jeudi 30 juillet 2009

Lou Reed Berlin (1973)

Sophie des Grigris a été bien plus rapide que ce que ne le suis. La nouvelle "La fin de quelque chose" sera publiée en fin d'après-midi.
Il y a une quinzaine d’année j’ai commis un roman intitulé « Les Poissons-Filles ». Il n’a jamais trouvé sa place ailleurs que dans mon cœur et celui d’amis. C’est la vie. Ceci étant, en l’écrivant, il m’arrivait très souvent de m’accompagner de musique passée en boucle afin de ne pas avoir à changer le CD. Tel fut le cas pour le Berlin de Lou Reed , album de 1973, évoqué par Sophie, écouté jusqu’à la nausée lors de moments d’écriture névrotique.
Je m'en suis souvenu en composant "La fin de quelque chose". Merci à Grigris. Merci à Lou Reed.

mercredi 29 juillet 2009

3 jours de paix et de musique 4

Alors le dimanche, après que le gouverneur a déclaré White Lake zone sinistrée, quand le bruit se répand que les stocks de nourriture sont épuisés, un sentiment de solidarité se développe avec cette jeunesse. Dans les Bungalows Colonies et les fermes des environs, des milliers de sandwiches sont préparés dans des dizaines de familles, tandis qu’un hôtelier de Monticello fait durcir des centaines d’œufs. Et par les petites routes forestières, les habitants, leurs camions chargés de provisions, rallient le site du festival où le concert a repris. Après l’époustouflante interprétation de With a Little help from my friends de Joe Cocker, version promise à devenir plus célèbre que l’original des Beatles, une tornade s’est abattue malgré les fervents «No Rain» psalmodiés par la foule. Dans le champs désormais transformé en immense bourbier, que commence à faire sécher le soleil d’août, le concert a repris. S’enchaînent alors des groupes qui vont également marqués ce festival comme Santana, Ten Years After, Crosby, Stills, Nash & Young. Et lundi matin à l’aube, Jimi Hendrix entre en scène. Dans la nuit, des milliers sont déjà partis,mais les 30.000 qui restent sont gratifiés de l’une des meilleures performances du festival. Jimi Hendrix au sommet de son art. Quand il attaque The Star Spangled Banner (l’hymne américain), organisateurs et spectateurs sont tirés de la torpeur où les a plongés trois jours de musique, de veille, d’intempéries, d’herbe et d’acide. A travers l’interprétation d’Hendrix, dont la guitare distord les accords de l’hymne national, chacun ressent la distorsion de son ego américain. Maintenant complètement réveillés par les derniers accords de Hendrix qui clôturent le festival, tous se lèvent, et déjà conscients d’avoir participé à un rassemblement sans précédents et qui n’aura pas d’équivalent, les Aquariens se dispersent. Au contraire des immenses embouteillages provoqués par leur arrivée, leurs départs se fondent dans le trafic routier qui, chaque matin, converge vers les tours de Manhattan. Les hélicoptères sont ramené les artistes en ville, et déjà John Roberts et Joel Rosenman font face à leurs banquiers dans un bureau de WallStreet. L’immense majorité des Aquariens constitue désormais au sein de la société américaine la Nation Woodstock. Mais au fond d’eux-mêmes, ils ne peuvent oublier les 500.000 autres, encore prisonniers des bourbiers vietnamiens. Rentrés au pays les vétérans fuient à leur tour une société qui ne les reconnaît pas plus qu’ils ne la reconnaissent. Par rejet de leur passé, ils adoptent les cheveux longs et le bandana des peaceniks. Alors au lendemain du festival de Woodstock, combien seront-ils dans les rangs du million de marcheurs pour la paix qui investira Washington le 16 novembre 1969 ?

Jimi Hendrix

Crosby Stills & Nash

Joe Cocker

Jefferson Airplane

The Who

Janis Joplin

Creedence Clearwater Revival

Canned Heat

Santana

John Sébastien

lundi 27 juillet 2009

Vie de chien

J'étais hier dans mon supermarché favori en train d'acheter un grand sac de croquettes pour mon chien et faisait la queue pour payer. Une femme derrière moi me demande si j'ai un chien. (question con....) J'étais un peu dans les vapes, sur une impulsion, je lui dis : "Non, je recommence un régime. Encore que je ne devrais pas, vu que la dernière fois, j'ai terminé à l'hôpital. Mais j'ai perdu 25 kilos avant de me réveiller aux soins intensifs avec des tubes partout et une perfusion dans chaque bras"
A ce moment là, les yeux commençaient à lui sortir de la tête. J'ai continué avec mon invention de régime, elle avait totalement gobé le truc. Je lui dis alors que c'est facile et pas cher, qu'il suffit de remplir ses poches ou son sac avec les croquettes, et d'en manger une ou deux chaque fois que la faim se fait trop sentir. L'emballage dit que cette nourriture est complète, et donc j'allais encore essayer. Je dois dire qu'à ce point presque tout le monde dans la file était fasciné par mon histoire. Elle m'a demande si quelque chose m'avait intoxiqué dans cette nourriture, pour ça que je me retrouve à l'hôpital ? J'ai dit : "Non, mais j'étais assis au milieu de la rue en train de me lécher le cul quand une voiture m'a percuté".

samedi 25 juillet 2009

3 jours de paix et de musique 3

La plupart des artistes étaient rodés aux festivals, ayant participé à celui de Newport, Monterey ou Miami; le programme prend forme. Joan Baez, Ravi Shankar, Richie Havens, Ten Years After, Grateful Dead, Jefferson Airplane, Joe Cocker, Janis Joplin, les Who et Jimi Hendrix ont déjà donné leur accord. Une sorte d'unanimité des organisateurs avaient écartés les Rolling Stones dont l'image de violence ne cadrait pas avec le festival, et les Doors déclinèrent l'invitation, Jim Morrison étant convaincu qu'il serait agressé et tué sur scène. Des milliers d'affiches sont imprimées et déjà des dizaines de milliers de billets ont été vendus, quand après des semaines de négociations, sous la pression des Citoyens Concernés de Wallkill, le propriétaire de Mill's Park se rétracte. Les spectres d'Easy Rider ont encore frappés. Début juillet, le festival a perdu son site.Woodstock Venture emploie déjà une centaine de personnes et des milliers de dollars ont été dépensés, des garanties versées aux artistes. Un communiqué est immédiatement adressé à la presse, confirmant que le festival aurait bien lieu. La notoriété de l'évènement est maintenant définitivement assurée. La rumeur a pris de l'ampleur, et, des endroits les plus éloignés des Etats-Unis, parviennent des milliers de réservations. Souvent les chèques sont accompagnés d'un message «Love & Peace».
Woodstock était dans l'air. Les participants se souviennent d'une rencontre de hasard où quelqu'un a mentionné Woodstock, une discussion sur le campus, des copains qui forment un projet de vacances. Le mouvement vers l'ouest qui portait encore sur San Francisco et la Californie au moment du Summer of Love de l'été 1967 semble soudain s'être inversé. Tandis que Michael Lang sillonne la région en hélicoptère, des offres arrivent maintenant d'un peu partout, encouragés par leur détermination et le crédit dont ils disposent.C'est ainsi que leur est proposé un champ de la ferme de Max Yasgur, à Bethel, dans le district de White Lake, au pied des Catskills, régions de vallons et de lacs.Dès la visite terminée, Michael Lang est persuadé que ce champ est l'endroit idéal. Un vallon boisé, isolé à presque 2 km de la route principale, un herbage en pente de plusieurs hectares, se terminant par un étang, et suffisamment de terrain plat pour installer une immense scène et le pavillon des artistes. Max Yasgur pose ses conditions, non seulement quant au montant de la location, mais également pour tout ce qui concerne le déroulement des travaux et la remise en état après le festival. Et il demande une nuit de réflexion. Le matin en ouvrant ses volets, il aperçoit, dans le champ qui sépare sa maison de la route, un panneau qu'il n'avait jamais vu. Le panneau annonce: « Don't buy Yasgur's milk. He loves the hippies .»(« N'achetez pas le lait chez Yasgur. Il adore les hippies. ») La décision de Yasgur est prise. Avec son soutien actif, John et Joel conduisent les négociations. Cette fois-ci, les associés de Woodstock Venture vont obtenir un accord définitif des autorités de White Lake. Le vendredi après-midi, avant que ne commence le premier concert, John, Joel, Artie et Mike examinent la situation depuis la scène. Plusieurs dizaines de milliers de gens occupent le champ depuis la veille, d’autres arrivent toujours plus nombreux. Des groupes, avec ou sans leur billet, arrivent ensuite de toutes parts, arrachent les grillages seulement pour arriver à entrer tellement l’accès principal est encombré. La marrée humaine oblige les organisateurs à prendre la seule décision possible, un tonnerre d’applaudissements salue l’annonce faite par John Morris: « From now on, this is a free concert! » A partir de maintenant, l’entrée est libre.
Le souvenir de la gratuité de ce festival contribuera largement au mythe Woodstock. Il poursuit son annonce et demande au personnel d’évacuer les guichets, d’ouvrir les portes et d’aider à la mise à terre des clôtures - dont la pose vient de s’achever - afin que nul ne se blesse en la franchissant.John Morris a d’autres soucis. La paralysie du trafic provoque d’énormes retards dans l’acheminement des instruments et du matériel des artistes. Le concert doit commencer et les amplis de la plupart des groupes ne sont pas arrivés, les camions étant restés bloqués sur l’autoroute 17.

Richie Havens

Bert Sommer

Arlo Guthrie

vendredi 24 juillet 2009

3 jours de paix et de musique 2

Donc le 15 août 1969 pendant que chez tante Yvonne je goûtais aux joies bien naturelles d’un repas familial, plus de 300 000 personnes sont venus à Woodstock assister à ce qui allait devenir le symbole d'une culture extrêmement riche au niveau musical. Les artistes qui se sont produits au festival de Woodstock ne représentent pourtant qu'une partie de ce formidable courant essentiellement anglophone, mais un courant qui fut l'une des rares contributions des Etats-Unis au patrimoine mondial culturel.
L’histoire du festival de Woodstock nous ramène en février 69, lorsque ses 4 organisateurs se rencontrent et souhaitent créer un studio dans une petite ville de l'Etat de New York : Woodstock.
Woodstock, petite ville située à150 km au nord de New York, est un lieu de villégiature et de résidences secondaires, où vit une communauté d’artistes, peintres et sculpteurs. Bob Dylan y a acheté une ferme. Les musiciens de The Band, avec lesquels il répète depuis son accident de moto, vivent désormais dans le voisinage, ainsi que Janis Joplin.
John Roberts et Joel Rosenman, après des études universitaires, songent à monter un cabinet d'investissement. John a hérité de 250.000 dollars de l’époque à sa majorité, et tous deux souhaitent investir dans un projet sérieux.
Michael Lang ouvre en 1966 en Floride une Head Shop, boutique où les hippies trouvaient tout ce qui faisait leur art de vivre: des perles indiennes, des bâtonnets d'encens, leurs journaux, des bougies parfumées, des produits diététiques... Michael Lang avait également été l'un des organisateurs du premier Miami Pop Festival. Mais la police ayant fermé sa boutique, il était remonté à New York où il s'était lié d’amitié avec Artie Kornfeld, alors vice président de Capitol.
Michael Lang
Début 1969, l’avocat de John et Joël leur présente Michael et Artie qui ont en projet un studio à Woodstock et souhaitent les rencontrer. Le métier du disque est en plein développement, les groupes se multiplient, les techniques évoluent. La construction et l’exploitation d’un studio à Woodstock leur apparaissaient comme une affaire sérieuse à proposer à deux hommes disposant d’un capital illimité.
Le projet n’enchante guère les deux investisseurs, mais au cours d’une discussion Michael envisage un grand concert pour l’inauguration du studio. John et Joël, peu intéressés par un studio, sont beaucoup plus attirés par l’organisation d’un concert. L’époque est au grand rassemblement : il y a eu Monterey en 1967 (70.000 personnes), le Miami Pop Festival en 1968 (100.000 personnes), mais rien n’a pour l’instant eu lieu autour de New York, alors pourquoi pas un festival à Woodstock ?
Dans le petit monde du Rock, le bruit commence à se répandre qu'un grand festival se prépare du côté de Woodstock. Peu après, la rumeur se répand: « Un festival aura lieu pendant l'été à Woodstock, dans la ferme de Dylan, dont ce concert marquera le retour sur scène.» Bob Dylan n'est pas réapparu depuis son accident de moto, mais il vient de sortir son premier album depuis trois ans (John Wesley Harding). Avant même que la promotion démarre, le bouche à oreille commence à assurer la publicité de l'événement.
Fin mars, alors que les étudiants occupent leur faculté, commence le feuilleton Woodstock, dont les péripéties rapportées par le presse vont amplifier la notoriété de l'évènement, que propage déjà la rumeur par les canaux innombrables et souterrains du monde aquarien.
Un premier site que négociait Michael lui est refusé sans explications. Les résidents se sont réunit en « Concerned Citizens» et les citoyens concernés ont fait pression : « On ne veut pas de ça chez nous. ». L'intolérance pointée du doigt par le film Easy Rider sorti il y a peu, est belle et bien présente aux Etats-Unis.
John et Joël trouvent alors Mill's Park, emplacement d'une future zone industrielle. Michael n'aime pas l'endroit, plat et sans caractère, qui n'offre pas le cadre vallonné et bucolique dont il rêve; de plus il ne le trouve pas suffisamment isolé. Pas de bonnes vibrations. Une étude du site est malgré tout entreprise au cas où un meilleur lieu ne serait pas trouvé. Cette étude étant satisfaisante les préparatifs peuvent commencer.
Les organisateurs comptent sur 50.000 personnes. Il en viendra six fois plus. Une telle foule demande que soient traités les problèmes d'accueil que posent le présence de dizaines de milliers de personnes rassemblés pendant trois jours, le temps d'un festival, et il faut donc assurer le gîte, le couvert et la sécurité.
Un ancien chef de la police de San Francisco, partage la même analyse de l'époque que les organisateurs : « Nous sommes en 1969. Il y a une guerre au Vietnam, le mouvement pour les droits civiques a pris un tour révolutionnaire et les campus sont entrés en rébellion. Les jeunes sont souvent engagés politiquement et depuis la convention de Chicago la police est l'ennemi. «Pigs» est devenu un qualificatif courant.
Dans ces conditions, il n'est pas question d'une sécurité classique, employant des hommes en armes et en uniforme, d'autant plus qu'il y a fort à parier que marijuana et LSD vont circuler. L'idée du chef de police est d'employer des flics en congé, avec l'accord de leur hiérarchie sans armes et identifiables par le port d'un tee-shirt marqué d'un sigle « Peace Corps », dont l'écho ne peut manquer de susciter la sympathie du public. Finalement, aucun policier ne participera au festival.

Enfin, on fait appel à la «Hog Farm» - ferme du cochon - une commune fondé par Wavy Gravy. Il lui sera confié les services généraux, accueil et organisation de la cuisine centrale des équipes qui travaillent pour le festival. La «Hog Farm» sera aussi charger de responsabiliser la foule afin d'assurer une sécurité sans l'aide de la police.

mardi 21 juillet 2009

dimanche 19 juillet 2009

Dehors ou mort !

De Jean-Francois Richet, je ne connaissais que l’excellent film engagé « Etat des Lieux » tourné en 1994 avec un budget dérisoire. Pierre, ouvrier et communiste qui cite Marx et Lénine et dont la chambre est décorée d'affiches soviétiques, est licencié pour avoir frappé son contremaître. Il part chez ses parents le temps d'un déjeuner, puis pour une promenade nocturne, au cours de laquelle il est agressé par deux fachos. Il cherche un nouvel emploi, errant sur sa moto, dans un univers de tours en béton, désertique et désespérant de la banlieue parisienne. le film procède par collage d'instantanés, de scènes quasi documentaires, filmées en dix jours, à l'arraché...souvent avec la police aux trousses! C'est cette rapidité qui donne au film son énergie, son côté brûlot anticapitaliste. «Rien ne change sans la Révolution ! » était le slogan de ce film, occulté par le succès du film de Mathieu Kassovitz « La Haine » avec une certain Vincent Cassel. Vinrent ensuite « Ma 6-T va crack-er », « de l’amour » et « Assaut sur le central 13 » où il fourbit ses armes à Hollywood dans ce remake d’un film de john Carpenter. Bien lui en pris car ce fut une excellente surprise que la projection .de « L’instinct de mort » qui au-delà de la personnalité (réelle, rêvée ou idéalisée) de Mesrine, nous offre du cinoche pur digne du grand cinéma hollywodien, porté par un recours inspiré à la technique du split-screen qui connaîtra son heure de gloire via les films de Brian De Palma. Un film à la mise en scène musclée d’un Scorcese et à l’interprétation digne d’un De Niro. Un film brutal et sec, privilégiant par ses ellipses insolentes le rythme à la logique.Toutes ces « vignettes » combinées dévoilent les facettes d'un personnage que Vincent Cassel interprète avec une démesure digne des grands «cinglés » de jadis.

samedi 18 juillet 2009

Olympus Pen E-P1

Je vous en ai parlé il y a moins d'un mois. La sortie de l'Olympus E-P1 PEN était très attendu par les photographes désireux de posséder un appareil aux exigences d'un appareil réflex dans le corps d'un compact. Premier avantage : l’encombrement réduit. Sa petite taille permet aux pros d’emmener ce bloc-notes partout. C’est dans un boîtier de 335 g qu’Olympus a réussi à intégrer le capteur au rapport 4/3. Deuxième avantage : des photos de qualité reflex. Le grand capteur – 10 fois plus grand que celui d’un compact classique – permet une diminution du bruit de fond. Les images auront ainsi des noirs plus purs, enfin dépourvus du classique moutonnement rouge, vert, bleu. La définition en hautes sensibilités sera grandement améliorée : il n’est plus nécessaire au constructeur de lisser les images pour cacher le bruit coloré. Troisième avantage : les optiques plus légères. La gamme des optiques qui accompagnent la sortie du E-P1 n’est pas encore très riche, mais compte déjà 6 optiques dont le très séduisant 17 mm pancake (équivalent 24x36 d’un 34 mm) d’un poids plume de 71 g ouvre la voie des optiques ultralégères.
Quatrième avantage : Bref le Olympus E-P1 PEN serait-il en voie de devenir le compact idéal ? Eh bien non. Car Olympus, comme la plupart des grandes marques du marché, manque de radicalité pour offrir aux experts le boitier qu'ils attendaient. la vidéo HD 720p en 30 images par seconde, devenu quasiment indispensable partout, n’est pas vraiment une priorité sur un APN expert. Un APN haut de gamme à focale fixe quatre à cinq fois plus cher que les autres compacts du marché doit satisfaire certaines exigences sinon tout le monde s'en détournera. Dommage car Olympus a concocté un boîtier séduisant qui ne trouve son sens qu'avec des objectifs extra-plats comme le 17mm. Ce qu'il lui manque ? Pas de faire Karaoké ni téléphone portable, pas plus que GPS ni moule à gaufres mais disposer d'un viseur télémétrique intégré. Une mise au point manuelle et une réactivité au déclenchement instantané (et non pas de 0.6 s avec 1,4s d'attente entre deux déclenchements.
Olympus Pen, since depuis 1959 : plus le temps passe et plus les photos sont longues à prendre.

vendredi 17 juillet 2009

Le pays des enfants perdus

Entre 1963 et 1982, la D.D.A.S.S. (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales) de la Réunion transféra 1 600 enfants en métropole. Ces enfants, abandonnés ou retirés à leurs parents furent arrachés à leur milieu pour être confiés, 9 000 km plus loin, à des familles de régions rurales du Massif Central (principalement en Creuse) ainsi qu'à des orphelinats et autres centres éducatifs. Longtemps, une chape de plomb recouvrit ce transfert. Il faut attendre les années 1990 pour que la presse s'intéresse aux "enfants noirs de la Creuse", sans creuser davantage l'enquête. En fait, l'opération bénéficie d'une forte médiatisation le 30 janvier 2002, lorsque Jean-Jacques Martial, un Réunionnais exilé en 1966, dépose plainte pour « enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation ».Comment expliquer l'oubli qui recouvre cette sombre affaire? Sur l'île, seuls les communistes dénoncèrent cette entreprise. Quant aux familles réunionnaises auxquelles on retira des enfants, elles n'avaient pas les ressources nécessaires pour s'organiser collectivement et protester. Comme le rappelle Ivan Jablonka dans son remarquable ouvrage, dont nous vous parlons ci-dessous: "la migration réunionnaise s'est développée et achevée sans que personne n'y prenne garde". Ancien foyer où les Réunionnais étaient accueillis lors de leur arrivée à Gueret (reconverti en espace créole aujourd'hui).La plainte de Martial entraîna en tout cas d'autres témoignages et déchaîna les passions de médias très demandeurs. Certains n'hésitèrent d'ailleurs à à se lancer dans des comparaisons historiques douteuses avec la déportation des Juifs ou encore l'esclavage. On parlait désormais de "crime d'Etat".C'est tout le mérite d'Ivan Jablonka que de rouvrir ce dossier de manière sereine. Son ouvrage "enfants de l'exil" permet de mieux comprendre cet épisode.L'auteur adopte un ton sobre, distancié, en bon historien qu'il est. Pour autant, il dresse un constat général accablant. La lecture de son ouvrage n'a rien de rébarbative, dans la mesure où il se fonde dans un premier chapitre sur les témoignages des pupilles qu'il a pu retrouver dans divers fonds d'archives départementaux (notamment ceux de la Creuse, du Tarn et de la Réunion). Ses enfants souffrent du déracinement, de la solitude, du racisme. Certains sont affectés de troubles psychiques graves qui conduisent parfois jusqu'à la dépression, voire au suicide. Certes, il y eut aussi des cas réussis d'adoption, des réussites sociales, mais dans l'ensemble, l'entreprise fut un échec.La seconde partie, intitulée "la machine d'Etat", démonte les rouages des mécanismes administratifs qui firent fonctionner ce transfert humain. Au coeur du programme se situe un homme, Michel Debré, député de la Réunion à partir de 1963. Très préoccupé par l'accroissement démographique de l'île, il imagine ce projet qu'il n'a de cesse de défendre face aux sceptiques. Pétris de bon sentiment, les employées de la D.D.A.S.S. de la Réunion sillonnent les campagnes réunionnaises surpeuplées en quête d'enfants à "secourir".Les acteurs de cette vaste opération considéraient en effet faire oeuvre utile en envoyant vers la métropole, dans des régions rurales en voie de désertification, ces enfants, qui constituaient une charge pour leurs familles, souvent miséreuses et illettrés. Quelques promesses d'un avenir meilleur et d'une bonne éducation parvinrent parfois à convaincre les parents. Le recrutement s'avérait encore plus facile avec les enfants abandonnés ou orphelins. Or, ce système légal et destructeur perdura jusqu'en 1982 (pour des raisons budgétaires...), sans qu'il ne soulève véritablement de débats, comme nous l'avons vu plus haut. Jablonka analyse d'ailleurs dans son livre les démarches judiciaires entamées en 2002, mais reste circonspect face à cette judiciarisation et au risque du jugement de l’Histoire.En tout cas, avec son ouvrage Ivan Jablonka démontre de manière très convaincante que "la migration des pupilles réunionnais n'est donc pas un dérapage ; elle est une institution républicaine".Pap NDiaye dans sa critique du livre de Jablonka (voir source) conclut:" Par là, ce beau livre rappelle que ni la légalité d'Etat ni le sentiment de "bien agir" ne garantissent la justesse et la légitimité d'une politique. Et puis, le hasard fait qu'il tombe à point nommé, au moment où une association "humanitaire" a tenté d'organiser le transfert d'enfants tchadiens subtilisés à leurs familles. Même si, dans ce dernier cas, l'enlèvement des enfants ne relève pas d'une opération d'Etat, et si "comparaison n'est pas raison", le parallèle est troublant et renvoie à la place des anciennes colonies dans les imaginaires occidentaux : des lieux désespérants où il faut sauver l'humanité malgré elle. Vous avez dit néocolonialisme ?" Danyel Waro.Fils d'un planteur du Tampon, Danyel Waro découvre les chants réprimés de Firmin Viry, Granmoun Lélé, les inventeurs du maloya traditionnel, sorte de blues des champs longtemps interdit par le colon français. Meneur incontesté du renouveau du maloya, il fait le choix exclusif du créole dans ses chansons. Dans son troisième album,“Bébér” évoque sa rencontre avec l’un de ces “orphelins” réunionnais enlevés à la Réunion pour repeupler les campagnes désertées de la France.

jeudi 16 juillet 2009

John Irving : Une veuve de papier

«Une nuit, alors qu'elle avait quatre ans et dormait sur la couchette inférieure de son lit gigogne, Ruth Cole fut réveillée par le bruit d'un couple en train de faire l'amour, bruit qui provenait de la chambre de ses parents et qui lui parut tout à fait insolite». Ainsi s'ouvre Une veuve de papier et le fil de John Irving est toujours jeté entre deux abîmes; d'un côté, des enfants disparus; de l'autre, des parents absents.
Le Monde selon Garp, c'était, pour simplifier: né de père inconnu.
Dans L'Œuvre de Dieu, la part du Diable, dont l'action se déroulait dans l'orphelinat de Saint Cloud's, c'étaient tous les parents qui manquaient à l'appel.
Une veuve de papier réunit plusieurs histoires d'amour autour d'un personnage de femme en deuil, Marion Cole, devenue dépressive après la mort de ses deux fils, dans un accident de voiture consécutif à une dispute avec son mari. Des photos des deux garçons, «il y en avait plein la maison, sur tous les murs». Il lui reste une petite fille, qu'elle a décidé de ne pas aimer par peur de mal l'aimer. Marion ne sort de sa douleur que pendant l'été 1958, pour faire soixante fois l'amour avec le jeune assistant de son mari, Eddie, qui avait l'âge de ses fils quand elle les a perdus. L'abîme est tout autour de la maison des Cole, qui abrite les obsessions, les tourments et les mêmes accès de ferveur sexuelle que la plupart des autres maisons des livres d'Irving.
Ce thème des familles détruites, de ces maisons où il manque toujours d'une façon ou d'une autre la moitié du toit, éveille des nostalgies. Pacs, cellules monoparentales ou pluripolaires à géométrie variable ont fait oublier le cri d'André Gide: «Familles, je vous hais!» La famille est devenue un paradis perdu, et un romancier a toujours besoin de voir au-delà de l'écran de son ordinateur l'horizon de quelque chose qui ressemble à un paradis perdu, même s'il se révèle avoir été un cauchemar. Pour John Irving, cet arrière-plan est le désert fécond où il rencontre les trois âges du monde: l'innocence, le mal et l'humour (les deux premiers appartiennent à la tragédie, l'âge de l'humour est celui du roman). Il parle d'ailleurs logiquement de ses romans comme de membres d'une même famille, certains réussissant mieux que d'autres, mais tous du même sang. Un ring est posé en équilibre sur le fil du funambule. John Irving est un romancier qui aime les contraintes et la lutte. Ses admirateurs ont pu voir dans des magazines les clichés un peu complaisants qui le présentent en maillot de lutteur. Le ring, de facture classique, a été élaboré au XIXe siècle par quelques sportifs de haut niveau dont l'Histoire a retenu les noms: Charles Dickens, Léon Tolstoï, Thomas Hardy. Tous ont su mettre le réel au tapis et dompter l'imaginaire. Irving continue de se battre sur leur terrain et accepte les règles du combat romanesque à l'ancienne: une intrigue, un début, un milieu, une fin. Interrogé par les journalistes de périodiques sportifs et littéraires, il a précisé qu'il se battait avec ses personnages tous les jours de 8 à 16 heures et que ce combat était suivi de deux heures, quotidiennes elles aussi, de musculation et de décontraction.
Une veuve de papier - n'est jamais décevant. Le lutteur, qui se dit aussi artisan, a employé son expérience, sa puissance et sa capacité de ruse à faire entrer les éclats de rire, les surprises, la fantaisie, la truculence et l'absurde de la vie dans le labyrinthe de son livre.
Le lecteur rit, sourit, pleure, comprend, s'interroge, et surtout: il devient l'ami de pratiquement tous les personnages. Il adopte Ruth, bien sûr, la petite fille (pour Irving comme pour Dickens, l'enfant est essentiel au roman, parce qu'il incarne dans sa fragilité de petit animal pensant notre précarité à tous, et c'est toujours l'enfant qui pose sur le nez du romancier les lunettes de la naïveté). Mais il s'attache aussi à Eddie, à Marion, à Ted et même à l'insupportable Hannah, celle qui, chaque fois qu'elle aperçoit un homme qui lui plaît, entend le bruit de son slip qui glisse sur le sol. La plupart sont ou deviennent des écrivains; ils ont même un lecteur en commun, une sorte de lecteur idéal: un flic dans le quartier des putes à Amsterdam! C'est qu'ils sont nés sur un ring où l'ombre de Garp continue de s'allonger. Dans le monde d'Irving, il y a toujours des gens qui écrivent pour soigner la douleur d'exister dans un chaos.
Dans le mouvement du livre qui court en secret vers son happy end («Ne pleure pas...»), on croise quelques princes charmants, un grand méchant serial killer, et deux princesses (mère et fille) qui savent attendre. John Irving a même ramassé les cailloux de petits nains courageux, comme Graham Greene, qui ont toujours vécu dans la forêt du roman. C'est que John Irving, s'il se bat sur un vieux ring, n'oublie jamais que depuis Dickens le monde et le roman son beau miroir ont continué de tourner. L'auteur utilise les diableries de son temps. S'il feint le doute et les questions, c'est pour mieux nous perdre, mon enfant. Les cœurs étranglés d'Une veuve de papier battent du fond des âges. L'été 1958 ne finira jamais.

vendredi 10 juillet 2009

I Got Dem Ol Kozmic Blues Again Mama! Janis Joplin (1969)

Ce disque au titre à rallonge est tiré par la voix de Janis Joplin qui distille un blues agréable et bien emmené, sans toutefois confiner au génie. Son chant est appuyée par une section de cuivres très rythm n'blues. Elle est déjà quasiment au sommet de son art avec cette façon de lancer sa voix, déchirant la mélodie, puis la laissant traîner avec un vibrato heureux, notamment sur «Maybe». La suite alterne entre grooves cuivrés et blues électrique comme «One good man» qui lui convient tout aussi parfaitement. L'ensemble rappelle le style du label Stax, dont ce «Kozmic Blues» qui offre un ton soul mené par une mélodie de piano tout en douceur. La chanteuse peut passer du chuchotement au hurlement avec la même maîtrise selon que l'ambiance est douce ou brûlante. Au final, ce sont huit titres réussis, avec quelques montées saisissantes, qui forment ce disque, unique enregistrement studio avec le Kozmic Blues Band. La version agrémentée de trois bonus, dont deux enregistrés à Woodstock, propose le magnifique «Summertime» où les cordes de guitare sont une caresse face au chant déchiré, mais si poignant, de Janis Joplin.
Raphaël Richard

jeudi 9 juillet 2009

Jethro Tull : Aqualung (1971)

Formé à la fin des années 60 par Ian Anderson et Martin Barre, Jethro Tull s’inspire du Blues. Le second album « Stand Up », sorti en 1969, rencontre un franc succès notamment grâce aux classiques "Bourée" et "Nothing is easy". Nous voilà rapidement en 1971 et là, c’est le choc.
«Aqualung» est une perle de part ses arrangements et sa musicalité. La flûte traversière de Ian Anderson apporte des mélodies assez magnifiques aux compositions du groupe.
L'un des albums phare du groupe.

mercredi 8 juillet 2009

United Government of têtes de cons

Deux chercheurs du CNRS publient, pour le compte de l'Open Society Institute, la fondation de Georges Soros, une enquête statistique alarmante sur le contrôle au faciès : un Arabe est sept à huit fois plus contrôlé qu'un Blanc par la police française. Pour un Noir, c'est six fois plus probable.
Cette étude, menée dans une grande discrétion, a permis de passer au crible 525 opérations de police, entre octobre 2007 et mai 2008, dans deux points de grande affluence de la capitale : Chatelet et la Gare du Nord.
En France, où les statistiques ethniques continuent de faire débat, aucune étude ne se basait jusque-là sur des chiffres précis associés aux dénominations « Arabe », « Blanc » ou « Noir ». Seules des enquêtes déclaratives existaient, sur le sentiment de discrimination.
Cette fois, les deux universitaires entendaient comparer le traitement policier envers les Arabes ou les Noirs et celui envers les 37 000 personnes qui se trouvaient allentours. En particulier lorsqu'ils sont jeunes, puisque les deux auteurs, Fabien Jobard et René Lévy, relèvent aussi l'influence du look des interpellés. Au point de faire le rapprochement avec les émeutes de 2005 et de parler de sentiment de « harcèlement » chez les jeunes contrôlés.
Ça discrimine, mais en plus ça ne marche pas !
Ces chiffres, publiés le mardi 30 juin, sont édifiants. Mais ils se doublent d'un autre enjeu : celui de l'inefficacité de ces moeurs policières. Alors que la Préfecture de Paris a manifesté son « intérêt » pour l'enquête, on sait que le contrôle au faciès non seulement discrimine mais qu'en plus, il ne marche pas.
C'est ce que nous apprenait déjà l'Open Society Institute au printemps, dans une enquête sur le « profilage ethnique » (ou « l'utilisation par les forces de l'ordre de généralisations fondées sur l'ethnicité, la race, la religion ou l'origine ethnique pour fonder leurs décisions de lancer des opérations »).
Dans ce dossier publié le 26 mai, l'institut de la Fondation Soros écrivait que la pratique s'était banalisée, en particulier depuis les attentats contre le World trade center : « Depuis les attentats du 11 septembre, on note un surcroît d''intérêt pour le profilage ethnique, et le recours à cette pratique s'est fortement intensifié. Même si le public européen tend à condamner les cas d'abus les plus scandaleux (tels que la séquestration et la torture) associés à la “guerre contre le terrorisme”, nombreux sont ceux qui considèrent le profilage des musulmans comme une nécessité. »
Inefficace pour prévenir les attentats de 2005 à Londres
Cette étude de portée européenne montre que, dans la plupart des pays européens, le profilage ethnique s'est imposé. Ainsi, en Grande-Bretagne, seul pays de l'Union européenne à collecter systématiquement les données ethniques dans les pratiques policières, les Britanniques d'origine asiastique ont été cinq fois plus contrôlés à partir des attentants dans le métro de Londres, à l'été 2005.
Or les mêmes auteurs, déjà formels, écrivaient qu'il n'existe « aucune preuve que le profilage ethnique puisse prévenir les actes criminels ou les actes de terrorisme ». Et, un peu plus loin : « A vrai dire, le profilage réduit en fait la sécurité, car il oriente les ressources de police vers de fausses pistes, et lui aliène certranes personnes dont la coopération aurait été nécessaire pour repérer efficacement des actes criminels. »
Autre exemple londonien : un rapport présenté aux Communes en mai 2006 de la Commission parlementaire sur le renseignement et la sécurité montre que les cerveaux de ces attentats de juillet 2005 dans la capitale britannique n'avaient pas été poursuivis même s'ils étaient connus des services de police, dans la mesure où trop peu de cases correspondant à un prétendu « profil de terroriste » avaient été cochées.
A l'inverse, en Espagne, une petite ville près de Madrid, Fuenlabrada, avait essayé fin 2007 d'abaisser le nombre de contrôles, de 958 à 396, abonnant le critère éthnique pour mieux se concentrer sur de vrais faisceaux d'indices. Résultat : les contrôles se soldant par la détection d'un acte criminel ou d'une infraction avaient bondi de 6% à 28%.
La politique migratoire a infusé les pratiques policières
A l'époque, la Fondation Sorros recommandait une « décision cadre » de l'Union européenne qui prohiberait explicitement le profilage ethnique, théoriquement illégal en France, comme le rappelait récemment un juge rennais.
Pas de signes de changement du côté de Bruxelles, mais des chiffres français qui viennent étayer avec précision l'ancrage de cette pratique dans l'Hexagone, notamment à la faveur de la politique d'immigration.

mardi 7 juillet 2009

Anti-cons


Beaucoup d'optimisme mais des réserves, voilà comment fut accueillie la nouvelle : il paraîtrait que l'on va mettre au point un moustique transgénique incapable de transmettre le palu, mais se reproduisant un jour avec entrain, imposant son nouveau gène à ses descendants.... La recherche transgénique n'en est qu'à ses balbutiements, j'ai confiance pourtant, un jour viendra où les moustiques seront de vraies seringues vivantes, pleins de vaccins inutiles contre des maladies à jamais disparues. En attendant, et pour peu qu'un savant fou me lise - le net est au hasard, n'est-ce pas - eh bien, j'aimerais soumettre le projet suivant, petit projet sans prétention mais bien pratique. Voilà : pourrait-on envisager le plus sérieusement du monde de créer un moustique (ou une puce ) transgénique à flinguer les cons ? Une bestiole qui, d'une piqûre, d'un pincement, d'un coup de griffe, donnerait aux imbéciles nombreux qui nous entourent le sommeil éternel dont ils s'honoreraient ? Attention bien entendu, il faudrait que la chose se fasse impérativement la nuit dans un lit, sans souffrance ni prémisse, sans risquer l'accident de voiture ou la chute soudaine au milieu d'une piste de danse écrasée par le vacarme... Il s'agirait d'une nouvelle arme chrono-biologique. On me rétorquera de la difficulté de liquider tous les cons de la planète, et du fait qu'on est toujours le con d'un autre, et moi le premier ma bonne dame, suffit de lire mon mail parfois pour tomber des nues à défaut d'un trottoir.... Ah là là, comment identifier les cons, les gros cons ? Par exemple, les cons à fabriquer l'insécurité ? Facile : ce sont ceux qui ne respectent pas le code de la route sous l'excuse fallacieuse mais volontaire qu'ils savent mieux conduire que les pauvres
pauvres ne possédant pas un 4x4 allemand. Ceux-là, on les voit. Ah, bien sûr, on perdrait dans l'affaire quelques chirurgiens, quelques notaires, des pharmaciens et des footballeurs. Mais bon, imaginons quand même le crédit donné à la vie en les comparant avec les patronnes de boîtes de nuit, les chauffeurs de taxi de province, les commerçants en franchise, les diplômés d'écoles de commerce... J'en passe et de bien meilleurs. Un moustique par grosse bagnole, un insecte par excès de vitesse... Dans le même registre mais à l'autre bout de l'échelle sociale en panne, les amoureux du tunning et ceux qui percent les pots d'échappement des mobylettes™, à défaut d'un nom plus court, ceux qui me réveillent la nuit. Un petit moustique. Ceux qui votent mal, ceux qui pillent les richesses de l'État, ceux qui piquent dans la caisse, les donneurs de leçon, les faux-chanteurs et les vraies beuglantes, les inventés du sans-talent, les filles qui passent à la télé la bouche ouverte, les gros en camping pas sauvage, bon sang de bonsoir, mon moustique aurait le cafard devant tant d'hécatombe ! Sans compter les admirateurs de ci, de là, les croyants intransigeants, les serial killers, les pères qui marient leurs filles sans consentement, les maris qui trompent leur monde et les femmes infidèles, pour faire plaisir à Brel et rigoler un bon coup.

mercredi 1 juillet 2009

Nassamou du genou


Je vous ai déjà parlé de Nassamou, non ? Mais si, pas plus tard que samedi dernier. Vous vous souvenez pas ? C’est bien la peine de vous fournir des informations de première bourre. Enfin bref, chers lecteurs, déjà que vous n’êtes guère nombreux, si je commence à vous accabler de reproches, je peux tirer le rideau et mettre la clé sous le clavier de mon ordinateur. En fait, je ne vous ai pas tout dit sur la visite de Nassamou. Et comme je vous dois tout (faux cul, en plus). . Tout c’est passé si vite. Ca a commencé comme cela.
« Allo ! Papa ? - oui. - C’est Yann. »
Bon, jusque-là tout c’est passé comme dans le meilleur des mondes. Ceci-dit, je suis resté circonspect. Mon fils appelle rarement. Au téléphone il préfère le contact humain. Je ne peux l’en blâmer.
Inquiet de nature, chaque appel téléphonique me laisse augurer un drame. Pourtant la Gestapo n’existe plus officiellement et les camps de travail ou de rééducation pas encore ouverts sous Sarkosy. L’inquiétude, vous dis-je, on ne refait pas.
« Je voudrais savoir, reprit mon fils après un temps qui me parut un siècle, si tu pourrais recevoir un exposant à ta boîte ? »
En soi, la chose est d’un banal. Des exposants j’en accueille au moins deux à la semaine pour le compte de ma boite. La proposition émanant de mon fils est plus surprenante. D’emblée j’ai crains le pire et j’ai eu raison. Une fois n’est pas coutume. On a toujours raison de se méfier.
A onze heures donc, ce mercredi là, alors que je vaquais à mes occupations quotidiennes, tout en m’appliquant à exposer le « Circuit du document » en bibliothèque à une stagiaire, élève de seconde, le téléphone me vrilla les tympans tout comme la voix d’Abraham, le gardien.
« Allo ! Eh dépêche-toi, j’ai un enturbanné pas clair dans le hall avec une folle qui te réclame pour une expo !!!. » Et clac ! Raccroché à la gueule.
Une folle et un enturbanné pas clair. Franchement, je voyais pas. A part l’exposant de Yann, je voyais vraiment pas qui pourrait venir à cette heure. Bon, j’y vais quand même. Haut les cœurs. Pas le temps d’atteindre l’entrée de la médiathèque, qu’une femme vêtue de toile fauve, des Ingall touareg aux oreilles se jeta dans mes bras et m’embrassa.
« Ca fait un bail qu’on s’est pas vu, non ? » lâcha t-elle l’œil pétillant de malice. Je la remis, peu à peu. Ainsi la folle était Christine, la belle-mère de mon fils. Et en réfléchissant bien, vu que la dernière fois que je l’avais vu, c’était au mariage des enfants, que Totote et Nénette étaient encore de ce monde, que je vivais encore avec mon ex à l’époque et que je suis désormais avec Isabelle depuis dix ans, effectivement, ça faisait un bail qu’on ne s’était pas vu.
A première vue, je ne le regrettais pas.
Durant toutes mes tergiversations cérébrales, nous avions, Christine et moi, rejoins le hall où « l’enturbanné pas clair», pour reprendre l’expression d’ Abraham, restait un rien coincé dans la porte à tambour avec ses colifichets et autres babioles destinés à être exposés.
« Voici Nassamou ! » annonça Christine au tout venant le hall. Nassamou vient du Niger. Il est Artisan-éleveur, il fait partie d’une association « Baraka… » Abraham, tout transpirant avait allumé ses feux de détresse. « Il a bien de la chance, ce Nassamou, d’avoir la baraka, mais s’il pouvait se casser du hall d’entrée avec l’aut’ folle, ça m’arrangerait », semblait-t-il me lancer. Philippe, l’agent de sécurité comptait troquer les mots fléchés contre un gun dans le tiroir face à lui. Nassamou, bordel, pensais-je, arrête de faire le con dans le tambour, après trois sommations d’usage, ils tirent. Et je voyais bien qu’en dépit des efforts certains de Nassamou, Abraham sentait poindre les emmerdements. Derechef j’emportais dans mon sillage, Nassamou en habit du pays et Christine toute auréolée par la magnificence du hall. « C’est beau ici, hein, Nassamou !
» Arrivés sur le lieu d’exposition pas le temps de souffler, Christine pris l’initiative.
« Nassamou, tu vois tu as des tables. Tu vas pouvoir t’installer. C’est chouette, il y a de la place ici. Aurais-tu quelques linges colorées pour habiller les tables » Je n’avais pas eu le temps de passer au Marché St Pierre, ce matin. Je m’excusais donc. « C’est pas grave.» répondit Christine à mes balbutiements épileptiques de futur chômeur.
Ce qui serait bien quand-même, ce serait d’avoir des chaises pour les gens qui voudraient venir discuter avec Nassamou. Tu as des chaises, Christian ? qu’elle me demande.
Des chaises ! Des chaises dans le hall d’accès au restaurant d’entreprise ! Pourquoi pas une tente caïdale, des poufs et des peaux de bête, pendant qu’on y était. Des fois qu’on aurait envie de se vautrer en bouffant des loukoums avant de reprendre le collier. Et puis, sous les panneaux d’informations syndicales, une litière pour les bêtes de Nassamou et un petit abreuvoir. J’imaginais la scène. Certes touchante mais radicale pour qu’Abraham et Philippe aillent pointer illico aux Assedic, un peu avant moi, en court séjour à l’hôpital où n’auraient pas manqué de m’envoyer mes deux coreligionnaires à grands coups de bourre-pif.
. « Regarde, ces beaux bijoux touareg ! Regarde ! » S’émerveillait Christine. Soudain elle fit volte face et pointa un doigt sur moi. « Tu sais pas, on va déplacer cette table de là, à là, comme ça Nassamou fera le thé pour les visiteurs, comme au Niger. » Du thé ! Comme au Niger ! C’est sûr, on y perdrait pas au change, les distributeurs Selecta dans les étages servaient du Mir tiède en guise de thé au citron. Alors du thé à la menthe, pensez, et comme au Niger en plus, j’étais fou de joie. Nassamou et Christine ont déplacé la table. Nassamou a disposé quelques verres à thé, la menthe fraîche embaumait le hall. « Et pour l’eau ? » j’ai tendu un rien l’oreille. « Comment ! » C’est bizarre il y a des moments ou je deviens con et sourd, voire les deux en même temps. Va falloir que je consulte. « Pour l’eau, comment on va faire pour l’eau ? » Ah, oui, l’eau pour le thé comme au Niger. Comment expliquer à Christine et Nassamou que les bouilloires électriques étaient interdites. De plus, le hall ne disposait d’aucune prise électrique.
« Pour l’eau non plus, c’est pas grave, lâcha Christine. Nassamou à son Butagaz. » Un quoi ! Un Butagaz ! Nassamou je t’aime bien mais là on va avoir de gros, gros, gros, gros ennuis si tu sors la bouteille de Butagaz dans le hall. Putain de bordel de merde ! Si Abraham et Philippe apprennent qu’ils ont laissés passer une bouteille de Butagaz dans la boîte et que le chef de la sécurité rode dans le coin, Nassamou il est pas près de retourner faire le cow-boy au Niger. Car Nassamou est éleveur et cette année, à cause de la sécheresse, ses bêtes ont manqué de pâturages. Alors, Nassamou, écoute, chez toi il y a pas d’eau. Pas d’eau, pas de thé. Pas de thé, pas de Butagaz. Comprendo, mi amigo ?
« C’est dommage…. » ajouta Christine. Tout tremblant de fièvre, je l’aimais déjà. « C’est dommage, avec le thé c’aurait été bien plus convivial. »
Oui, mais bon, y a pas d’eau, alors y a pas de thé et pas de Butagaz. On va pas en mourir.
« Et la cantine ! On peut faire chauffer de l’eau, à la cantine ! » Ah Christine et la réglementation en matière d’hygiène et de sécurité dans les entreprises privées, c’est que du bonheur. J’ai fait non de la tête. Nassamou, le farouche, n’esquissait pas l’ombre d’un sourire depuis son arrivée. Restait la fontaine. En laissant couler un peu, ben, l’eau était brûlante. Je l’ai prouvé à Nassamou en me cloquant l’index mais pas du tout convaincu, mais alors pas du tout, vu qu’il a commencé à remballer la vaisselle. « C’est pas grave, Nassamou….. » fit Christine. Dans mon dos j’ai croisé les doigts des deux mains très fort question qu’elle n’ait pas une idée géniale genre méchoui et chant et danse berbère.
Il était onze vingt cinq. J’étais un rien mou du genou. C’est alors qu’est arrivée Joseph avec les casques pour le scotère. Ils étaient venus en bande. Joseph, c’est le compagnon de Christine, un ancien pompier. Tout de suite, ça m’a rassuré un brin. Je me suis dit que j’allais peut-être pouvoir bouffer tranquille avec Joseph le pompier dans le hall entre Nassamou, Christine et la bouteille de Butagaz. « T’as un endroit pour les casques ! a demandé Christine. C’est Joseph qui va ramener Nassamou en scooter. Moi, faut que j’aille au boulot. » Enfin une bonne nouvelle. L’appétit m’est revenu d’un coup. Je sais pas pourquoi.
J’ai stocké les casques et direct la « cantine » avec ma petite stagiaire.
A notre retour, Christine était toujours là à vanter les mérites des bijoux de Nassamou aux curieux. Nassamou, gardait la fontaine comme un puit du désert. Personne ne pouvait s’en approcher. Pourvu qu’il ne nous l’embarque pas. Avec des tandeurs sur le scotère, je voyais pas très bien comment Joseph et lui allaient arriver à bon port. De toutes les manières personne pouvait accéder à la machine. L’air farouche et déterminé de Nassamou tel Omar Shariff dans Lawrence d’Arabie en a dissuadé plus d’un de se désaltérer à la fontaine.
« Joseph et moi, on va manger à la cantine, on peut ? » - « Tiens, Christine, t’es encore là ? » j’ai failli répondre. Je m’en suis abstenu. Ils allaient descendre au restaurant d’entreprise lorsque je leur ai tendu ma carte d’accès. « Merciiiiii !!!!!!! »
C’est pas tout ça, mais il me fallait ouvrir la permanence médiathèque. Et laisser Nassamou devant le puit avec ses bijoux et toutes les gonzesses qui tournaient autour. Pas simple. Et comment confisquer le sac contenant la bouteille de Butagaz ? J’ai stressé un temps en attendant l’explosion. Ma petite stagiaire a été prendre une photo de Nassamou pour l’inclure dans son rapport de stage.
« Nassamou, m’a donné son numéro de téléphone. » a t-elle lancé. « Si je vais au Niger je n’ai qu’à l’appeler. » Ah il ne perdait la Nord, l’homme bleu. Carte de visite, téléphone portable. C’est le père de ma stagiaire qui allait être content. Il viendrait sûrement pour me casser la gueule, lui aussi. Il fallait que j’en parle à Abraham pour lui interdire tous les accès. Putain, je vivais aussi dangereusement que Jack Bauer depuis moins d’une heure. Sincèrement, je ne me sentais pas près. Et surtout je ne me sentais pas bien. J’ai laissé ma stagiaire assurer l’intérim et me suis enfermé seul dans un bureau pour pleurer à défaut de me pendre. « Coucou ! C’est nous ! On te dérange pas au moins ? » Christine et Joseph avait mangé aussi vite que le temps avait passé.
« Nassamou est content. Il vend bien ses bijoux ! ». Sans Butagaz, sans thé, sans eau, sans rien on arrive encore à vivre. Il suffit d’y mettre un peu de bonne volonté, c’est tout. Les minutes s’étiraient lentement tel un chapelet de capucin. « Je crois que je vais y aller ! » finit par dire Christine. « Joseph ramènera Nassamou. » Oui, c’est le mieux qu’il ait à faire de ramener Nassamou en scotère car on allait pas se le garder en décoration dans le hall. «Je te raccompagne pas, tu connais la sortie ? »
Dans le lointain, Abraham me sembla nerveux. « Ca faisait un bail qu’on ne s’était pas vu. Au moins, avec Nassamou, saura été l’occasion, chao ! Chao ! A bientôt » J’en croyais pas mes yeux, elle partait. Ce qu’elle fit. Abraham esquissa un sourire nerveux qui ressemblait étrangement à un rictus.
Juste aux vêpres, à quatorze heures, donc, j’ai senti comme un frémissement dans les draperies de Nassamou. Il pliait le bivouac. J’ai couru faire chauffer le scotère tandis qu’Abraham et Philippe en larmes ouvraient grands les portes de l’établissement pour que la sortie soit triomphale mais sans appel. Ce qui fut fait après les embrassades habituelles.
Quand tout fut fini, que s’affichaient calme et sérénité sur les visages des membres de la sécurité, Abraham me fit signe de m’approcher. « Plus jamais ça ! » vociféra-t-il à mes oreilles purpurines. « Surtout, la folle ! » Il avait pas tort sur tout, mais quand-même. « La folle, comme tu dis, c’est la belle-mère de Yann et Yann il vient demain. »
« Tu rigoles !!!!! » Alors son visage s’est éclairé d’un large sourire éclatant. Dans l’ombre il m’a semblé distinguer un rasoir scintillé. Rien n’était sûr. Soudain j’ai eu peur d’être privé de descendance. Et encore Abraham n’était pas au courant pour la bouteille de Butagaz. Ya des jours comme ça où la vie ne vaut pas d’être vécue. Vie de merde, quoi !