vendredi 29 janvier 2016

Les raisons de la colère, Cie le Chat Perplexe, Aubusson

            Images captées lors de la première le jeudi 28 janvier à la salle Jean Lurça à Aubusson









"Aujourd'hui, nous avons parfois le sentiment que le monde marche sur la tête !
L'obscurantisme, le racisme, les extrémismes…
La toute-puissance du monde de la finance…
Le pillage des ressources, la hausse des inégalités…
Le sentiment qu'on a su mais qu'on ne sait plus…
Cette fois, c'est décidé, ce monde, on va le changer !
Ca va nous prendre un peu de temps… Environ 2500 ans.
Dans 2500 ans, des géants convoiteront de croquer le soleil et la lune…
Des tisseuses, animaux à mille z'yeux, veilleront farouchement sur l'unique jardin…
Sur une planète asséchée, seuls subsisteront quelques peuples, en guerre perpétuelle…
Des grenouilles, détentrices de l'unique source, leur diront « à côa croire »…
Et ce monde tournera, encore et encore, au rythme des géants, jusqu'au jour où…
Un enfant, petit grain de sable, va croquer la graine de la révolte !"





















séances de rattrapage en duo (guitare/basse/sampler et chant), vendredi 5 février, 19h30, Bourganeuf.
samedi 6 février, 19h30, St Sulpice les champs.

mercredi 27 janvier 2016

La maison du tapissier à Aubusson



Cette oeuvre d'Isabelle Arth, tissée par le maître lissier Jacques Moutarde en 2011-2012, appartient à la collection municipale d'Aubusson.


"Il est une maison à Aubusson qui perpétue la tradition séculaire d'Aubusson. Un espace à l'architecture préservée, qui présente en façade une jolie tour en encorbellement et qui permet une belle découverte de la tapisserie.

À travers six salles agrémentées de mobilier ancien, de cartons de tapisserie, de mobilier tissé, d’œuvres anciennes et modernes, le visiteur perce les secrets d'une histoire longue de six siècles.

Dans cette demeure appelée Maison du Tapissier, tout est pensé pour que le visiteur se plonge dans l'univers d'un artisan lissier : des objets de la vie quotidienne, des bobines de laine aux couleurs chatoyantes en passant par la reconstitution de la chambre à coucher, de la salle à manger, où les propriétaires des lieux semblent être encore présents

Le savoir-faire des lissiers aubussonnais est valorisé grâce à la reconstitution fidèle d'un atelier de tissage. Là, avec patience et humilité les personnes au travail expliquent la technique d'Aubusson, parlent de leur travail avec passion et n'hésitent pas à installer les enfants les plus curieux sur le métier.

Les tapisseries tissées dans l'atelier de la Maison du tapissier sont destinées à enrichir la collection municipale, elles sont ainsi montrées au plus grand nombre et permettent de mettre en place des expositions en dehors d'Aubusson."(source La Montagne)










                                     La lissière municipale et son maître lissier Jacques Moutarde








vendredi 22 janvier 2016

Les raisons de la colère, Cie le Chat Perplexe, 28 janvier Aubusson



"Epopée rock qui souffle la révolte !

De quoi seront faites les histoires de demain ? De ce que l’on vit aujourd’hui. Qu’est ce qui deviendra conte, légende, mythologie dans 200 ans, dans 2 000 ans, dans 3 500 ans ? Lucie Catsu aime naviguer dans des histoires qui nous amènent dans des recoins insolites. Vlad, chanteur rock ne mâche pas ses mots : avec humour et dérision, il porte un regard aiguisé sur le monde d’aujourd’hui. Avec ce spectacle, ils ont envie d’associer leurs réflexions d’artistes, de confronter leurs différences et leurs points communs pour explorer un chemin nouveau…"




spectacle musical  en Quintet (guitare/basse, batterie, accordéon, clarinette, chant)jeudi 28 janvier 19h30, Centre Culturel Jean Lurça, Aubusson.
  En duo (guitare/basse/sampler et chant), vendredi 5 février, 19h30, Bourganeuf.
samedi 6 février, 19h30, St Sulpice les champs.
 



mercredi 20 janvier 2016

Bonjour tristesse



L'année 2016 commence mal. Tout le monde disparait.
Un type vient de m’annoncer le décès de ma sœur Françoise. Anéanti par la nouvelle, je suis resté sans voix, puis me suis laissé aller au chagrin. J’ai eu beaucoup de peine à l’annonce de cette disparition soudaine avant qu'une bonne âme ne me ramène à la brutale réalité : « Tu n’as jamais eu de sœur.» Raison de plus pour en souffrir doublement. Je me suis acheté une perruque question de voir à quoi pouvait bien ressembler cette sœur que je n’avais jamais connu. J’ai pris la pose devant la glace. Je suis resté stupéfait : la ressemblance avec ma sœur était frappante. On dirait moi avec une perruque. Mon coude sur le genou, j’ai reposé mon menton sur la paume de ma main droite, les doigts le long de ma joue terminée par une cigarette de tabac blond tenue nonchalamment entre l’index et le majeur. Ma sœur était belle, quoiqu’un rien mélancolique, l’opale de son visage brouillée dans les volutes de fumée bleue à moins que ce ne soit dans mes yeux brouillés de larmes. Ma soeur avait des airs de Françoise Sagan. Françoise Sagan avec une barbe. Et je dois admettre que la barbe lui allait bien.
Sagan. La Sagan. Celle de tous les excès, des soirées chez Régine et Castel, de l’argent facile des voitures de luxe et de l’Aston Martin qu’elle a crashé avant de me la prêter. Je la regarde droit dans les yeux. Pourquoi m’avoir caché si longtemps qu’elle était ma sœur ? Nous aurions pu faire un beau bout de chemin ensemble, elle sur le devant de la scène et moi l’homme de l’ombre. Ce que j’ai toujours été en fait.
Puis qu'est ce que je vais mettre pour la cérémonie ? Mon Chanel est chez le teinturier. C'est bien ma veine. Fait chier, ma soeur. Toujours à me pourrir la vie.

mercredi 13 janvier 2016

La machine à laver



L’annonce fut quelque peu brutale : « La machine à laver ne marche plus ! » J’ai hésité à enfiler un slip propre. « Et hier ? – Ben, elle marchait » Comme tout le monde je suis descendu voir le lave linge. Nous fûmes quatre à constater que le voyant lumineux vert était allumé mais que rien d’autre ne se passait. « Tu as ouvert l’eau ? - Tu me mets le doute » fit l’une en activant en tout sens le robinet d’arrivée d’eau. « Dans quel sens c’est ouvert ? – En tournant par-là. – Par où ? – Par-là. – Comment ? – Allez, donne-moi ça ! s’énerva l’autre sur le robinet. Par-là, c’est ouvert ! Par-là, c’est fermé. Là c’est ouvert. » Evident. Donc c’est ouvert, le voyant vert était au vert et rien ne fonctionnait. « Et tu me dis, qu’hier, elle marchait ? – Ben oui puisque j’ai fait une lessive de couleur. Même que j’ai lavé ton petit haut rose. – Oui, c’est vrai. Et tu n’as rien entendu de suspect ? – Que veux-tu que j’entende ? – Je sais pas, des bruits suspects, des trucs bizarres, des machins pas clair. - Comme si j’avais que ça à faire d’écouter les trucs et les machins pas clair de la machine à laver ! » Alors on a vidé le linge. Débranché la machine. Coupé l’eau. Rebranché la machine. Rouvert l’eau. Remis le linge. Et toujours le même résultat navrant : rien. « Elle a quel âge ? – Sept ans. – Ah ! »Une interjection lâchée avec lassitude, non sans une certaine sollicitude et beaucoup de regret. Instinctivement j’ai tiré les mains de mes poches et les ai jointes devant moi, tête basse, comme je me recueillerai devant un cadavre. Sept ans, un bel âge tout de même pour une machine à laver le linge. L’équivalent de 21 ans pour un cheval, 45 ans pour un chat, 48 pour un chien et 84 ans pour un lapin. Une machine à laver les lapins de 84 ans selon le même principe que la machine à laver le linge avec tambour inventé par l'américain James King en 1851. Ce n'est qu'au XXè siècle que sortirent les premiers modèles pratiques pour une utilisation domestique comme la Speed de 1925. 84 ans : c’était donc elle. Pourtant, je dois bien reconnaître qu’elle ne faisait pas son âge l’antique. Respect donc. J’ai écrasé une larme d’un pouce tremblant. Pupuce, bien plus prompte à réagir face à l’adversité que je ne pourrais le faire, à décrocher derechef le combine téléphonique. Mais question Contrat de Confiance, rien avant Limoges. Et Limoges c’est loin. 92 kilomètres. Au tarif du déplacement, autant en commander une flambant neuve. Alors, nous nous sommes retranché sur un marchand d’électroménagers plus proche. On ne peut pas dire qu’il nous a ménagé, le Al Capone de la réparation avec son tarif daté comme la machine à laver de l’ère de la Prohibition. Et tout ça pour s’entendre dire qu’elle était morte. Cte blague……
Rosiane a décroché le téléphone en disant « J’appelle Pascal ! » en me regardant tel un incapable. Faut dire que Pascal c’est un peu notre Mick Giver à nous, un Mick Giver croisé avec John Rambo. Un homme qui vous débite un stère de bois plus vite que son ombre avant le petit déjeuner et vous répare une machine à laver dans la foulée. Et avec Pascal, vous vous retrouvez soit propriétaire d’une laverie automatique flambant neuve, soit vous êtes condamnés au lavoir avec votre baquet de slips sales une planche à laver, une brosse en chiendent et un savon de Marseille à se les décrasser à l’eau froide en chantant « les lavandières du Portugal ». Pascal lit dans les cartes. Il va peut-être nous faire les tarots. En attendant il a sortit un joker de sa manche : la carte de commande du lave linge qu’il fallait peut-être juste changer. «Ah bon ! et où est-ce qu’elle se tient la carte de commande ? – En bas, caché avec une notice que même les réparateurs ils le savent mais te le disent pas. Les salauds. La carte de commande du lave linge, pour ceux à qui cela ne dit rien ou qui sont comme moi restés éternellement jeunes, ça ressemble à une base ennemi vue du ciel prête à être bombardée par des B17 américains. « Objectif atteint. Le lave linge est hors d’usage ! Je répète, le lave linge est hors d’usage. Nous rentrons à la base." La carte a été trouvée, retirée, commandée, livrée. Quatre verbes : trois semaines de délais. But et la conjugaison ça fait deux. Et pendant ce temps là je vous laisse imaginer la pile de linge. Et qu’est-ce qu’ils font du linge sale ? vous vous dites horrifiés. Ben on le porte. On le porte sur soi ou chez la voisine pour faire des lessives. Alors imaginez notre joie lorsque la carte de commande du lave linge a été déballée comme un cadeau de Noël. On a coupé le courant. On a coupé l’eau. Basculé le lave linge. Attention à mon dos, attention à vos pieds. Le bleu, avec le bleu. Le vert avec le vert. Le jaune avec le jaune. Le blanc avec le blanc. On a redressé le lave linge. Attention à mon dos, attention à vos pieds. On a remis l’eau et le courant. Et rien. L’annonce fut quelque peu brutale : « La machine à laver ne marche pas ! On était blêmes. Le voyant lumineux vert était allumé mais rien d’autre ne se passait. « Tu as ouvert l’eau ? - Tu me mets le doute » fit l’une en activant en tout sens le robinet d’arrivée d’eau. « Dans quel sens c’est ouvert ? – En tournant par-là. – Par ou ? – Par-là. – Comment ? – Allez, donne-moi ça ! s’énerva l’autre sur le robinet. Par-là, c’est ouvert ! Par-là, c’est fermé. Là c’est ouvert. » Evident. Donc c’est ouvert, le voyant vert était au vert et rien ne fonctionnait. Le même schéma, donc, que trois semaines auparavant avec la vieille carte mais cette fois-ci avec une carte neuve. « Et que dis la notice ? – Si le moteur ne tourne toujours pas, changer le moteur. » Les mecs qui écrivent ce genre de conneries se montrent plutôt méfiants. Ils ne signent jamais leurs méfaits sous peine de remplir les cimetières. Entre le déplacement et la carte de commande : 120 euros. On a coupé le courant. On a coupé l’eau. Basculé le lave linge. Attention à mon dos, attention à vos pieds. Débrancher la carte de commande. Rebrancher la carte de commande. Le bleu, avec le bleu. Le vert avec le vert. Le jaune avec le jaune. Le blanc avec le blanc. On a redressé le lave linge. Attention à mon dos, attention à vos pieds. On a remis l’eau et le courant. Et rien.: « La machine à laver ne marche toujours pas ! « Tu es sûr qu’il y a du courant ? – Et le voyant vert, c’est du chocolat mousse ? ». Alors, juste pour voir, j’ai basculé la machine attention à vos pied, je me nique le dos, sans couper l’eau et le courant électrique. Et là, mon corps fut parcouru de spasmes épileptiques suite à la châtaigne que je venais de me prendre. (A suivre…)



Avec le temps, nous avons fini par nous habituer au silence du lave linge. Parfois Rosiane passait près de lui et appuyait sur la mise en marche question de voir s’il ne sortirait pas enfin d’une profonde léthargie. Seul le voyant vert répondait à l’appel. Pour le reste autant shooter dans un cercueil. Nous ne pouvions rester indéfiniment ainsi. Le lave linge de la voisine pouvait lui aussi lâcher d’un coup. A notre époque, tout était possible, même une pandémie de grippe du lave linge. Il nous fallait prendre une décision.
Rosiane a demandé à JP d'intervenir. « Qu’est-ce que tu veux que JP fasse de mieux ? – Il a travaillé dans l’informatique. – Chez Darty ? – Pauv’ type ! »
JP est un voisin retraité. Il avait dans son parcours professionnel effectivement travaillé un peu dans l’informatique au cours des années 70. Pour Rosiane c’est une référence, alors allons-y donc pour JP. Et JP est arrivé. C’était joué d’avance qu’il ne pourrait rien pour ce foutu lave-linge. Pour la peine j’ai été obligé de laisser tomber mon bouquin. C’est pas poli. Il vaut mieux être à deux à ne rien pouvoir faire que de le laisser seul se dépatouiller dans l’inconnu. Il a regardé le lave-linge tandis que nous lui expliquions pour la carte de commande d’où sa visite puisqu’il avait travaillé dans l’informatique. J’ai basculé le lave-linge. Attention vos pieds, je me nique le dos. Et qu’est ce que ça fait deux lascars, respectivement âgé de 70 et 57 ans, à quatre pattes au chevet d’un lave-linge sur le flanc ? Rien de plus que debout mais ça donne l’illusion. C’est ça qui est important dans la vie, c’est de donner l’illusion de faire quelque chose alors que nous ne savons parfaitement que c’est illusoire. Surtout pour moi. Alors nous à quatre pattes, les filles derrière, entourées des deux chiennes et des deux chattes qui se demandent « mais keskispass ?». JP a regardé la carte de commande du lave linge. « A priori rien d’anormal » qu’il a fait. Puis il débranché la carte de commande. Remonté la carte de commande. J’ai redressé le lave-linge, attention vos pieds, j’ai le dos niqué. Résultat : néant. « Je crois que le lave-linge est mort ». Merde, on le savait pas. Enfin, il y était pour rien le JP. Il était venu, il avait vu, il avait fait ce qu’il a pu, il avait pas vaincu. Et nous étions quatre pour constater officiellement le décès. Il était bon pour la déchèterie. En acheter un neuf nous faisait carrément braire. Rosiane quittait définitivement Paris pour la Creuse fin Octobre et à Paris, eh bien un lave-linge elle en avait un. Mais d’août à Octobre sans lave-linge c’est une situation inextricable même avec une voisine bien disposée. Restait à déménager le lave-linge. Heureusement pour nous, JP se rendait en banlieue parisienne début septembre et à donc fait un détour par le Xème arrondissement. Il a fallu juste le descendre et le mettre dans le coffre. On a ouvert le coffre, nous nous sommes placés de chaque coté du lave-linge. Nous l’avons soulevé, descendu et glissé en douceur dans le coffre. Rien de bien compliqué. Un truc tranquille, peinard en moins de dix minutes. Si on avait su on aurait fait ça avant au lieu de se faire chier avec la carte de commande et tout le toutim. Fallait juste faire sept cent kilomètres. Mais qu’importe, l’affaire était réglée. 

lundi 11 janvier 2016

Lazarus - David Bowie





Look up here, I'm in heaven
Regarde là-haut, je suis au Paradis.
I've got scars that can't be seen
J'ai des cicatrices que l'on ne voit pas.
I've got drama, can't be stolen
J'ai traversé de difficiles épreuves. Je me refuse de l'admettre.
Everybody knows me now
Tout le monde me connaît à présent.

Look up here, man, I'm in danger
Regarde là-haut, je suis en danger.
I've got nothing left to lose
Je n'ai plus rien à perdre.
I'm so high, it makes my brain whirl
Je suis si haut que mon cerveau tourbillonne.
Dropped my cell phone down below
J'ai laissé tomber mon téléphone portable en contrebas...
Ain't that just like me ?
Ça me ressemble bien, non ?

By the time I got to New York
Au moment où je suis arrivé à New York,
I was living like a king
je vivais comme un roi,
Then I used up all my money
C'est là que j'ai claqué tout mon argent...
I was looking for your ass
C'est ton cul que je cherchais.

This way or no way
Ce sera ça ou rien.
You know I'll be free
Tu sais que je serai libre
Just like that bluebird
comme cet oiseau bleu.
Now, ain't that just like me ?
À présent, ça me ressemble bien, non ?

Oh, I'll be free
Oh, je serai libre
Just like that bluebird
comme cet oiseau bleu.
Oh, I'll be free
Oh, je serai libre...
Ain't that just like me ?
Ça me ressemble bien, non ?

dimanche 10 janvier 2016

Franz Schubert Oeuvres pour piano à quatre mains


" voilà ce qui tient inexplicablement debout, contre les pires tempête, contre l'aspiration du vide; voilà ce qui mérite, définitivement, d'être aimé : la tendre colonne de feu qui vous conduit, même dans le désert qui semble n'avoir ni limites, ni fins."
 Philippe Jaccottet, Ce peu de bruits, Gallimard




Schubert : Fantaisie en fa mineur (extrait... par francemusique


mardi 5 janvier 2016

Les huit salopards de Quentin Tarantino





Vous connaissez le Cluedo, ce jeu de société dans lequel les joueurs doivent découvrir qui est le meurtrier d'un crime commis dans un manoir anglais. Madame Leblanc, Madame Pervenche, Colonel Moutarde, Mademoiselle Rose, Docteur Olive, Professeur Violet.
Dans ce grand classique du jeu de société vous pouvez changez les noms des protagonistes en Monsieur White, Monsieur Blonde, Monsieur Orange, Monsieur Pink, Monsieur Blue et Monsieur Brown, comme ce fut le cas dans Reservoir dogs, film d'une heure trente neuf (je précise), premier huis clos sanglant réussi de Quentin Tarantino.

Ici, pas de manoir anglais, ni un entrepôt cerné par la police, pas dix petits nègres ou dix indiens comme chez Agatha Christie ou de mystère de chambre close si chère à Gaston Leroux, mais un relais de diligence perdu dans les montagnes du Wyoming, où se retrouvent enfermés pour cause de blizzard intense, le chasseur de primes John Ruth, sa prisonnière, Daisy Domergue, le major Marquis Warren un ancien soldat de l'Union devenu lui aussi chasseur de primes, Chris Mannix, le soit disant nouveau shérif de Red Rock et quatre autres individus un mexicain basané, le bourreau de Red Rock, un cow boy, et un général confédéré court-sur-pattes. Et au-dessus de leur tête plane en permanence une violence sourde qui ne demande qu'à s'exprimer. En attendant qu'elle s'exprime, les protagonistes le font pour elle, comme c'est souvent le cas pour ne pas dire toujours chez Tarantino. Vu qu'ils n'ont que ça à foutre, eh bien ils vont tricoter de la menteuse. Et la ils nous offre à avaler une grosse tartine de tarantinade bien grasse et indigeste que nous ne supportons plus au bout d'une heure alors qu'ils étalent de la tarantinade sur du pain pour encore une heure quarante (je précise).
 Lorsque s'ouvre le cinquième chapitre, deux heures déjà que le film est lancé au grand galop (je précise toujours) l'on se dit dit que cela aurait fait un excellent début comme dans un film de Sergio Leone moins bavard que Tarantino mais tout aussi efficace sinon plus que ce dernier dans son dernier opus.
 
Alors l'on nous vente à longueur de pages de magazines le tournage de ce 11ème film en Ultra Panavision 70 comme Ben Hur. Mais attention pas de courses de chars ici. Oui, l'on vous vante le jeu de Jennifer Jason Leigh, que beaucoup voit déjà oscarisée, alors que couverte de sang et sans dents, elle ne fait que grimacer entre Regan la petite fille de l'exorciste et un personnage de Saw. Et cette scène (elle deviendra culte) où l'on voit le major Marquis Warren, un nordiste de couleur joué par l'excellent Samuel L. Jackson, raconter la mort de son fils au général sudiste, après lui avoir fait sucer son sexe. Trop fort. La quéquette noire du nordiste dans la bouche du blanc sudiste. Fallait y penser. Tarantino l'a fait. Une variante de chez Sergio Leone en quelque sorte. Imaginez Sergio Leone demander à Charles Bronson de fourrer sa bite dans la bouche d'Henri Fonda plutôt que de lui mettre un harmonica dans « Il était une fois dans l'Ouest ». Ça aurait eu une de ces classes. Fonda nous aurait jouer du pipeau, certes, mais nous y aurions perdu en morceau de bravoure musicale.

Alors, en dépit des réserves énoncées ci-dessus, faut-il voir «les Huit salopards» de Quentin Tarantino. Ma réponse est d'évidence oui, car Quentin Tarantino prouve qu'il à la patte d'un grand cinéaste, grand cinéaste qui s'écoute et se regarde filmer parfois. Son huitième opus est trop long et vraiment trop bavard.


lundi 4 janvier 2016

Une journée de Papou Denissovitch





J'ai un rêve étrange et pénétrant. Le rêve d'une société privée de ses libertés élémentaires comme de lire Tintin ou boire un bon bol de Banania. Un cauchemar fasciste ou communiste. Un cauchemar totalitaire en tout cas.
Nous en étions au générique de fin du film documentaire sur les Camps de Travail mis en place par notre gouvernement, lorsque l’huis ébranlé à grands coups de poings, me tira de ma torpeur et me plongea dans la plus profonde consternation. Qui donc à cette heure indue cherchait vigoureusement à dégonder ma porte ? Je jetais un œil au judas tandis que les poings tambourinaient avec autant de vigueur que de passion. Trois masses informes obstruaient le couloir. Des masses casquées et armées jusqu’aux dents. Je reconnus l’uniforme des Triplepets : Police Politique du Président. Mes trois lascars arborant en prime le brassard orange de la PRUT Police de Répression Urbaine Territoriale, la branche dure de la PPP. J’entrebâillais ma porte, derechef enfoncée par un grand Triplepet d’au moins deux mètres et j’allais dinguer en slip kangourou au beau milieu du couloir où se tenaient mes chats terrorisés. Je portais la main à mon nez douloureux tout poisseux de sang. – « Mais vous n’avez pas le droit ! » hurlais je terrifié par l’abondance de sang sur le linoléum tout propre. Une mandale appliquée avec soin me coupa la parole. Un triplepet gradé, visiblement le chef, s’approcha de moi exécuta une génuflexion et me tandis une photo. – « C’est vous ?». La photo n’était pas très bonne, mal cadrée, légèrement floue, un rien jaunie. J’en fis part à mon interlocuteur. Une mandale un chouia plus consistante que la précédente me fit comprendre que la réponse n’était pas celle escomptée. Je marchais sur mes lunettes, en chaussais les débris et de l’œil droit entre la graisse et les brisures de verre je me reconnus. Je devais avoir dans les dix, douze ans, la tronche comme un cake aux cerises, une paire de lunettes, certes hideuses mais complètes, et le chef coiffé d’une casquette écossaise à pompon. C’est bien simple on ne voyait qu’elle. – « C’est vous, Papou Denissovitch ? » Réitéra le Triplepet. Comment avaient-ils pu se procurer cette photographie des années 60 ? J’avais depuis longtemps brûlé toutes les pièces d’un passé peu glorieux. A L’évidence il en restait encore quelques traces. Sincèrement, je pouvais encore dire non. A part moi, et encore, personne ne me reconnaîtrait. Une poigne vigoureuse exercée sur les couilles du kangourou m’arracha un oui porcin. – « Embarquez-le ! » gronda le Triplepet en chef. Je fus entraîné sans ménagement dans les escaliers accompagnés par les cris de personne tout au long de ma descente. Cris sourds réitérés depuis la fenêtre. Tout l’immeuble assistait au spectacle. Du moins je le présume car encagoulé je ne voyais rien. – « Ils ont encore eu un de ces salauds ! » cria quelqu’un. - « A mort ! » hurla un autre. - « Casse-toi, pauv’ con ! » brama un autre. Et soudain une partie de la foule hystérique se mit à hurler couvrant ainsi les cris indignés de mon épouse – « Casse-toi, pauv’ con ! Casse-toi pauv’ con ! Casse-toi, pauv’ con ! .» Jeté dans le fourgon, bourré de coups je m’évanouis tandis que celui-ci démarrait en trombe sous les huées de la foule.

Visiblement le type était mal à l’aise. Peut-être les zébrures violettes sur mon corps jaune. A moins que ce ne soient les taches rouges sur le kangourou gris clair. L’un des Triplepets présents pour l’entrevue me désigna une chaise. Le type prit place face à moi derrière une petite table carrée. –« Vous êtes avocat ? Vous êtes venu pour ma défense ? Pouvez-vous me dire ce que je fais ici ? ». On fit sortir le type. Les Triplepets me rouèrent de coups. Quand le type revint il s’assit sans m’accorder le moindre regard. Je devais être juste un peu plus violet. Pas vraiment de quoi en faire une histoire. Par contre, même en machine à 90°, le slip était irrécupérable. Un slip de martyr. Un collector. Le type se racla la gorge. –« J’ai été désigné par les Autorités Judiciaires afin de vous signifier votre transfert dès demain au TPI à la Haye pour y être jugé pour Crimes contre l’humanité. » – « Crimes contre l’humanité ! Mais vous êtes dingue ! J’ai rien fait! J’ai jamais rien fait à personne ! J’ai même pas poussé ma mère dans les escaliers quand j’étais petit alors que j’en avais vachement envie ! Elle, alors là oui, vous auriez pu la juger pour Crimes contre mon humanité… ! » Et pif ! Et vlan ! Et paf ! Des trois Triplepets présents chacun y alla de sa rengaine. Il n’y avait qu’à fermer sa gueule. Le type fit glisser sur la table un paquet. – « Une tenue descente pour le Tribunal. »
Le train était bondé. Fallait-il aimer les tulipes et la Hollande. Poussez au cul par les Triplepets, j’ai dû jouer des coudes pour monter dans le wagon. La joyeuse bande d’occupants ne sentait ni la rose ni la tulipe. L’apprêt du costard ruiné en quelques secondes j’allais être d’un chic au tribunal. On était tous de la même tranche d’âge coiffé de l’affreuse casquette à pompon et d’un costard visiblement trop étroit. – « Vous êtes-là pour quoi ? » j’ai osé. De partout une même réponse : Crimes contre l’humanité. Je me suis senti moins seul. La casquette devait y être pour beaucoup. Le voyage était un peu long. Encombrés comme l’étaient les wagons à bestiaux, le service minibar avait été annulé. On a donc voyagé debout dans le noir les uns dans les autres dans un affreux remugle de pets et de sueur avec nos envies de pipis et de pot pots contrariés. A l’arrivée l’odeur était épouvantable. J’ai constaté que je n’étais pas le seul à m’être souillé le costard. -« La Haye sous la pluie n’a plus la même nostalgie d’antan.» J’ai opiné du chef à ce verdict poète en aspirant une goulée d’air. Dans les tribunes du stade où nous marinions depuis plusieurs heures sous la pluie, j’ai répondu à l’appel de mon nom pour me retrouvé en plein cœur du Tribunal.
Debout sous les regards de l’assistance j’ai dû décliner nom, prénom, âge et qualité avant d’écouter le Procureur général glapir les chefs d’accusations pour Crime contre l’humanité sans vraiment n’en rien comprendre –« Que plaidez-vous ? » me demanda le Président à l’issue de cette fastidieuse lecture. « Oubaple… » me susurra tête basse l’avocat commis d’office. « Hein ? » j’ai couiné. Rappelé à l’ordre d’une dextre virile de Triplepet j’ai lâché le « oubaple » tant attendu. «Comment ?» a grondé le Président. « Veuillez répétez nous n’y entendons rien !». « Oubaple ! » j’ai dit. Le Procureur se tourna alors vers la Cour. –« Monsieur le Président. Mesdames et Messieurs de la Cour. Voici une de ces fortes têtes réfractaires doublée d’une tête de cochon que le Tribunal devra faire ployer avec force et détermination. » il s’adressa ensuite à moi. « Reconnaissez-vous au moins les faits ? ». Je niais. Il émit un petit rire sardonique. « Faites-nous croire aussi que ce n’est point vous à l’époque des faits sur cette photo?» Ma tronche boutonneuse et casquettée s’afficha sur écran géant. A la stupeur générale, céda une rumeur. Il y eut même quelques cris. La preuve irréfutable était faite. On dû évacuer deux femmes évanouis. –« Est-ce vous ou n’est-ce pas vous ? » -« Je ne sais pas comment vous vous êtes procuré ce document, mais il me semble bien que l’individu légèrement flou projeté sur l’écran, en dépit de la qualité médiocre du tirage, je le répète, tend à me ressembler lorsque j’avais l’âge de douze ans.» - « Voilà déjà un fait. Le lascar acnéique à l’écran et l’accusé ne font qu’un. Et dites-moi en cet âge déjà avancé où toute personne normalement constituée est dotée d’un cerveau et d’une once d’intelligence, vous est-il venu à l’esprit de lire un certain Hergé ? – « Hergé ? L’auteur de Tintin. Ben ouis je les avais tous ! » - « l’accusé reconnais donc les faits, il les avait tous. » Il y eut un immense brouhaha dans la salle. Le Président usa de son marteau. - « Silence ou je fais évacuer la salle ! » - « Ma mère avait tout foutu à la poubelle… » clâmais-je - « Ingénieuse femme se débarrassant des preuves pouvant accabler son enfant » - « Rien du tout. C’est pour me faire chier quelle a tout balancé à la poubelle. Quand j’ai lu celles de mon fils…. » - « La Cour appréciera. Non content de les lire il a fallu aussi qu’il diffuse au cœur de la jeune France cette littérature on ne peut plus pernicieuse et dangereuse» - « Mais il est dingue cet homme là ! Un hystérique ! Un acharné ! » Le Triplepet usa à nouveau de sa dextre pour m’intimer un minimum de respect à l’égard du tribunal. -.« En les relisant j’ai constaté que des planches entières avaient été redessinées par l’auteur lui-même afin de mieux coller à l’actualité.» - « Une forme de révisionnisme en quelque sorte. Et quelles genres de différences avez-vous constaté ? » - « Dans Tintin au Congo, par exemple… » -« Comme par hasard » - « Ben dans Tintin au Congo ce n’est plus une leçon de géographie sur la Belgique la mère patrie que Tintin donne à ses élèves, mais une leçon de calculs… » - « Et à l’époque cela ne vous a pas choqué qu’il invite de petits congolais innocents à s’intéresser à leur mère patrie, comme vous dites, la Belgique ? » - « Ben à l’époque, le Congo était encore belge, non ? » - « Une colonie belge, oui ! Et vous vous repaissiez de cette littérature raciste en dégustant des têtes de nègres, sans doute, ou des congolais ! » - « Vous voulez parler de la meringue aux pépites de chocolat ? C’était vachement bon et tout le monde appelait ça une tête de nègre, alors pourquoi j’aurais été différents des autres !» - « C’est ce que clamaient les Nazis à Nuremberg… Et les congolais vous ne pouviez pas appelez cela des rochers à la noix de coco ? » - « Si c’était marqué congolais je n’allais pas commander à la boulangère des rochers à la noix de coco, tout de même ! » - « Toujours une répartie mais aucun regrets dans la bouche du condamné, une sorte de fatalité et de condescendance issue du monde colonialiste et raciste ambiant, déviant et pernicieux. La Cour appréciera. Mais il y a plus grave… » - « Plus grave que de de lire Tintin et manger des têtes de nègres ? Dans l’état actuel des choses, franchement je ne vois pas, à part tuer ses parents et les manger avec une Béchamelle… » - « Je vous prierais de ne pas faire le malin ! Et le fameux slogan Y’abon ! Signe de ralliement de la jeunesse fasciste, raciste et colonialiste à laquelle vous apparteniez et dont vous êtes assurément un nostalgique ! » - « Ah bon ! » – « Pas Ah bon ! mais Y’abon…Y’abon comment…? » -« Ben Y’abon Banania » « J’aime vous l’entendre dire. Et reconnaissez-vous en avoir consommé durant cette période ? » - Ben ! Oui ! Pourquoi c’est pas un crime que de boire du cacao ? » - « Du cacao, certes non. Nombre d’enfants en boivent chaque matin avant d’affronter les dures épreuves de la journée. Mais pas comme vous qui avez usé d’une consommation outrancière de Banania ainsi que tous les individus louches et sans scrupules de votre génération.» - « Elle est bonne celle-là, un Tintin, une tête de Nègre du Banania et hop ! vingt ans de prison ! Vous y allez un peu forts, tous ! » - « Nous y voila ! » hurla le Procureur. » un index vengeur pointé vers moi. « Et vous remarquerez, Monsieur le Président, qu’il n’est pas fait mention d’autres marques de produits cacaoté Poulain, Nestlé, Van Houten pour ne citer que les plus connus. » -« Vous avez oublié Nesquick ! » fis-je remarqué. – « Monsieur fait l’insolent, mais je vous prie de croire que tout ceci va vous coûter, cher. Très cher ! Pouvez-vous expliquez à la Cour pourquoi du Banania ? » - « Pourquoi. Est-ce que j’en sais moi. C’était bon. Il y avait de la banane dedans pour me donner des forces et le monsieur était rigolo…. » - « Le monsieur rigolo ? Vous voulez certainement parler du sénégalais sur la boite…. » -« Qué sénégalais ? Ah oui, le tirailleur hilare. Ben je le trouvais vraiment sympa. C’est vrai qu’il a une bonne gueule… » - «Taisez-vous insolent ! Savez-vous que la naissance de Banania remonte à 1914 alors que nos pauvres tirailleurs se faisaient trouer la peau afin de sauver la République ? » - « Vous savez moi qui suis né en 1952, la guerre de 14 c’est un peu loin ! » - « Est ce une raison suffisante pour occulter les faits ? » - « Mais je ne nie rien. Il m’est même arrivé de manger de la Vache qui rit sans que les représentants de la race bovine ne portent plainte » - « Monsieur se veut sans doute ironique ! ». – « J’ai bu aussi du Poulain…. » - « Et vous ne deviez pas vous priver de la blague à deux balles : Qu’en il y en a poulain il y en a poulautre ! en imitant le langage petit nègre, veuillez excusez l’expression Monsieur le Président, le langage petit nègre des tirailleurs…..Vraiment vous étiez prêt à toutes les bassesses, toutes les crapuleries. Sachez seulement que dans les années 1950, l'entreprise Banania vendait 5 000 tonnes de Banania par an. En 1968, pour les chocolats en poudre en France, la part de marché de Banania s'élevait à 30 % avec un volume de vente s'élevant à 10 000 tonnes[]. Dans les années 1970, les usines produisent plus de 100 000 boîtes d'1 kilo et 400 000 boîtes de 250 grammes de Banania. 29 millions d'euros de chiffre d'affaires. Une fortune colossale sans oublier tous les objets publicitaires dérivés de la marque dont l’accusé était et est toujours aussi friand. » - « j’ai juste eu une tasse ! et une petite encore. Faut pas déconner ! » -«Vous m’écoeurez ! Quoi qu’il en soit, pour ma part, j’en ai fini de vous entendre. Il n’y a plus grand chose à dire. Mais il reste beaucoup à faire. Se montrer exemplaire en condamnant le prévenu aux TIG à perpétuité. Vous et vos acolytes mis aux fers, partirez dès demain construire des écoles dans la république Démocratique du Congo ou débroussaillé tous les chemins de France. …..Que justice sois faite ! » Tous le monde alors se leva et entama le grand Slogan National – « Casse-toi, pauv’ con ! Casse-toi pauv’ con ! Casse-toi, pauv’ con ! ».
A la chute du verdict je quittais la salle Tribunal tête basse encadré par mes deux Triplepets. En attendant le convoi qui devait nous conduire à la Prison de l’Ile de Ré, on me fit asseoir sur une banquette à proximité d’autres condamnés aux TIG. J’hasardais une question à mon avocat. Ce dernier lui aussi tête basse n’avait pas pipé mot durant toute la durée de cette parodie de procès expéditive.– « Qu’est-ce qu’ils ont fait ces deux là ? » je demandais en désignant deux types de la tête. – « Celui de droite c’est le directeur de Banania. Il a été arrêté ce matin. L’usine a immédiatement été fermée et le personnel licencié pour collaboration intense. » -« Même pas reclassés, c’est dur quand même ! Et l’autre ? » L’autre ! C’est un nationaliste Serbe qui a organisé le massacre de 8000 personnes en 1995… » - « Pas avec du Banania tout de même ? » - « Pas que je sache. » Parce que moi le Banania je l’ai bu tout seul je ne l’ai jamais fait boire aux autres.» - « Hélas…. » fit l’un des Triplepets en me faisant lever pour rejoindre le convoi avec mes codétenus, « les salauds dans votre genre n’ont droit à aucune circonstance atténuante. Et vous verrez d’ici quelques jours, les petits congolais s’occuperont bien de vous en vous bottant le cul et alors là vous aurez tout le temps de réfléchir si vraiment Y’abon ! ».
La Cour du tribunal était pleine à craquer. D’autres gens riaient aussi du malheur du monde. Jean Poiret, Pierre Bellemare, Jean-Paul Blondeau et Jacques Rouland par exemple ainsi que Jacques Legras et Marcel Beliveau en uniformes de cérémonie de la PRUT.
Cette petite bande de joyeux drilles m’avait bien eu comme tant d’autres dans le pays. Nous y avions cru jusqu’au bout. La Nouvelle Société de Divertissement du Service Public sous les ordres de notre bon Président, avait réussie à distraire agréablement toute la France télévisuelle avec un concept entièrement nouveau : le procès truqué. Personne n’y avait vu que du feu. Bien entendu en plus d’un kangourou neuf je touchais au paquetage un uniforme rayé neuf porteur de ce slogan devenu depuis célèbre : « Toute société qui ne sait plus rire est vouée immanquablement à disparaître ». Au Congo, Sous cinquante cinq degrés, caressé à la schlague par mon garde chiourme, je montais le mur d’une école et repensais au slogan inscrit à l’entrée du chantier, à tous les opposants au régime, aux chômeurs et autres parasites qui s’étaient fait avoir de même. Un sourire édenté s’afficha sur ma face pouilleuse et congestionnée. J’étais enfin rassuré sur le devenir de mon pays.
Bonne année à tous.