Léon Detroy, l’un des meilleurs représentants de l’École de Crozant,
nous revient cet été, dans sa maison de Gargilesse. Le juste hommage
posthume à un artiste talentueux et sincère qui vivait en ermite.
En mars 1912, Léon Detroy acheta une maison dans
le bourg de Gargilesse, à quelques dizaines de mètres de celle où George
Sand aimait se reposer. Pendant 12 ans, à partir de 1900, il loua la
bâtisse. Lorsqu'il en devint propriétaire, elle n'avait, bien sûr, plus
de secrets pour lui. Il devait en apprécier l'ancienneté, le charme
rustique et encore davantage la lumière.
Solitaire et fidèle
Detroy
aimait tellement cette modeste demeure qu'il ne devait plus la quitter,
jusqu'à sa mort, survenue en 1955. C'était alors un vieux monsieur qui
allait sur son siècle puisqu'il était né en 1859. Sa fidélité avec les
lieux se poursuit puisqu'il repose aujourd'hui au cimetière de
Gargilesse. Detroy avait découvert la Vallée de la Creuse en 1887, elle
devint, pour toujours, son pays de peinture.
Une parcelle de son oeuvre est de retour, cet été, dans sa maison où Catherine Liénard a
créé, voici 40 ans, une galerie et installé son atelier, à l'enseigne de
L'encadrement. Catherine Liénard, encadreuse et restauratrice de peinture, apprécie particulièrement l'art de Léon Detroy.
«
Toute son oeuvre a été dispersée dans les années 1960. Une partie de sa
production est partie aux USA. Mais, dans tout le pays, de nombreuses
personnes possèdent encore des toiles de lui. Il troquait volontiers une
peinture contre des vêtements ou autre chose », explique Catherine
Liénard.
Alors la galeriste de Gargilesse a fait connaître sa
volonté de rendre hommage à Detroy, chez lui. Jusqu'au 2 septembre, elle
réunit des peintures issues de collections privées et d'autres
appartenant à des habitants du cru. Elle présente Léon Detroy, peintre
postimpressionniste, ouvrant pour la première fois deux salles de la
demeure. Des toiles sont seulement à admirer, d'autres à vendre.
Depuis
le début de l'été bien des amateurs ont signé des chèques de plusieurs
milliers d'euros (généralement de 4.000 € à 6.000 € selon, bien sûr, le
format et l'intérêt de l''uvre).
Peu à peu, grâce au patient
travail de Catherine l'encadreuse mais aussi à l'action de Christophe
Rameix, le spécialiste de l'École de Crozant, Detroy sort d'un long
purgatoire. Comment rester insensible devant des toiles de la qualité de
La meule ou de Gelée blanche ?
«
L'oeuvre de Léon Detroy, immense par le nombre, considérable par la
qualité, prouve tristement que la postérité est aussi affaire de chance.
La notoriété de cet artiste est inversement proportionnelle à la
qualité de sa peinture », affirme, enthousiaste, Christophe Rameix ( Impressionnisme et postimpressionnisme dans la vallée de la Creuse, éditions Christian Pirot).
Presque
tout est bon dans Detroy. On oublie vite des toiles campées comme des
exercices, pour ne retenir que de magnifiques tableaux de la veine
néo-impressionniste, avec des touches d'abord au service du motif.
Après
1910, son registre évolua, pour s'apparenter au Fauvisme et parfois
rappeler Matisse, avec force et caractère. Il a peint la vallée de la
Creuse, ses moulins, la Gargilesse à toutes les saisons, sage ou en
crue. Il a restitué le bourg sous la neige. Il a peint sans répit,
négligeant d'exposer, vivant en ermite avec pour rare ami le poète
Maurice Rollinat. Il nous offre aujourd'hui une peinture de grand
tempérament, forte et vive, puissamment colorée et irrésistiblement
juste.
L'encadrement, Gargilesse ; jusqu'au 2 septembre, tous les jours de 15 heures à 19 heures. Tel : 02.54.47.86.79.
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