vendredi 28 novembre 2008

Fred Vargas s'en mêle....

Fred Vargas
Fred Vargas écrit d’excellents polars. Les adaptations de « Pars-vite et reviens tard » et « Sous les vents de Neptune » étaient plutôt réussis. Je n’ai pas de conseil de lecture à vous donner sinon de les lire tous pour l’intelligence et le plaisir indescriptible qu’ils procurent. Son dernier roman : « un lieu incertain » démarre par un sanguinolent amas de dix-sept jambes tranchées net, encore chaussées, découvertes un matin devant le cimetière nord de Londres. Un sacré enquête qui va mener le commissaire Adamsberg jusqu’aux confins de la Serbie, dont l'intrigue à trois niveaux, plus complexe que les précédentes, est toujours aussi délectable. Mais Fred Vargas, en plus d’être une archéologue-romancière, est une citoyenne qui se mobilise pour la protection de l’environnement avec le mouvement Europe Ecologie. Un texte qui fait plus froid dans le dos, bien plus que ses polars et ce n’est rien de le dire.
« Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous», entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution. Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie. « On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est –attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille- récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés). S’efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y. Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible. A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut-être. A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. » Fred Vargas

mercredi 26 novembre 2008

Panasonic Lumix LX3 : un compact audacieux

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi le père Noël est passé de très bonne heure. Travailler plus pour livrer plus. Merci qui ? Comme çà, si d'aventure le cadeau ne me convenait pas, eh bien le soir de Noël je lui allumais la gueule et bouffais ses rennes, au père Noël. Remarquez, je n'ai rien contre les rennes, ni les ours polaires. Je dis cela pour ne pas être emmerdé. Quoi qu'il en soit, le père Noël ben cette année il à du bol .
Car comme cadeau j'ai reçu un bien joli compact construit avec soin. Il a la particularité de disposé d’un zoom Leica certes modeste en zooming 24-60mm, mais record quant à sa focale de 24mm ultra lumineuse puisqu’elle ouvre à f2, contre f2.8 au 60mm. Autant dire que travailler en base lumière sans flash ne lui fait pas peur.
Bien entendu pour un appareil destiné aux photographes il offre le choix entre mode priorité diaphragme, priorité vitesse ou manuelle ainsi qu’un mode programme et une pléthore de mode scènes. Un quadrillage s’affiche à la demande ainsi que l’histogramme à la prise de vue pour les plus pointilleux. Certes, mettre beaucoup de pixels sur un capteur 1/1.63 à tendance à vite brûler les hautes lumières, problème que l’on peut palier en enregistrant ses fichiers en RAW. Panasonic fournit son logiciel maison Silkypix pour un développement des fichiers Raw avant de les convertir en TIF sans compression pour éventuellement les travailler ou en JPEG pour une utilisation immédiate.
Les fichiers du LX3 sont dénués d’aberration chromatique et d’une distorsion maitrisée au 24mm. Il gère également très bien le bruit jusqu’à 400 iso même si sur des fichiers noir et blanc le bruit en haute sensibilité rappelle le grain des émulsions argentiques. Il ne faut toutefois monter trop haut, les 3200 iso étant réservés aux situations extrêmes. Bref, un petit boitier expert à trimballer partout pour des fichiers au format 30x45, comme ceux qui suivent, sans aucun problème.
je sais, cela fait un peu langage ésotérique pour les béotiens mais les débutants aussi peuvent se servir sans coup férir de ce Panasonic Lumix LX3 en optant pour le mode programme qui choisira expositions et vitesses les mieux adaptées selon le sujet et la luminosité du sujet.
Il est vrai que ce Panasonic Lumix LX3 n’est pas donné, mais en cherchant bien on peut le trouver à moins de 400 euros. Les plus fortunés, choisiront le même modèle décliné en version Leica D-Lux 4 mais avec une augmentation prohibitive de 200 euros, prestige oblige.
Pour ma part, je dis merci père Noël.
Chez moi : f2.5-1/60 ème à 1250 iso
Place Igor Stravinsky : f5-1/60 éme à 80 ISO
Centre Pompidou : f7-1/13 ème à 80 iso
Centre Pompidou : f8-1/125 ème à 80 iso
Passerelle des Recollets : f2-1/60 ème à 1250 iso
Rue du Faubourg St Martin : f2.5-1/15 ème à 400 iso
Rue du 9 mai 1945 : f5.6-1/4 ème à 400 iso
Quai de Valmy : f8-1/15 ème à 400 iso
Passerelle des Recollets, quai de Jemmapes : f2.8-1/8ème à 400 iso
Local poubelles : f2-1/10 ème à 200 iso
rue du 9 mai 1945 : f2-1/15 ème à 200 iso
Rue du faubourg St Martin : f2-1/20 ème à 200 iso
RueLucien Sampaix : f2-1/10ème à 200 iso
Photos Papou 2008

mardi 25 novembre 2008

Conforama, culs en émoi

Mes enfants, militants chez les Verts me tannent sans arrêt pour acheter des produits ou matériaux non nocifs pour la santé et l’environnement. Au lieu de me faire gentiment chier à lire les ingrédients listés sur mes boites comestibles quand ils viennent manger à la maison, ils auraient mieux fait de s’adresser directement à la direction de Conforama. Car ce grand distributeur « a retiré de la vente des milliers de sièges modèle Tchernobyl importés de Chine : le produit anti-moisissure qu'ils contenaient à provoqué des brûlures à plus de 500 utilisateurs.» «C'est dans ce fauteuil que mon mari était le mieux, il était tellement moelleux. » Tu m’étonnes, Simone, voilà un fauteuil qui ne laisse pas de glace mais vous fait fondre de plaisir. « On s'y enfonçait comme dans les couettes de grand-mère», se souvient une cliente. « Maintenant, mon mari ressemble à un toast » aurait-elle pu ajouter. Forcément le fauteuil de relaxation lui a brûlé le dos. En cause, le dimethyl fumarate, un antifongique, contenu dans des petits sachets blancs. Le dimethyl fumarate est un composé volatil, qui devient gazeux à la chaleur, et la chaleur c'est vous quand vous vous asseyez dedans qui provoquent des brûlures de contact. Une saloperie chimique quoi !
Au lieu de mettre des sachets anti-moisissure le fabricant NIKLEKU aurait mieux fait d’avoir l’ingénieuse idée d’enduire et cirer les fauteuils avec de la Biafine afin de prévenir tous risques de brûlures et fournir deux extincteurs en guise d’accoudoirs. Il n’empêche que 533 malheureuses personnes ont été victimes des «fauteuils maudits» NIKLEKU modèle Quentin Tarentino. Et personne n’est responsable. Conforama se propose de rembourser les fauteuils. Bientôt, il sera trop tard, il faudra rembourser les frais d’obsèques.
En tout cas maintenant, moi je reste debout tout en souhaitant que personne chez Celio n’aura la fâcheuse idée de glisser des sachets de dimethil teramate dans les slips les caleçons voire les chaussettes sous peine de me refiler la Pécole, vous savez cette maladie étrange qui voit la peau du cul qui se décolle. On n’arrête vraiment le pas le progrès.

lundi 24 novembre 2008

Hadrien et Camomille

Tiens, l’autre jour je pensais lorsqu’un visiteur de mon blog a consulté l’article «On the Road Again» concernant la transhumance du bachelier Hadrien et de jolie sa charolaise Camomille : ben, où en sont-ils de leurs périgrinations ? Car nulle trace dans la presse depuis l’information officielle de son départ en août dernier. Le 1er novembre l’émission « 3o millions d’amis » leur a consacré un petit reportage dont je ne trouve malheureusement aucune copie. Ce matin, mon sang n’a fait qu’un tour et je me suis permis d’appeler une charmante employée de la mairie de Valanjou d'où ils sont originaires, qui m’a communiquée de ses nouvelles. Eh bien voilà t’y pas qu’Habrien et Camomille ont un blog ! Oui, un blog comme vous et moi ! Alors, si comme moi vous voulez savoir ce qu’il advient de leurs aventures consultez le blog d’Hadrien et Camomille bioman49.skyrock.com/
Et en rappel de leurs aventures :

samedi 22 novembre 2008

La Maison jaune 3/3

Il est vrai que le temps n’était pas au mieux, mais la route avait été bonne. Confortablement installé dans la bagnole, j’avais dormi une bonne part du trajet en écoutant la radio. J’ai ouvert un œil au péage et regardé défilé les arbres jusqu’à La Rochelle. La zone industrielle aux enseignes agressives m’a tiré de mon hébétude. Passé le pont, l’anse de Rivedoux a calmé mes pulsions meurtrières. Nimbée de gris acier, l’île était belle. Derrière le ciel laiteux le pâle soleil m’a obligé à chausser mes lunettes noires. On s’est laissé glissé jusqu’à La Flotte. Les restaurants quai de Sénac étaient blindés, heure du repas oblige.
La Flotte en Ré
La Flotte en Ré
La Flotte en Ré
Tel un judoka j’ai tenté sur la portière de la bagnole un premier mouvement d’épaule, « ipon sanage ». Un cri. Je suis resté accroché à la portière en poussant des petits gémissements de chiots. Isabelle, toujours aussi pragmatique, m’a demandée si je tenais à m’assurer de la solidité de la portière ou cherchait à l’arracher. Pour ne pas salir mes semelle, je suis parti sur les talons en direction du mur d’en face. Quatre mètres. J’étais en eau. – « Qu’est-ce que tu as ? » - « le dos ! » j’ai couiné. - « le dos ? » - « Ben, oui, oui, le dos !». Pour ceux qui n’ont pas suivi les tribulations de Papou, je rappelle que je venais en partie de repeindre la façade de la maison jaune. Dernièrement, j’étais en haut de l’échelle télescopique avec toute la famille agenouillée implorant les Cieux afin qu’il ne m’arrive rien de fâcheux. J’ai donc derechef abandonné le pignon à mon tueur de beau frère. Après tout c’était lui qui avait eu l’ingénieuse idée de la repeindre. Je me suis contenté des deux couches sur les côtés et l’étage au-dessus du préau. Et comme il avait plu pratiquement toute la semaine, j’y avais laissé le moral et la santé. Saloperie de lumbago. J’ai traîné ma misère et les bagages jusqu’à l’appartement. Epuisé par la douleur je me suis laissé tomber sur le lit. Une loque. Les vacances s’annonçaient bien. Quand j’ai tenté une sortie, ce fut sur les talons avec le cul en arrière, déambulation estivale des plus discrètes donc. Après avoir souffert le martyre tout le week-end j’ai consulté après quatre heures d’attente parmi une bande d’égrotants catarrheux. Le premier qui me refilait une rhinopharyngite, un flegmon voire les oreillons je lui torchais la gueule d’un bourre pif musclé. Bon, d’accord, le temps de me lever pour lui filer sa correction au bon Samaritain et il avait tout le temps de filer voire de m’en coller un aussi de bourre pif, mais bon, c’est juste pour dire combien je n’en menais pas large. Au final du repos et des anti-inflammatoires. – « Et le vélo ? » j’ai soufflé. » – « Vous rigolez ! » fut sa réponse. Bon d’accord.

La Flotte En Ré

St Martin de Ré
St Martin de Ré
Enfin, ne nous plaignons pas, ce fut la seule semaine d’Août à être resplendissante. Pas de vélo, certes, mais la plage tous les jours avec mon parasol et ma chaise de vieux. Ma naïade se faisait brunir sur le sable. Moi, je lisais. Avec ce curieux pincement de la moelle épinière, c’est peut-être pour cela que le tant attendu grand frisson le long de l’épine dorsale ne s’est pas produit à la lecture de Wilkie Collins. Depuis mon poste d’observation j’ai tiré aussi quelques clichetons et on a laissé couler paisiblement la semaine sans prendre trop de risques, si ce n’est me tremper dans l’eau froide sur les instances de ma Dulcinée. Double effet Gillette assurée. Les deux pieds dans l’eau, la bite comme un bigorneau, fallait bien finir par se jeter dans l’océan. What else? Sinon nager jusqu’à New York. Je gagnais rapidement le large, porté par les flots. Il me fallut quelques temps avant de m’habituer à cette opaque densité bourdonnante où je plongeais à chaque brasse. Je nageai, aveugle, les yeux brûlés et collés par le sel. Chaque immersion, noyée d’écume, cautérisait mes paupières sous l’ardeur du soleil. Je régulai mon souffle. L’assaut des éléments devint supportable. Je pus enfin ouvrir les yeux. Le parasol flottait à des dizaines d’encablures et les silhouettes figées des estivants veillaient comme des sentinelles. Arrivé aux bouées j’ai viré tel un régatier en direction de la plage rejoindre ma serviette. J’ai atteint la rive avec cette absence de classe qui caractérise le futur noyé du champion. J’entendais les voix, j’entendais les cris des enfants près de moi tout en pataugeant dans vingt centimètres d’eau. Un ultime vague me jeta sur le sable comme du bois flottais. Un sale mioche barbouillé de Choco BN me prenait pour une baleine. C’est ce qui m’a certainement poussé à lire Moby Dick, je crois. J’étais dans la peau du personnage.
La Flotte en Ré
Le Bois Plage en Ré
A la nuit tombée, nous sortions flâner le long de la plage de l'Arnerault regarder les estivants attablés. J'en profitais pour faire quelques "photos floues"
La Flotte en Ré
Bon, la semaine achevée, le ciel s’est couvert. Contraints de rentrer, nous avons repris la route vers Guéret pour y achever nos congés d’été. Nous avons donc abandonné nos voisines dont la plus mélomane me charmait par ses variations pianistiques. A notre retour, la façade de la maison jaune était achevée. Moi aussi.
Photo Copyright Papou 2008