jeudi 29 juillet 2021

Jean-François Stévenin 1944-2021

 

Par Samuel Douhaire Télérama

     Jean-François Stévenin, mort le 27 juillet à 77 ans des suites d’une longue maladie, c’était avant tout une gueule : un mélange improbable de Jack Nicholson et de Bozo le clown, qui avait fait de lui un des seconds rôles les plus populaires du cinéma français, dans les films d’auteur les plus pointus comme dans les superproductions du type La Révolution française (1989) ou Le Pacte des loups (2001) – on le retrouvera le 20 octobre à l’affiche d’Illusions perdues, l’adaptation par Xavier Giannoli du roman de Balzac. Mais l’acteur autodidacte, patriarche débonnaire d’une lignée de comédiens (sa fille Salomé et ses trois fils Sagamore, Robinson et Pierre ont également attrapé le virus), était aussi, et surtout, un cinéaste singulier. Une sorte de John Cassavetes français, qui ne put tourner que trois films – mais quels films, d’une audace narrative et formelle rare…

    Fils d’une institutrice et d’un ingénieur des travaux publics, Jean-François Stévenin grandit dans le Jura, une campagne et une montagne qu’il filmera ensuite comme personne dans Passe-montagne (1978) et auxquelles il restera fidèle jusqu’à sa mort – il y possédait « une fermette remplie de courants d’air » qu’il appelait son « ranch ». Inscrit à HEC, il passe plus de temps dans les salles de cinéma qu’à étudier le commerce. Mais c’est lors d’un stage à Cuba que naît véritablement sa vocation : désœuvré, il profite de son temps libre pour suivre les cours de l’Institut cubain de l’art et de l’industrie cinématographiques à La Havane et, grâce à un piston d’un cousin de Che Guevara, décroche un stage sur un tournage en pleine jungle.

    De retour à Paris, il se retrouve par hasard assistant sur le plateau de La Chamade d’Alain Cavalier, aux côtés de Catherine Deneuve et de Michel Piccoli, en plein Mai 68. Il découvre aussitôt après une manière beaucoup plus aventureuse de faire du cinéma avec Jacques Rozier et Jacques Rivette. Sur le tournage d’Out 1 : Noli me tangere, le film monstre de douze heures quarante entièrement improvisé de Rivette et de Suzanne Schiffman, Juliet Berto suggère que cet assistant qui « ressemble à Brando » joue le rôle d’une petite frappe inspirée par le personnage de motard qui révéla la star américaine dans L’Équipée sauvage. Résultat : Stévenin, très Actors Studio sur ce coup-là, colle une baffe monumentale à l’actrice dans une scène au café – l’empoignade avec sa partenaire qui s’ensuit n’a, elle non plus, rien de chiqué…

 

    Son premier rôle marquant sera dans L’Argent de poche, de François Truffaut (1976), où son interprétation d’un instituteur si humain touche au cœur. Peu de temps après, il se lance dans l’aventure de sa première réalisation. Dans Passe-montagne (1978), un architecte tombe en panne de voiture en plein Jura et se lie d’amitié avec un garagiste bizarre qui va lui faire découvrir les mystères et les drôles de loustics du coin. Après cet étonnant western campagnard aussi concret que poétique suivra Double messieurs (1986), nouveau récit buissonnier, sur les hauteurs de Grenoble cette fois, où deux copains d’enfance (Stévenin lui-même et Yves Afonso) partent à la recherche de leur ancien souffre-douleur du temps des colonies de vacances.

    Puis, après seize ans d’attente, Mischka (2002), un road-movie picaresque flirtant avec le fantastique social, où un papy abandonné sur une aire d’autoroute est pris en charge par un infirmier azimuté, une adolescente et une Gitane rockeuse. Ce film, aussi libre que les deux premiers, il l’a tourné en chef de clan, avec sa femme Claire et ses enfants Salomé et Robinson devant la caméra, et son équipe technique (monteuses, ingénieurs du son) invitée à passer six mois dans sa maison de Meudon (Hauts-de-Seine) transformée pour l’occasion en « camp de Gitans ».

    Jean-François Stévenin a longtemps rêvé de porter à l’écran l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline. Le projet d’adapter D’un château l’autre et Nord ne put aboutir, mais lui permit de rencontrer Lucette Destouches, la veuve de l’écrivain qui deviendra sa voisine, son amie, sa « mère adoptive ». Dans les années 2010, il écrit pendant trois ans le scénario d’Une fée dans le rétro, « l’histoire d’un bruiteur de cinéma qui fait un voyage avec Lucette et qui rêvasse », dans laquelle il parvient à glisser des extraits de Nord. Son fils Robinson accepte de jouer le rôle principal, avant de renoncer. « Je pense que c’était trop lourd pour lui. Il n’a pas eu envie d’endosser la vie de son père ».

    En 2020, le cinéaste Laurent Achard avait consacré un beau documentaire à son collègue, joliment intitulé Jean-François Stévenin, simple messieurs et diffusé à l’époque sur la chaîne Ciné+ Club. L’acteur-réalisateur y apparaissait comme on l’aimait, d’une humanité généreuse, bon vivant, cabotin juste comme il faut, jamais avare d’une anecdote ou d’une imitation (il était très fort pour reproduire les expressions et les mimiques de Godard ou de Johnny, son idole). Il s’exclamait aussi : « C’est pas une belle vie tout ça ?"


samedi 17 juillet 2021

24ème SALON APROART, Aubusson 14 juillet - 25 août

 


 

   Depuis 24 ans APROART présente un Salon éclectique dévoilant des artistes d’horizons et courants artistiques divers. Les salons précédents ont permis de confirmer la bonne tenue de cette manifestation qui fait côtoyer dans l’harmonie des artistes de renom et des artistes en devenir. L’édition 2021 présente 25 artistes, peintres, sculpteurs et photographes.
Tous les ans, les artistes exposent une douzaine d’œuvres chacun afin de s’immerger dans leur univers. Au total, l’exposition
présente 250 tableaux et sculptures.



2A Espace Julien Berger Rue de Beauze
23200  Aubusson

Tous les jours de 14h à 19h. Accès gratuit .

samedi 10 juillet 2021

Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme, Jusqu'au 24 octobre, la Ferme Ornée; Yerres.

 

                                                    Albert André, la femme aux paons. 1895

 Paul Durand-Ruel, né le à Paris où il est mort le , est un marchand d'art français. Il a été un entrepreneur exceptionnel, promouvant les artistes issus de l'École de Barbizon et du mouvement impressionniste et établissant un réseau de galeries à Paris, Londres, Bruxelles et New York, y organisant de nombreuses expositions.

 Durant sa carrière, Paul Durand-Ruel aura vendu 12 000 tableaux, dont 1 500 Renoir, 1 000 Monet, 800 Pissarro, 400 Degas, 400 Sisley, 400 Cassatt, 200 Manet. Il meurt en 1922 dans son appartement de la rue de Rome. Quant à sa collection personnelle, elle eut tellement de succès que, en 1901, on ne visitait plus que sur rendez-vous, le mardi entre 14 heures et 16 heures, jour de fermeture des musées — où était enfin entrée la peinture impressionniste.

 

                                                       Gustave loiseau, le pont suspendu. 1917

 

L’exposition permettra de dégager les proximités stylistiques de peintres de la « troisième  génération Durand-Ruel ». Trois d’entre eux  -  Henry Moret, Maxime Maufra et Gustave Loiseau - sont des paysagistes et des marinistes, qui s’inscrivent dans le sillage de l’impressionnisme, tout en lui apportant de notables inflexions. Henry Moret et Maxime Maufra, en particulier, ont participé, à la fin des années 1880, à l’aventure de Pont-Aven, aux  côtés de Paul Gauguin et du groupe synthétiste. Les deux autres – Georges d’Espagnat et Albert André – s’inscrivent davantage en rupture avec l’esthétique impressionniste, préférant au paysage les scènes de genre et la peinture décorative.

 

                                            Georges d'Espagnat la gare de banlieue. 1896

 

Enfin, ce sera l’occasion de découvrir, à travers un catalogue très documenté, les relations professionnelles mais aussi amicales qui unissaient ces peintres entre eux et avec leur marchand.

 


Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme
19 mai 2021 - 24 octobre 2021
A La Ferme Ornée
  2 rue de Concy
91330 Yerres

 

samedi 3 juillet 2021

A Marseille (2)

 

                                                              Sur le vieux port
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                                                  Depuis Notre dame de la garde




                                                            Le bar de la Marine