jeudi 30 août 2018

Léon Detroy, Gargilesse (Berry)


Léon Detroy, l’un des meilleurs représentants de l’École de Crozant, nous revient cet été, dans sa maison de Gargilesse. Le juste hommage posthume à un artiste talentueux et sincère qui vivait en ermite.
En mars 1912, Léon Detroy acheta une maison dans le bourg de Gargilesse, à quelques dizaines de mètres de celle où George Sand aimait se reposer. Pendant 12 ans, à partir de 1900, il loua la bâtisse. Lorsqu'il en devint propriétaire, elle n'avait, bien sûr, plus de secrets pour lui. Il devait en apprécier l'ancienneté, le charme rustique et encore davantage la lumière.
Solitaire et fidèle
Detroy aimait tellement cette modeste demeure qu'il ne devait plus la quitter, jusqu'à sa mort, survenue en 1955. C'était alors un vieux monsieur qui allait sur son siècle puisqu'il était né en 1859. Sa fidélité avec les lieux se poursuit puisqu'il repose aujourd'hui au cimetière de Gargilesse. Detroy avait découvert la Vallée de la Creuse en 1887, elle devint, pour toujours, son pays de peinture.
Une parcelle de son oeuvre est de retour, cet été, dans sa maison où Catherine Liénard a créé, voici 40 ans, une galerie et installé son atelier, à l'enseigne de L'encadrement. Catherine Liénard, encadreuse et restauratrice de peinture, apprécie particulièrement l'art de Léon Detroy.
« Toute son oeuvre a été dispersée dans les années 1960. Une partie de sa production est partie aux USA. Mais, dans tout le pays, de nombreuses personnes possèdent encore des toiles de lui. Il troquait volontiers une peinture contre des vêtements ou autre chose », explique Catherine Liénard.
Alors la galeriste de Gargilesse a fait connaître sa volonté de rendre hommage à Detroy, chez lui. Jusqu'au 2 septembre, elle réunit des peintures issues de collections privées et d'autres appartenant à des habitants du cru. Elle présente Léon Detroy, peintre postimpressionniste, ouvrant pour la première fois deux salles de la demeure. Des toiles sont seulement à admirer, d'autres à vendre.
Depuis le début de l'été bien des amateurs ont signé des chèques de plusieurs milliers d'euros (généralement de 4.000 € à 6.000 € selon, bien sûr, le format et l'intérêt de l''uvre).
Peu à peu, grâce au patient travail de Catherine l'encadreuse mais aussi à l'action de Christophe Rameix, le spécialiste de l'École de Crozant, Detroy sort d'un long purgatoire. Comment rester insensible devant des toiles de la qualité de La meule ou de Gelée blanche ?
« L'oeuvre de Léon Detroy, immense par le nombre, considérable par la qualité, prouve tristement que la postérité est aussi affaire de chance. La notoriété de cet artiste est inversement proportionnelle à la qualité de sa peinture », affirme, enthousiaste, Christophe Rameix ( Impressionnisme et postimpressionnisme dans la vallée de la Creuse, éditions Christian Pirot).
Presque tout est bon dans Detroy. On oublie vite des toiles campées comme des exercices, pour ne retenir que de magnifiques tableaux de la veine néo-impressionniste, avec des touches d'abord au service du motif.
Après 1910, son registre évolua, pour s'apparenter au Fauvisme et parfois rappeler Matisse, avec force et caractère. Il a peint la vallée de la Creuse, ses moulins, la Gargilesse à toutes les saisons, sage ou en crue. Il a restitué le bourg sous la neige. Il a peint sans répit, négligeant d'exposer, vivant en ermite avec pour rare ami le poète Maurice Rollinat. Il nous offre aujourd'hui une peinture de grand tempérament, forte et vive, puissamment colorée et irrésistiblement juste.
 L'encadrement, Gargilesse ; jusqu'au 2 septembre, tous les jours de 15 heures à 19 heures. Tel : 02.54.47.86.79.

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