Le Belmondo Quintet est de retour après dix ans et met à l’honneur quatre légendes du jazz, dont les noms transposés en notes de musiques, ont inspiré les thèmes de compositions originales et entraînantes.
Wayne
Shorter, Yusef Lateef, Woody Shaw et Bill Evans, figures tutélaires du
groupe, deviennent ainsi, chacun dans son genre, une succession de notes
brodées tantôt en motifs métronomiques, tantôt en mélodies
enthousiasmantes.
Ce
procédé, initié par Bach dans l’Art de la Fugue et repris ici par
Lionel Belmondo, transforme par exemple le prénom Wayne en si – la – ré –
sol – mi, suite musicale que l’on retrouve à la trompette dans le titre
« Wayne’s Words ».
A la manière de
l’Oulipo, qui par le truchement d’astuces inventives explorait les
nouvelles potentialités du langage et se distinguait par un style
innovant, la correspondance entre les lettres et les notes sert donc de
méthode de base pour les quatre titres-hommages.
Le
résultat est très hétérogène avec une cadence parfois lancinante,
hypnotique presque, sur laquelle viennent se greffer des éléments
primesautiers et légers, comme une envolée inattendue.
En larmes, nous sommes passés au large
de la Nouvelle Orléans sans entendre le moindre son de guitare ni
voir la côte avec les jumelles de la passerelle et atteint Mobile
que je n'ai pas vu non plus étant de service à bord. En calculant
bien j'aurais été de service au moins deux jours à la Nouvelle
Orléans. J'avoue que je préférais que ce soit à Mobile plutôt
plutôt qu'à « Big Easy ». Nounours pliait toujours ses
billets en dépit de son état de santé déplorable au vu de son
carnet de santé personnel. Toutes les maladies vénériennes s'y
alignaient avec un nombre de croix incalculables. Un truc à crever
comme un de ses concurrents qui, dans l'Océan Indien, s'était
effondré sur le pont à Aden en proie, après diagnostic, à une
méningite gonococcique. Le genre de concours imbécile auquel je
n'ai jamais pris part, donc rien attrapé, en pratiquement deux ans à
bord. Nounours seul en tête avait un talent de gagneur, tandis qu'un
autre, dont le nom m'échappe, pleurait à chaude larmes depuis deux
ans au départ de chaque étape pour n'avoir rien vu puisque il était
bourré dès le premier bar à chaque escale. Un tour du monde des
bistrots et une mort assurée à l'éthanol. Paix à leurs âmes.
Quoi qu'il en soit, de service j'ai
assuré la visite du bord autorisée aux nombreux habitants de Mobile
venus au port voir l'aviso français. Propre comme un sou neuf, j'ai fait le service sans un mot d'anglais. A l'italienne. Le clou de
la journée fut une visite de deux écolières, dont une
pratiquait un peu le français, et leurs parents. Ce fut un moment
très agréable avec des gens bien plus au fait de la culture française
que je ne pouvais l'être. Notre poste équipage bien nettoyé fut
visité puisque Nounours n'était pas là. Même Gordini fit une
apparition. Je ne vous ai pas parlé de mon pôte Gordini ?
C'est un tord. Je l'ai fréquenté un sacré bout de temps.
En plus des 140 hommes d'équipage,
nous avions à bord une colonie de cafards bien plus nombreuse. On
s'y habitue. On vit avec. Il fallait tout mettre sous plastique afin de
protéger au mieux ses vêtements de leurs déjections. Une collection
de papillons sous verres fut ruinée par leurs dents acérées et
leur appétit vorace. Quelques journées de désinfection intense
pour nous en débarrasser et des seaux de cadavres à virer. Une
journée à la plage tandis que le poste irrespirable était livré
aux désinfectants supers puissants avant que la ventilo ne le rende
l'air plus respirable. Je rassure tout le monde aucun personnel de
bord n'en est mort. Du moins pas encore à ma connaissance.
Gordini fut baptisé ainsi le jour ou
je l'ai peint en bleu avec deux bandes blanches. On le voyait
apparaître de temps à autre telle une voiture de courses. Je ne
sais comment il s'est débrouillé mais il à échappé à toutes les
phases d'exterminations jusqu'à Lorient.
Enfin ce jour de visite il est apparu,
ce qui le premier moment de stupeur passé et mes explications
données fit rire toute la famille qui prit le soin de quitter le
poste équipage fissa.
Le soir je fus appelé à la coupée.
Les jeunes filles m'y attendaient avec un gâteau à la cannelle fait
maison. Désireuses de m'inviter chez elles avec leurs parents,j'en
fis la demande à l'officier de service qui me refusa l'autorisation.
Je restais avec mon gâteau et vis disparaître les fleurs d'Alabama.
J'ai partagé mon gâteau en écoutant
une cassette de funk new Orléans qu'un pote eut l'obligeance de
m'acheter. J'ai laissé quelques miettes pour Gordini. Un pote je vous dit.
Et voilà Mexico une mégalopole de 30 millions d'habitants ,
ville musée, belle et assoupie d’une part, moderne et vivante
d’autre part, riche de parcs et de jardins, de petites places
paisibles, de rues et marchés animés. L’atmosphère y est
élégante dans ses cantinas, business center et monastères
plusieurs fois centenaires, dancings rétro et clubs électro. Autant
de contrastes qui définissent la Gigante Ciudad de México comme un
concert de cultures, de traditions et de modernité.
Une ville qui ne connait pas de juste milieu et offre le
pire comme le meilleur. Pour le meilleur sa riche vie culturelle, ses
musées, ses nombreux théâtres qui offrent ballets, opéras et
concerts de classe mondiale, passant de la Marimba à Mozart. Pour le
pire sa pollution et son insécurité, on y entre inquiet et on la
quitte émerveillé…
Vous vous doutez qu'entre le pire et le meilleur nombreux sont
ceux qui ont choisi le pire. Nounours faisait de multiples
conversions pour s'adapter aux tarifs locaux de la prostitution et
pliait consciencieusement ses billets afin de ne pas être pris au
dépourvu. Je réservais mes deniers pour la Nouvelle Orléans afin
de me gorger de musique.
Cela ne m'a pas empêcher d'aller flâner les zones touristiques
et d'y faire l'acquisition d'une splendide veste en laine en
prévision des frimas à venir dans la métropole,une veste que Starsky m'a gagné au jeu en trichant.
Une veste en daim
à franges identique à celle de John Voight dans Macadam cowboy, de
quoi passer pour un con et un flambeur dans la banlieue ouvrière
devenue la Seine Saint Denis en 1968.
Bien entendu les sombreros firent florès à bord. Une armada de
zapatistes d’opérette. Mon fils à toujours celui que je lui ai
laissé sans avoir jamais osé le brûler par respect pour son père.
J'en suis ému car il bouffe une place grande comme un lustre sans
jamais briller. La veste à franges d'accord, passe encore, mais
coiffé d'un sombrero on est vite repéré à Bobigny.
« Un Mexicain basané/Est allongé
sur le sol/Le sombrero sur le nez/En guise, en guise, en guise, en
guise, en guise, en guise de parasol » Comme le chante
Marcel Amont je vais peut être lui conseiller de s'en servir comme
parasol pour manger sur sa terrasse en Seine et Marne.
Bref. A l'époque je ne m'en souciais
guère en dégustant la bière locale. Il me fallait digérer le coup
de la Jeanne d'Arc.
Est
il besoin de présenter la Jeanne
d'Arc, ce porte hélicoptères Ambassadeur
de la France autour du monde, la « Jeanne » a reçu et
formé au cours de ses 45 campagnes d'application, des milliers
d'officiers de Marine et des différents corps d'officiers de la
Marine (commissaires, médecins, administrateurs des affaires
maritimes). Ce fut un moule unique où se forgèrent les caractères,
où les élèves de l'Ecole navale passaient du statut d'étudiant à
celui de marin, s'engageant pour la première fois dans les postes de
responsabilité et de compétences techniques qui allaient être les
leurs tout au long de leur carrière militaire.
Que
du lourd quoi ! De quoi les détester. Encore plus lorsque ce
bâtiment école à détrôner l'aviso escorteur E.V Henry et prit sa
place pour une meilleure représentativité nationale à la Nouvelle
Orléans. Je l'avais amère. Je n'étais pas le seul. Nous devrions
nous contenter d'une escale à Mobile en Alabama,
située sur le fleuve Mobile, plus grande municipalité de la côte
du golfe du Mexique entre La Nouvelle-Orléans en Louisiane et St.
Petersburg en Floride.
Et nous voilà prêt à quitter le Pacifique pour l'Atlantique.
Traverser l'isthme de Panama par le canal homonyme long de 77 km et
son jeu d'écluses passées tout en étant guidé par par les mulas (
(les mules, utilisés traditionnellement pour tirer les barges)
sortent de trains à crémaillères.
Nous glissons sous l'arc métallique du pont des Amériques,
unique pont routier de la Panamérican qui relie les deux continents
américains depuis 1962, avant la construction du pont du Centenaire
en 2004.
Tout le monde est sur le pont afin d'admirer au fil de cette
journée l'un des projets d’ingénierie les plus difficiles jamais
entrepris. Son influence sur le commerce maritime a été
considérable, puisque les navires n’ont plus eu besoin de faire
route par le cap Horn et le passage de Drake.
Il faut suffisamment de mules pour pouvoir déplacer le navire
latéralement. Sur les plus gros, il faut deux mules à l'avant
et à l'arrière, soit huit mules au total. Les mules ne servent pas
à faire avancer les navires, mais uniquement à les guider
latéralement. La marge de manœuvre est de l'ordre de 60 cm de
chaque côté, ce qui demande un grand savoir-faire de la part des
conducteurs.
Chaque année, il est emprunté par plus de 14 000 navires
transportant plus de 203 millions de tonnes de cargaison.
Au fil des heures que dura cette morne et lente traversée du
Canal la monotonie nous gagna même si chacun attendait de voir les
flots de l'Atlantique qui nous conduirait à la maison.
Une escale côté atlantique pour une nuit, copie conforme de
celle passée côté Pacifique où Nounours plia les billets qu'il
lui restait et le festival gonococcique qui s'ensuivit en dépit des
avertissements du personnel médical de bord.
Les projets à venir alimentaient bien des conversations alors que
nous voguions en mer des Antilles en direction du golfe du Mexique
vers Mexico.
Pour ma part j'étais excité, au point d'avoir fait
l'acquisition d'un mini guide sur cette ville, de passer quelques
jours à La Nouvelle-Orléans cette ville de Louisiane située sur
les rives du Mississippi. Surnommée "Big Easy",
réputée pour sa vie nocturne, ses concerts de musique et sa cuisine
épicée et singulière reflétant le brassage des cultures
française, africaine et américaine. Arpenter Bourbon street, Royal
street, Frenchmen Street , le vieux quartier français, me
gaver de musique et faire l'acquisition de quelques pépites
musicales.
Un gars du bord qui avait eu la chance de s'y rendre nous confia qu'une traversée de ces quartiers en zig zag, non pas suite à un excès de boisson, mais le chant des sirènes qui émanait de chaque bar et club où d'illustres inconnus jouaient une musique divine bénie des dieux.
Je n'étais pas encore un grand fan du blues du Delta, mais depuis longtemps amoureux de la soul et du funk.
Depuis la fin des années 50 des petits génies s’agitaient du côté de la Nouvelle orléans, et que ce rythme alterné, décalé sur lui-même,
s’appelait aussi le funk, que j’allais entendre par une autre
source : le rythme and blues, vers la fin des années 60. j'étais prêt à tout écouter.
La tête m'en tournait d'avance. On à le droit de rêver. En attendant je fumais sur l'eau.