Le livre d’enfance de Franck Venaille sera donc posthume. L’homme est mort, à 81 ans, le 23 août de cette année et voici que paraît l’Enfant rouge, récit en prose d’une centaine de pages, exploration des errances d’un gosse de 11 ans dans le XIe arrondissement de Paris. Puisque l’œuvre de Venaille finit vraisemblablement ici, la tentation du lecteur est grande de lire ce dernier titre comme son aboutissement. Comme si tout le parcours de l’auteur, prix Goncourt de la poésie 2017, menait à cela : revenir en littérature sur les souvenirs de son enfance et tenter enfin de se réconcilier avec eux. «Toutes ces années je croyais en avoir fini avec l’angoisse née de la présence permanente en moi à la fois de l’enfant et de la rue Paul-Bert dans sa totalité», écrit Venaille. Il avait déjà abordé le sujet, notamment dans Papiers d’identité (1996) et Hourra les morts (2003).
La rue Paul-Bert, c’est le centre de l’univers du «Moi-de-onze-ans» héros du livre. Une voie sans histoires de 180 mètres de long, à mi-chemin entre Bastille et Nation, métro Faidherbe-Chaligny. C’est là qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Venaille commence à s’aventurer hors du foyer familial et découvre le monde : le gosse regarde les balayeurs, s’interroge sur une voisine un peu étrange - on apprendra qu’il s’agit de Violette Leduc - salive devant les barbes à papa de la foire du Trône, monologue beaucoup avec cette mélancolie particulière qu’ont les enfants solitaires.
Le petit Franck se révèle à la fois enfantin, faisant d’un merle un ami imaginaire avec qui il adore dialoguer, et déjà très adulte aux prises avec la politique. Car sa grande affaire est le communisme. Il vend l’Huma, s’implique dans la section avec la passion débordante qui caractérise cet âge. «Mon plaisir de vivre portait un nom : parti communiste français», pose-t-il. De ce début de puberté, Venaille décrit aussi la peur panique qui vient avec les premiers fantasmes. «Moi-de-onze-ans […] rêve de cet instant où, pour la première fois, une femme se mettra entièrement nue devant lui. Elle sera la première à l’appeler par son prénom, dans le tumulte de la sortie des classes. Et sa robe tombera. Je vais en mourir, pensa l’enfant.» Tout cela relève-t-il réellement de l’autobiographie ? «Nous ne sommes les historiens que de nous-mêmes», prévient le texte. «Tout nous est permis : les omissions, sans doute. Les mensonges, c’est certain.»
Pas d’événement majeur, pas de grand traumatisme au fil des pages de l’Enfant rouge. Mais simplement une ouverture aux choses des adultes qui grave à jamais cette période comme un commencement de la vie. Et le début, aussi, d’une angoisse face aux déceptions qui viennent forcément avec la confrontation à la réalité et qui marqueront ensuite toute l’œuvre de Venaille. Car «ce monde est plus puissant que je ne le suis moi-même», découvre alors «celui qui fut, et sera, Moi-de-onze-ans».
La rue Paul-Bert, c’est le centre de l’univers du «Moi-de-onze-ans» héros du livre. Une voie sans histoires de 180 mètres de long, à mi-chemin entre Bastille et Nation, métro Faidherbe-Chaligny. C’est là qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Venaille commence à s’aventurer hors du foyer familial et découvre le monde : le gosse regarde les balayeurs, s’interroge sur une voisine un peu étrange - on apprendra qu’il s’agit de Violette Leduc - salive devant les barbes à papa de la foire du Trône, monologue beaucoup avec cette mélancolie particulière qu’ont les enfants solitaires.
Le petit Franck se révèle à la fois enfantin, faisant d’un merle un ami imaginaire avec qui il adore dialoguer, et déjà très adulte aux prises avec la politique. Car sa grande affaire est le communisme. Il vend l’Huma, s’implique dans la section avec la passion débordante qui caractérise cet âge. «Mon plaisir de vivre portait un nom : parti communiste français», pose-t-il. De ce début de puberté, Venaille décrit aussi la peur panique qui vient avec les premiers fantasmes. «Moi-de-onze-ans […] rêve de cet instant où, pour la première fois, une femme se mettra entièrement nue devant lui. Elle sera la première à l’appeler par son prénom, dans le tumulte de la sortie des classes. Et sa robe tombera. Je vais en mourir, pensa l’enfant.» Tout cela relève-t-il réellement de l’autobiographie ? «Nous ne sommes les historiens que de nous-mêmes», prévient le texte. «Tout nous est permis : les omissions, sans doute. Les mensonges, c’est certain.»
Pas d’événement majeur, pas de grand traumatisme au fil des pages de l’Enfant rouge. Mais simplement une ouverture aux choses des adultes qui grave à jamais cette période comme un commencement de la vie. Et le début, aussi, d’une angoisse face aux déceptions qui viennent forcément avec la confrontation à la réalité et qui marqueront ensuite toute l’œuvre de Venaille. Car «ce monde est plus puissant que je ne le suis moi-même», découvre alors «celui qui fut, et sera, Moi-de-onze-ans».
Guillaume Lecaplain pour Libération
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