dimanche 27 octobre 2013

Lou Reed




Lou Reed c’était : du cuir, Andy Warhol, le Velvet, Bowie et Berlin, Metallica et Bob Wilson. Une partie de l’art américain des années soixante, star un peu pute et droguée de la Factory warholienne, devenu vieille grenouille à bajoues, mais qui n’avait jamais perdu le goût du borderline.S

Témoin sa dernière œuvre : une musique composée avec le groupe de hard Metallica pour Lulu, la pièce de Wedekind déjà mise en son et en chef-d’œuvre par Alban Berg en 1937. Lui travaillera avec le metteur en scène Bob Wilson, excusez du peu. Lulu, l’histoire d’une prostituée, justement, façon de revenir à la chanson qui avait rendu Reed célèbre en 1972 :Walk on the wild side, qui parle des transsexuels de la Factory.

On disait que Warhol le tripotait dans les coins, qu’il était l’amant de Bowie. Il épousa en 2008 sa compagne, la musicienne expérimentale Laurie Anderson. C’est elle qui déclarait en mai dernier qu’une greffe du foie l’avait sauvé. On peut toujours espérer. L’annonce de sa mort est tombée aujourd’hui à 13h15 aux Etats-Unis heure locale, sur le site du magazine Rolling Stone.





Lou Reed, c’est donc au départ un artiste pas tout à fait complet, qui est le chanteur du Velvet Underground, groupe mythique fondé avec le compositeur John Cale, un proche des minimalistes comme La Monte Young. L’album The Velvet Underground & Nico sort en 1967. Ils sont une des «créatures» d’Andy Warhol qui les «produit», comme il produit les films de Paul Morrissey. Warhol est un catalyseur, mais aussi un dévoreur. Difficile après cela de mener une carrière solo. Le Velvet en revanche aura une descendance fournie : Sonic Youth et toute la scène noisy des années 80.





C’est David Bowie qui sort Lou Reed de la panade et qui l'aide à atteindre le succès avec Transformer (1972), qu'il produit. Berlin (1973), où les comparses sont allés visiter Neukölln et respirer un peu l’air de la ruine, de la culpabilité et des mondes interlopes, est le premier vrai album solo de Lou Reed. C’est l’époque du best-sellerMoi, Christiane F, droguée, prostituée. Reed incarne au masculin cette autodestruction romantique, mais chaussé de lunettes noires et de métal bouillant. Dès le début, en 1964, il avait composé Heroin, hymne lancinant à la mort lente.



La suite est moins iconique. Ses albums sentent moins le soufre. En 1975, le double vinyle Metal Machine music déchire cependant volontiers les oreilles avec plus d'une heure de larsen. On le retrouve en 1990 avec Songs for Drella, un dernier hommage à Andy Warhol, composé avec son vieux complice John Cale. Il avait donné des concerts jusqu’en 2011, avec toujours un extrême succès et des millions de fans restés scotchés à Berlin.


 source Libération.fr




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