vendredi 14 mai 2021

1970 et les autres (25 ) Lou Reed.

 

 


 

    Il restait quelques étapes avant notre arrivée à Lorient mais le cœur n'y était plus. La tête était ailleurs. Commençaient à fleurir telles des fleurs de printemps partout dans le poste d'équipage les malles métalliques que tout un chacun préparait en vue du débarquement. Un beau bordel d'objets en tout genre comme dans un magasin de souvenirs flottants. On évoquait les escales passées, enveloppait les plus fragiles, échangeait les plus saugrenus, balançait les cassés. Un sacré gymkhana avant d'atteindre les toilettes. Les plus prudents restaient couchés. Ce que je faisais de mieux.

    Notre escale à la Martinique, encore marquée par la tempête tropicale « Dorothy » survenue deux ans plus tôt, fut des plus agréables en dépit des rapports parfois tendus avec les fayolais qui voyaient d'un mauvais œil « les colonisateurs » que nous représentions.

    Au milieu des années 1970, 40 % des constructions de Fort-de-France avaient été réalisées sans autorisation et les quartiers insalubres regroupaient un quart des logements, contenant un quart de la population de la commune. Après Nouméa, Fort de France et bien d'autres. Encore une image de la politique française qui est restée gravée dans ma mémoire loin des clichés des plages paradisiaques et d'un paradis touristique. Le paradis pour qui ?

    Hélas, beaucoup s'en foutait. L'important était de s'amuser. Nounours pliait son contingent de billets, cobaye des maladies vénériennes en tout genre. Un scientifique du gonocoque le nounours.

    De Fort de France aux iles Canaries plusieurs jours de mer et de rangements des malles en tout genre. Une escale qui, je dois bien l'admettre, ne m'a laissé aucun souvenir, si ce n'est une cuite mémorable qui m'a définitivement écoeuré du Malaga que je n'ai plus touché depuis. Rien que le mot Malaga me donne encore des haut le cœur. Fils d'espagnol avec une petit cul pour éviter les coups de cornes, j'avais chercher à affronter des vachettes et aurais fini encorné sans la vigilance des mes camarades.

    Puis se furent les Açores dernière étape avant de mettre le cap sur Lorient.

    Et j'écoutais le premier album de Lou Reed après sa séparation avec le Velvet Underground. 

 

 

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