pas bon croiser un membre de cette confrérie, rendue fameuse aussi par ses jets de bouteille en pleine figure et ses coups de ceinture à boucle métallique.
Une jeunesse pauvre contre l'ordre établi
Les Peaky Blinders ne tiraient pas leur fierté de leur force, mais de leur habileté à anéantir un adversaire et à le voler. Ils se montraient aussi d'une grande loyauté envers leur famille et leur mum, et mettait un point d'honneur à défendre leur rue.
En fait de crimes, deux d'entre eux ont été condamnés pour avoir volé une bicyclette, un autre pour être entré par effraction chez un drapier, et un autre enfin pour "fausses prétentions"... On est loin de la palette d'exactions auxquelles se prête la famille Shelby dans la série : meurtres, recel d'armes, vols, contrebandes, paris truqués, etc.
En réalité, les Peaky Blinders posaient avant tout problème aux autorités par leur révolte, celle d'une jeunesse pauvre contre l'ordre établi. Ce phénomène national a atteint des proportions plus importantes à Birmingham où, pour l'année 1898, on recense 564 agressions contre des policiers.
En 1899, un nouveau directeur de la police, Charles Haughton Rafter, reconnu pour son action sévère à Dublin, prend la situation en mains et recrute deux cents gros bras supplémentaires venus directement d'Irlande. La série fait allusion à cet épisode à travers le personnage de l'inspecteur Campbell (Sam Neill). Dès le début des années 1900, les Peaky Blinders quitteront la scène. Mais pas pour Steve Knight, qui a imaginé leur retour en 1919, dans une soupe anglaise bien épicée où nos gangsters, revenus de la guerre, côtoient d'autres crapules, des membres de l'IRA, des communistes et des policiers, le tout sous le regard sourcilleux du jeune Winston Churchill.
Dans cette série les références aux grandes fresques mafieuses abondent. Le plan d'un gamin courant dans la rue avec en arrière plan les hautes cheminées d'usine de la cité ouvrière évoque directement Il était une fois en Amérique. Tommy, le chef de meute noie comme Noodles ses traumas dans l'opium. Ce leader-né, contrôlant sa famille, ses frères, sa sœur et prêtant une oreille encore attentive aux conseils de sa tante. Son ascension apparait d'emblée inéluctable et laisse rapidement deviner les tragédies qui en découleront.
Au delà de ces références, Peaky Blinders trouve rapidement son propre style. L'alchimie nous saisit comme une claque. Impossible de ne pas être sensible à une direction artistique impériale, cette photographie de peintre flamand arrosé au whisky pur malt, cette B.O rude enflammée par le Red Right Hand de Nick Cave and the Bad Seed.
A voir absolument.
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