«Le combat avec l'écriture est terminé», avait-il noté sur un post-it collé sur son ordinateur.
Grand
ténébreux au sourcil broussailleux, petit-fils d'immigrés juifs
d'Europe de l'Est, Philip Roth a écrit, debout à son pupitre, près de 30
romans: récits provocateurs des mœurs de la petite bourgeoisie juive
américaine, satires politiques, réflexions sur le poids de l'Histoire ou
sur le vieillissement, ses œuvres sont presque toujours entre
autobiographie et fiction.
Sa plume exigeante et sa lucidité
implacable sur la société américaine ont fait de lui une figure majeure
de la littérature d'après-guerre. C'est le seul écrivain vivant dont
l'oeuvre a été éditée par la Library of America. En France, il vient d'être édité dans la prestigieuse collection de La Pléiade.
Philip Roth a livré une
vision à la fois délicate et lucide de l'Amérique moderne, entre
pornographie, adultère, antisémitisme et fanatisme, détricotant
patiemment le rêve américain. «La littérature n'est pas un concours de beauté morale», affirmait-il.
ll est notamment l'auteur de La Tache, Le Complot contre l'Amérique et Pastorale américaine, qui lui a valu le prix Pulitzer en 1998. C'est Portnoy et son complexe
qui l'avait révélé au grand public en 1969. L'ouvrage avait fait
scandale, à la fois pour ses descriptions sexuelles très crues et sa
façon d'aborder la judaïté.
Après
trente-six ans, Zuckerman l'écrivain retrouve Seymour Levov dit « le
Suédois », l'athlète fétiche de son lycée de Newark. Toujours aussi
splendide, Levov l'invincible, le généreux, l'idole des années de
guerre, le petit-fils d'immigrés juifs devenu un Américain plus vrai que
nature.
Le Suédois a réussi sa vie, faisant prospérer la ganterie paternelle,
épousant la très irlandaise Miss New Jersey 1949, régnant loin de la
ville sur une vieille demeure de pierre encadrée d'érables centenaires :
la pastorale américaine.
Mais la photo est incomplète, car, hors champ, il y a Merry, la fille
rebelle.
Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang... Passant de l'imprécation au lyrisme, du détail au panorama sans jamais se départir d'un fond de dérision, ce roman de Philip Roth est une somme qui, dans son ambiguïté vertigineuse, restitue l'épaisseur de la vie et les cicatrices intimes de l'Histoire.
Et avec elle surgit dans cet enclos idyllique le spectre d'une autre Amérique, en pleine convulsion, celle des années soixante, de sainte Angela Davis, des rues de Newark à feu et à sang... Passant de l'imprécation au lyrisme, du détail au panorama sans jamais se départir d'un fond de dérision, ce roman de Philip Roth est une somme qui, dans son ambiguïté vertigineuse, restitue l'épaisseur de la vie et les cicatrices intimes de l'Histoire.
À
la veille de la retraite, un professeur de lettres classiques, accusé
d'avoir tenu des propos racistes envers ses étudiants,
préfère démissionner plutôt que de livrer le secret qui pourrait
l'innocenter. Tandis que l'affaire Lewinski défraie les chroniques
bien-pensantes, Nathan Zuckerman ouvre le dossier de son voisin Coleman
Silk et découvre derrière la vie très rangée de
l'ancien doyen un passé inouï, celui d'un homme qui s'est littéralement
réinventé, et un présent non moins ravageur : sa liaison avec la
sensuelle Faunia, femme de ménage et vachère de trente-quatre ans,
prétendument illettrée, et talonnée par
un ex-mari vétéran du Vietnam, obsédé par la vengeance et le meurtre.
Après Pastorale américaine et J'ai épousé un communiste, La tache, roman
brutal et subtil, complète la trilogie de Philip Roth sur l'identité de
l'individu dans les grands bouleversements de l'Amérique de
l'après-guerre, où tout est équivoque et rien n'est sans mélange, car la
tache " est en chacun, inhérente, à demeure, constitutive, elle qui
préexiste à la désobéissance, qui englobe la désobéissance, défie toute
explication, toute compréhension. C'est pourquoi laver cette souillure
n'est
qu'une plaisanterie de barbare et le fantasme de pureté terrifiant ".
Jour
et nuit, au travail et dans la rue - à trente-trois ans d'âge, et il
rôde toujours dans les rues, avec les yeux hors de la tête. Un vrai
miracle qu'il n'ait pas été réduit en bouillie par un taxi étant donné
la façon dont il traverse les grandes artères de Manhattan à l'heure du
déjeuner. Trente-trois ans, et toujours à mater et à se monter le
bourrichon sur chaque fille qui croise les jambes en face de lui dans le
métro.
- 1959: "Goodbye, Colombus" (recueil de nouvelles)
- 1962: "Laisser courir"
- 1967: "Quand elle était gentille"
- 1969: "Portnoy et son complexe"
- 1971: "Tricard Dixon et ses copains"
- 1972: "Le sein"
- 1973: "Le grand roman américain"
- 1974: "Ma vie d'homme"
- 1976: "Du côte de Portnoy et autres essais" (essai)
- 1977: "Professeur de désir"
- 1979: "L'écrivain des ombres"
- 1981: "Zuckerman délivré"
- 1983: "La leçon d'anatomie"
- 1985: "L'orgie de Prague"
- 1986: "La contrevie"
- 1988: "Les faits: autobiographie d'un romancier" (mémoires)
- 1990: "Tromperie"
- 1991: "Patrimoine: une histoire vraie" (mémoires)
- 1993: "Opération Shylock: une confession"
- 1995: "Le théâtre de Sabbath"
- 1997: "Pastorale américaine"
- 1998: "J'ai épousé un communiste"
- 2000: "La tache"
- 2001: "La bête qui meurt" et "Parlons travail" (essai)
- 2004: "Le complot contre l'Amérique"
- 2006: "Un homme"
- 2007: "Exit le fantôme"
- 2008: "Indignation"
- 2009: "Le rabaissement"
- 2010: "Némésis"
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