vendredi 26 juin 2020

James Tissot, l'ambigu moderne, 23 juin - 13 septembre, musée d'Orsay




   Dans les années 80 une édition de poche de Madame Bovary affichait en couverture une toile de James Tissot : Portrait of Mlle. L.L. (Young Lady in a Red Jacket. February 1864). L'identité de cette Mlle L.L. est à ce jour encore inconnu. Mais elle à accompagné mes lectures multiples de Madame Bovary, Mlle L.L. Glissée au fond de la poche de ma veste avec l’héroïne normande à laquelle je l'identifiais.
   Alors, après ces mois de confinement, lorsque le musée d'Orsay à ouvert ses portes le 23 juin, j'étais à l'ouverture pour découvrir la magnifique rétrospective de James Tissot et admirer le Portrait de Mlle. L.L. pour ne pas dire Emma Rouault, madame Bovary.





    James Tissot (1836-1902) est un peintre français qui fit une partie de sa carrière à Londres et dont la notoriété fut internationale. Elle s’affaiblit à tel point après sa mort que la rétrospective que lui consacre le Musée d’Orsay est la première en France depuis 1985. Remarquablement adaptable et habile, il a traité avec autant de savoir-faire les sujets les plus variés dans différents formats et techniques. Il est l’un de ces professionnels de l’image qui, dans le dernier tiers du XIXe siècle, ont compris qu’ils devaient passer de l’artisanat à l’industrie, de l’exemplaire unique à la diffusion de produits accessibles au plus grand nombre : l’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique. Aussi l’exposition n’a-t-elle pas seulement l’intérêt de rappeler que la peinture, en France, vers 1880, aux yeux du public, c’est bien moins Monet ou Renoir, que Meissonier, Gérome ou Tissot ; mais encore celui de livrer les éléments pour une réflexion plus générale.





James Tissot

L'ambigu moderne

23 juin - 13 septembre 2020, Musée d'Orsay





mardi 16 juin 2020

Turner, peintures et aquarelles de la Tate, musée Jacquemart André





Le Musée Jacquemart-André vous propose sa grande rétrospective autour de l'oeuvre du peintre anglais Joseph Mallord William Turner, dans intitulée Turner, peintures et aquarelles de la Tate, accessible à nouveau à partir du 26 mai 2020 et jusqu'au 11 janvier 2021, en collaboration avec la Tate de Londres. 

 Ici nous allons revivre la fabuleuse aventure artistique de ce coloriste prodigieux et visionnaire qu’était Turner, du jeune peintre autodidacte fasciné par Rembrandt et Poussin, à l’artiste audacieux à la technique exceptionnelle guidé par l’observation aiguë du monde qui l’entoure.

 Turner
Peintures et aquarelles de la Tate
Du 13 mars au 20 juillet 2020

musée Jacquemart André, Paris








mercredi 10 juin 2020

1970 et les autres (12) : Chicago, II



   

Le passage de la ligne je m'y était préparé. Je ne faisais pas trop le fier. Daniel m'avait narré par le menu sa propre expérience. Je savais à quoi m'attendre. Il y avait la fête organisée à bord pour tout l'équipage et la suite le soir dans le poste équipage.


Il y eut d'abord la convocation apportée par le vaguemestre la veille au soir. Le poste numéro 1 fut le dernier de sa mémorable tournée. Il arriva beuglant comme un diable dans un cor et se cassa la gueule tel Roland à Ronceveaux. En guise de musette (il en avait déjà une bien remplie) il arborait une caisse qui pendait sur son cul proéminent. Le fond de son pantalon avait été découpé. Chaque néophyte devait y puiser avec les dents sa convocation glissée entre ses fesses. La caisse était pleine d'un mélange gras et nauséabond. Graisse, coaltar, moutarde, sauce tomate, piment, huile. Aucune barrière de sécurité. J'ai chopé ma convocation sans coup férir et offrit au vaguemestre le prix de sa course : un verre de whisky.


Le lendemain, les néophytes en slip, enduits de graisse et de coaltar furent rassemblés sur la plage avant. Aux indications lâchées depuis la passerelle par le commandant, L’attitude zéro, longitude 50 Est, la ligne imaginaire fut happée à l'aide d'une gaffe, remontée à bord et tranchée d'un vigoureux coup de hache. La ligne était passée. La fête pouvait commencer.


Le passage de l’équateur signifiant pour les marins le basculement vers un monde inconnu. le bateau à prit alors des allures de carnaval, où les matelots de tout rangs étaient déguisés de façon burlesque, peints de noir, se livrant à des débordements chaotiques lors d'une parodie de jugement menée par les anciens de façon à initier les jeunes matelots.


Neptune, diables, diablotins et autres tritons prononçaient la sentence réservée aux novices immergés dans un réservoir d’eau, façon de proclamer la purification du marin, et d’évaluer sa capacité à dompter cet élément. Avant d’être plongés dans l’eau, les néophytes étaient barbouillés de peinture. … Ces épreuves à l’allure de bizutage convertissaient définitivement les jeunes matelots en vieux loups de mer.


Impossible de se laver à l'eau douce. Juste un jet d'eau de mer. Ôter graisse, peinture et coaltar relevait de l'impossible. Mis au parfum par Daniel, j'avais planqué un bidon d'eau douce et d'essence. Je pus me nettoyer succinctement avant de regagner le poste pour le bizutage final.

J'étais bien déterminé à ne pas me laisser humilier. Pour cela il fallait jouer le jeu. J'avais rasé mon pubis et peint un formidable soleil qui me montait jusqu'au ventre. Tout le monde fut surpris. Je me montrais guilleret. Lorsque j'y fut invité, je me suis jeté dans la poubelle pleine d'un jus noirâtre dont la composition aurait tué instantanément le moindre rat d'égout. Tout en faisant le con, je cherchais les fruits au sirop nichés dans le fond et les avalais goulûment tel un affamé. Je fus ensuite accroché à l'aide d'une ceinture de sauvetage. Je me mis à nager en hurlant que j'étais « un perroquet rouge et vert du Gabon » . Trop docile pour l'entourage, je n'amusais personne. Je fus libéré et envoyé à la douche. Mon "calvaire" était fini.

J'ai fumé un clope avec Daniel et gagné ma bannette. Je mis fort mon radio cassettes pour oublier cette journée en écoutant le deuxième opus de Chicago.


   





   Mon "calvaire" était fini. Il fut bon enfant. Hélas, pour les plus récalcitrants ce fut différent. Milesi, Alonso et les plus raffinés les bizutèrent abusivement jusque tard dans la nuit. J'entendis des cris, des plaintes, des menaces et même une bagarre lorsque Tino voulu mettre fin à la fête.
  

   Deux mois plus tard, une bonne partie de l'équipage fut remplacé au terme de leur dix huit mois à bord. Tino à prolongé son contrat. Le plus vieux de l'équipage. J'appartenais désormais aux anciens avec Daniel. Nous étions maitre du poste.
    Lors du passage de la ligne suivant, je fus Amphitrite, femme de Neptune lors de la fête officielle. Les néophytes m'ont baisé les pieds tandis que je gloussais comme une dinde.
     Le soir, les bas instincts se sont réveillés. Les récalcitrants du précédent passage, les pleutres, les pleurnichards voulaient en faire baver aux néophytes à leur tour. La fête à tourné court. Tino, Daniel et moi y avons veillé.
  Durant les deux années passés à bord, j'ai passé quatre fois la ligne avec toujours ces festivités et parfois la désolation. Jamais sans excès au poste équipage numéro 1.
    Je n'y reviendrait plus. Tout à été dit.

mardi 2 juin 2020

1970 et les autres (11) : Francois de Roubaix ; Les aventuriers




Sur le toit de la passerelle de l'aviso escorteur Enseigne de vaisseau Henry je prends le soleil en compagnie de Daniel. Nous voguons aux larges des côtes  de Somalie. Nous y croisons quelques voiliers sur l'eau turquoise. Le paysage côtier se dilue sous les brumes de chaleur. Et nous restons à  rêver du Congo, de trésor englouti et de pêche  sous-Marine miraculeuse. Cela fait plusieurs jours que cela nous tiens. Quitter la Nationale, vivre comme des sauvageons, rencontrer des Laeticia et vivre ainsi loin de l’oppressante civilisation. Ce rêve  je l'ai porté  et le porte encore cinquante ans plus tard à  regarder mes potes Manu et Roland m'indiquer  un chemin jamais suivi, toujours rêver. Les aventuriers, un film comme une boussole de vie. Revoir ce film et écouter la musique de François de Roubaix.