Willy Ronis est
l’une des plus grandes figures de cette photographie dite «humaniste», attachée à capter fraternellement l’essentiel de la
vie quotidienne des gens. À partir de 1985, Willy Ronis se plonge
dans son fonds photographique pour sélectionner ce qu’il considère
comme l’essentiel de son travail. Il réalise une série de six albums,
constituant ainsi son «testament photographique». Ces albums
inédits sont la matrice de cette exposition. À l’invitation de
Frédérique Calandra, Maire du 20e arrondissement, Willy Ronis par
Willy Ronis est à voir et à écouter du 27 avril au 29 septembre 2018, au
Pavillon Carré de Baudouin, au cœur
de ce quartier de Paris qu’il aimait tant. L’exposition est
organisée conjointement par la Médiathèque de l’architecture et
du patrimoine (MAP) et la mairie du 20e arrondissement.
Rose Zehner, déléguée syndicale, pendant une grève chez Citroën, Javel, 1938 © Willy Ronis
Devenu reporter photographe en
1936, Willy Ronis mène de front commandes et recherches personnelles.
Observant le monde, ses photos dressent une sorte de portrait à la fois
intimiste et profond de la société et de l’époque. Elles constituent
un immense travelling qui donne à voir, à comprendre et à
aimer les gens dans l’ordinaire de leur vie. En plaçant
l’homme au centre de son œuvre, en posant sur lui un regard optimiste
et bienveillant, Willy Ronis n’en néglige pas pour autant de
rendre compte de la dureté de l’époque, d’où ces nombreuses
images sur le monde du travail et les luttes ouvrières, marquant son
empathie et un engagement social qui perdure tout au long de son
œuvre.
Pendant le défilé de la victoire du Front Populaire, rue Saint Antoine, 14 juillet 1936 © Willy Ronis
En France comme à l’étranger, de multiples expositions et publications –
dont Belleville-Ménilmontant en 1954, livre culte auquel une salle
entière de l’exposition est consacrée – ont jalonné le
parcours de Willy Ronis, marqué entre autres par le Grand Prix
national des Arts et des Lettres, qui lui est décerné en 1979, et la
grande rétrospective du Palais de Tokyo en 1985 célébrant la
donation faite par le photographe de l’ensemble de son œuvre à
l’État français en 1983. Au cœur de celle-ci figurent en bonne
place les six grands albums composés et sélectionnés par Willy Ronis
lui-même, qui accompagne chaque photographie de réflexions et de
commentaires très détaillés sur les circonstances de la prise de
vue comme du matériel utilisé. Outre les photographies exposées, près
de deux cents, réalisées entre 1926 et 2001, le public pourra également
feuilleter les albums à partir de bornes composées de tablettes
interactives. Par ailleurs, une série de films et de vidéos réalisés
sur Willy Ronis sera projetée dans l’auditorium selon une
programmation particulière. Une occasion unique d’entrer de
plain-pied dans l’univers personnel de l’artiste.
Le nu provençal, Gordes, 1949 © Willy Ronis
Du 27 avril 2018 au 02 janvier 2019 : De 11h à 18h du mardi au samedi au Pavillon Carré de Baudouin,121, Rue De Ménilmontant
Paris 75020
Métro/Transport : Gambetta. Gratuit.
"Cette photo, je l'ai faite en 1950. J'étais là, dans cet escalier, j'attendais
quelque chose, parce que je voulais qu'il y ait un peu de monde qui passe. À un
moment donné, j'entends une voix de femme derrière moi, qui parlait à son enfant,
qu'elle tenait dans ses bras. J'ai attendu qu'elle me dépasse, et miracle, miracle
qui arrive quelquefois dans la photographie : quand elle est arrivée en bas, est
passé cet attelage étonnant - car même en 1950 il n'y avait plus tellement d'attelages
avec des chevaux. Et ce qui est amusant, c'est qu'il y a en même temps cet ouvrier
municipal, qui en train de réparer ses feux tricolores, et des femmes qui promènent
leurs enfants dans des poussettes derrière. Et puis le petit cordonnier qui parle
avec le client. Et le petit chat noir, en bas de l'escalier. C'est une photo pleine
d'histoires !" Citation de Willy Ronis extraite du film "Autoportrait
d'un photographe", de Michel Toutain et Georges Chatain, 1983, 52' (production
Pyramide Productions).
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