Entre Spirou, le grand héros belge et Felix Nussbaum, le grand peintre allemand de la Nouvelle Objectivité, assassiné à Auschwitz, y a-t-il un rapport ?
Émile Bravo, dans son quatrième et dernier tome de sa série L’Espoir malgré tout, paru le 20 mai 2022 aux éditions Dupuis, fait se rencontrer son personnage de fiction, groom de l’Hôtel Moustic, avec cette figure réelle, victime de la Shoah.
Spirou, c’est un hebdomadaire créé en 1938, dont le rédacteur en chef, Jean Doisy, dirigeait un réseau clandestin de résistance pendant l’Occupation, utilisant l’hebdo comme couverture. Felix Nussbaum est ce peintre juif allemand caché, dénoncé en 1944, et qui finit ses jours à Auschwitz, avec son épouse Felka. Parfaitement documenté, Bravo décrit les conditions du couple d’artistes juifs allemands, et insère son personnage de fiction, Spirou, dans leur quotidien précaire.
Ce dernier volume interroge la notion d’héroïsme, d’engagement, d’humanité, de solidarité, de justice, Spirou devenant le témoin de la période en observant comment les individus s’organisent et les ressorts d’une résistance face à l’injustice.
Cette exposition, à travers la confrontation des planches de Spirou et les œuvres et la figure de Felix Nussbaum, permet d’en apprendre davantage sur l’occupation en Belgique : son administration et ses exactions, une population belge à la fois résistante, opportuniste, collaboratrice ou encore résignée. Le grand public pourra y voir le quotidien d’un Bruxelles humilié, meurtri, désorienté, tout en apprenant sur Jean Doisy, la figure héroïque du Journal de Spirou.