lundi 29 septembre 2008

Les cadavres ne portent pas de costard !

Le radio-réveil s’est mis à gueuler sans prévenir : Les petits enfants d’Hitler venaient de faire 29 % des voix aux législatives en Autriche. Je me suis alors vautré comme une vieille merde sur mes charentaises. Splatch ! « Heureusement la gauche est arrivée en tête tandis que les conservateurs accusent une chute de neuf points… » Ah, si la gauche est arrivée en tête, c’est différent, que je me suis dit in petto, me voilà rassuré. C’était donc pas pour demain la distribution obligatoire des pin’s avec croix gammée pour les uns et étoile jaune pour les autres. Quoique, compte tenu de la difficulté de la formation d'une coalition, Heinz-Christian Strache, dirigeant du FPO se voyait déjà chancelier… J’ai lorgné le calendrier question de voir si je ne vivais un cauchemar vieux de soixante quinze ans. De toutes façons l’opinion publique et les forces politiques mondiales allaient se mobiliser. Les forces de l’Otan allaient envahir l’Autriche. Les sanctions allaient être terribles. Fâché tout rouge j’ai balancé un bout de baguette viennoise à la poubelle avec les Cd de Mozart. « Le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté d'environ 40.000 en août. La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, organise aujourd'hui une « réunion de crise ». Scratch ! La biscotte explosée en mille morceaux dans la cuisine. Putain, à peine beurrée déjà niquée. «... une hausse de près de 2 % du nombre de demandeurs d'emploi en août par rapport à juillet, soit autour de 40.000 chômeurs supplémentaires. Cette hausse pourrait faire à nouveau plonger le moral des ménages, qui vient seulement de se redresser en septembre après plus d'un an de baisse continue… » Le moral était remonté ! Quand ? Pour ma part je ne pouvais pas être au plus bas, sous la table à ramasser les mies avec ma balayette. Nicolas Sarkozy, avait bien raison dans son discours prononcé jeudi soir à Toulon : « Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat. » Merci Niko, toutes et tous allons nous serrer la ceinture. Pis le Xavier avec la Christine, tel que je les connais, ils vont te les faire vite fait aller aux boulots tous ces fainéants. Une convoc’, un bon coup de gégène sur les bijoux de famille comme on bon vieux temps, et vous allez voir si le BAC+12 il va pas te les vider les poubelles pour le SMIC ! Bon, je vitupére, mais en attendant il me fallait aussi petit déjeuner. Pas de panique, j’ai beurré deux trois biscottes vite fait entre les pubs et la météo. Un bon café chaud me tirerait de ce cauchemar. « Avec un salaire mensuel de près de 22 500 euros, le président du Sénat est l'un des personnages les mieux payés de l'Etat….. » Bouquet final. Il allait falloir que j’arrête mon feu d’artifice de biscottes sous peine de mourir de faim. « …. Le 1er octobre, il passera la main restera sénateur jusqu'en 2010. Il touchera donc toujours son salaire de base de 11 500 euros. Et quand viendra l'heure de la retraite, il cumulera les pensions : la retraite de sénateur, mais aussi celle de député, conseiller régional, conseiller général... et même celle de fonctionnaire des postes, métier qu'il a exercé au début de sa carrière professionnelle. Au total, le montant de ses retraites dépassera... son salaire de président du Sénat….. ! » Et vlan ! le café brûlant sur les cuisses à hurler la mort. »…En outre, comme ses prédécesseurs, il bénéficiera d'une voiture avec chauffeur, d'un bureau avec une secrétaire, d'un collaborateur et de deux gardes du corps.En tant que président du Sénat, Christian Poncelet bénéficie également d’un de 200m², que le Sénat lui a donné à vie et qu’il occupe déjà depuis 2004. » Les nouvelles n’étaient vraiment pas bonnes, certes, mais fallait-il pour autant se laisser abattre comme le prisonnier dézingué au fusil à lunettes depuis l’extérieur de la prison de Varces-Grenoble (Isère) sur fond de règlement de comptes ? Mort de faim. Des schnarpels de biscottes à la poubelle j’ai hésité à récupérer la baguette viennoise. Fort de mes principes j’ai seulement repêché Mozart. Un aller retour à la cave ne m’a prit que quelques minutes. Au point où j’en étais maintenant je ne vois pas pourquoi j’allais me stresser. Je me suis écouté le CD de Segolene au Zenith : Antisocial. J’ai assujetti le chanvre au lustre et me suis pendu à 7h45 du matin avec ma pancarte accroché autour du cou : « Fuck tout le monde ! » Pan ! Crac ! Paf ! la gueule sur le tapis avec le lustre dessus. J’ai bien fait de me rater car après coup j’ai trouvé que la pancarte faisait mauvais genre, un rien misanthrope. Les 40 000 nouveaux chômeurs n’étaient pour rien dans mon état de délabrement mental. J’aurais du plutôt inscrire : « Fuck F.P.O., B.Z.O. ! » voire « Poncelet salaud Hitler complice ! ». Mais être retrouvé pendu à poil avec ça autour du cou ça ne voulait rien dire. Miné, j’ai donc essuyé les plâtres le ventre vide. Avec toutes ces conneries j’allais en plus être en retard au boulot. Qu’est ce que vous voulez, ce n’est pas tous les jours qu’une bonne nouvelle genre « 200 ouvriers de la filiale indienne d’une société italienne fabriquant des pièces détachées automobiles ont lynché à mort le patron qui les avait licenciés deux semaines plus tôt pour vandalisme. Le contentieux avait pour origine le refus du chef d'entreprise d'augmenter les salaires et de signer des contrats à durée indéterminée. » Vu qu’on n’est pas en Inde, je me suis loqué vite fait, enfin du moins aussi vite que m’y autorisait ma minerve, et jeté dans la rue avant que moi aussi on ne me vire. Tout ça sans manger. On est bien peu de chose.

Réponses Photo 199 octobre 2008

Amateur de Noir & Blanc, j’ai apprécié La lecture du Réponses Photo 199 d’octobre 2008. Déjà JCB, en dépit de courtes vacances, s’est bien reposé et son bloc-notes, qui est ma toujours ma première lecture, en guise de compte rendu de l’été est fort sympathique et teinté de nostalgie. Mais ce qui a attiré le plus intérêt et attention, ce ne sont pas les actus de la Kina de Cologne mais l’article de Philippe Bachelier « Comment je fais du Noir & Blanc en numérique », écrit à la première personne et commentant une pratique personnelle. Tous les amateurs de Noir & Blanc connaissent Philippe Bachelier pour son remarquable ouvrage dédié à l’argentique : « Noir & Blanc de la prise de vue au tirage ». Disons le tout net, Philippe Bachelier n’est pas passé dans « le camp de l’ennemi » comme pourraient le croire les puristes et inconditionnels de l’argentique. Comme il le dit d’emblée en ouverture : « je n’envisage pas de remplacer la prise de vue argentique noir et blanc par du numérique. Non que je trouve que l’un est supérieur à l’autre. Ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. » mais société économique oblige, il pratique l’argentique pour lui ou pour des commandes où la prise en charge des frais de films, tirages et développements sont à la charge complète du client. C.Q.F.D car il faut hélas reconnaître que la pratique du noir & blanc argentique est un luxe que tout un chacun ne peut pas toujours se permettre. Pour tout autres types de commandes il bosse en numérique. « Passé » (salaud, va !) au numérique en 2004, j’avoue lire moins les articles de Philippe Bachelier consacrés aux travaux de labo et aux émulsions. J’attends toujours l’ouvrage de référence sur « la photo numérique en Noir & Blanc de la prise de vue au tirage. » Ceci étant, il existe d’excellents ouvrages sur le numérique comportant des chapitres importants sur le Noir & Blanc. En quelques pages il nous explique ici « comment il a réussi à dompter les pixels de son reflex digital pour obtenir des photos noir & blanc de qualité » ; De plus il avoue « qu’on peut désormais photographier et travailler ses images comme jamais on n’a pu le faire en argentique » Preuve s’il en est que les deux pratiques sont complémentaires et non antagonistes. Toutefois le Noir & blanc argentique ou numérique demande méthode et une bonne dose d’expérimentation. S’il n’existe pas de négatif idéal, il n’existe pas non plus de positif numérique idéal. Chacun doit faire l’objet d’une lecture pour une bonne interprétation finale lors du tirage. Philippe Bachelier travaille en numérique avec des boitiers Nikon D 200, D 300 ou Fuji S 5. Il nous livre donc son expérience en partant des résultats obtenus avec ces boitiers et l’outil de conversion NIKON des fichiers RAW Capture NX2. Ceci étant observations et conseils restent adaptables et valables pour adapter une bonne méthode de travail avec tous types de boîtiers numériques. Bref des pages à conserver précieusement pour démarrer ou approfondir le noir et blanc en numérique, technique incontournable de l’Art photographique.

vendredi 26 septembre 2008

Bernard

Copyright Papou 2004
J’ai appris cela il y a peu. Bernard, l’éleveur creusois de ma connaissance, s’est « vautré comme une grosse vache » (sic) en coursant les génisses. Comme si déjà tout n’allait pas du mâle au pis, des mauvaises langues insinuent qu’il est effectivement difficile de courir avec les pantalons et les braies sur les chevilles. Ces mauvaises langues ne sont guères charitables avec Bernard qui a quand même failli s’éventrer avec son bâton. Plus de peur que de mal, mais tout de même un gros hématome et des côtes douloureuses lui occasionnant une incapacité de travail de charge temporaire. En attendant il s’est mis à la pâte à modeler. Le Collectif des Génisses de La Charse se joint à moi pour lui souhaitez un prompt rétablissement.

jeudi 25 septembre 2008

Pardon !

Copyright Papou 2008
Face aux dégâts des mots dus à une logorrhée occasionnée par l’annonce de la remise du “prix mondial de l’homme d’Etat 2008” au président français Nicolas Sarkozy, le 23 septembre à New York, je tenais à m’excuser auprès de mes rares lecteurs. Franchement, je ne sais pas ce qu’il m’est passé par la tête. Je n’étais nullement pris de vin, seulement un rien courroucé par la nouvelle. Ne tergiversons pas, il y a faute. Courroux certes mais tout de même pas au point de n’avoir su raison garder. De plus, suite au Grenelle de l’environnement, la taxe pique-nique n’est pas une mauvaise chose. Je ne vais jamais aux Buttes…. (ce n’est pas une faute de frappe mais Chaumont) sans mon panier d’osier, mon Limoges, Baccarat et couverts d’argent que je tiens de famille depuis que mon aïeul les a reçu avec une paire de chandeliers de monseigneur Myriel vers les années 1830. Je n’aurais pas de mots assez durs pour qualifier ma conduite. Il faut dire aussi que c’est la faute de l’autre con….Bon, je me calme. Pardon.

mercredi 24 septembre 2008

Nicolas Premier, roi de l'année

Après avoir reçu le «Humanitarian Award» de la Fondation Elie Wiesel pour l'humanité lundi soir, Nicolas Sarkozy a de nouveau été primé à New York mardi soir. Le prix de l'homme d'Etat 2008 lui a été décerné par la fondation Appeal of Conscience du rabbin Arthur Schneier. Ce prix récompense un responsable politique engagé dans la promotion de la liberté religieuse. En 2007, il avait été remis à la chancelière allemande Angela Merkel.
Déjà il y a déjà de ça quelques semaines, notre envoyé spécial avait préssenti l'événement.
"Un diner de gala, ça ne se rate pas. Une bonne part de gratin dauphinois et européen, voire même des étrangers de toutes nationalités et confessions, se bousculaient autour des buffets dressés dans le salon d’honneur. « Te bourres pas de cacahuètes, tu vas prendre du poids. Déjà que…! » fit Nicolas jaugeant son interlocutrice. » - « Toujours autant de tact à ce que vois. Un véritable homme du monde. » répondit Angela, toute souriante aux photographes présents. « Moi, ce que j’en dis, c’est pour toi, ma poule. » Angela lui écrasa les harpions et s’éloigna avec sa coupette de champagne. « Ah, la salope ! » grogna Nicolas, tout sourire en applaudissant avec l’assemblée la femme d’Etat de l’année 2007 sollicitée à prononcer quelques mots. Honorée par cette distinction Angela dut se fendre d’un discours puis tout le monde passa à table. Nicolas pressenti en 2008 à lui succéder fut placé à sa droite. Angela refit son lacet et en profita pour se décapsuler une roteuse en loussedé sous la table. "Gloup ! Gloup! Gloup ! Ahhhhh!" - « Alors, ma poule, on dirait que ça t’excite pas un brin ce petit pince fesses ? » ricana Nicolas, dit aussi petit Niko. - « M’appelle-pas ma poule, ça m’agace ! » - «Fais pas ta mijaurée, c’est qu’une formule ! Pis souris un peu y a des photographes ! » - « Est-ce que je te demande, moi, si ta Carlita ondule du cul en pratiquant la danse du ventre ?» - « Pas de coup bas, Angela, ce n’est vraiment pas sport. » - « T’es sport, toi, peut-être….. » Nicolas mit ça sur le compte du stress et ne rétorqua rien. Faut dire qu’Angela ne manquait pas de répartie. « Alorsse les amoureuses ont papotent ? ». Arthur, le Président de l’ACF, en bras de chemise payait sa tournée. D’une bourrade un peu rude il faillit occire l’Angela qui s’étouffa tout rouge sous une fourchetée de choucroute tirée d’un Tupperware glissé dans son sac à main. « Putain, Arthur, tu vas pas nous la zigouiller, la grosse Bertha, tout de même ! » ricana Nicolas. « Une femme d’Etat de l’année 2007 même si elle n’a plus ses plaques en W, ça la foutrait mal qu’elle te calanche à table ! » - « Ca te ferait bien trop plaisir, avoues-le ! » Rétorqua Angela. Nicolas se fit servir un grand verre de gouleyant et invita Arthur à s’asseoir. « Laisse un peu tomber tout ses cons et viens avec nous. » - « C’est pas de refus » fit Arthur qui s’essuya avec un coin de nappe. « Entre, les canapés, les petits fours, les cacahuètes, je m’en sors pas ! Et maintenant servir le vin à table ! » - « T’es pas obligé. Qu’ils se démerdent » fit Nicolas. « Dis-moi plutôt, ton truc là que tu m’as proposé, c’est un bon coup de pub ? – « Ah, ça, c’est sûr. Même tes conseillers en communication ne parviendront jamais à t'obtenir un tel résultat» - «C’est sûr. Et puis, tout bien réfléchi, je vais laisser à l’aut’ thon tous les bénéfices du titre » - «Mets dis donc, ma couille, tu serais pas un brin jalouze de la teutonne, tout de même ? » Arthur avait le verbe haut. Nicolas, pivoine, piqua du nez dans le Limoges. « T’es con. Pis parle moins fort on nous regarde. » - « Mais regardez-moi le, il va nous faire sa timide, maintenant » - « Ca serait bien la première fois » remarqua Angela en se sifflant une nouvelle bière. « Tiens, passe-moi voir les huitres et les langoustes. » – « Qu’est ce que tu peux bouffer, Angela, tu veux pas aussi les rillettes et le sauciflard ? » - « A croire que c’est toi qui paye, pauv’ con ! Pis vu que c’est toi qu’en parle, prends bien des notes pour l’Elysée, car chez toi l’assiette pour être jolie, ça elle est jolie, mais on ne raye pas le Limoges avec les fourchettes. Y a rien à bouffer dedans ! » - « Je vais te dire, ma petite…. » - « Tu sais ce qu’elle te dit, la petite… » - « …Je vais te dire, ma petite....» persista, Nicolas, « que c’est pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Le prochain coup que tu te pointes à Paris, les ravioles de Romans façon Carla tu pourras faire peau de balle ! » Il faillit ajouter en option un bras d’honneur mais s’abstint avec classe. Certains s’étaient retournés à l’écoute de ses confessions culinaires. Il baissa d’un ton. « T’auras qu’à aller te taper une choucroute à la gare de l’Est ! » -« Comme si je t’avais attendu, nez de bœuf ! » fit-elle en lui deésignant son Tupperware." – « T’es vraiment aussi moche que t’es pas polie ! » Arthur fut obligé d’intervenir ; « Z’allez quand même pas vous engueuler, tout de même, surtout devant le monde, merde! On vous invite, on vous choye, on vous propose des récompenses et vous trouvez rien d’autre à faire que de vous engueuler !" -« On s’engueule pas, on se parle, viril.» - « Dialogue Franco-allemand, c’est tout ! » - « Aaaaaaaah ! j’aime mieux ça » se réjouis Arthur. « Allez, on trinque ! » Ils s’enfilèrent un grand coup de gouleyant derrière la cravate. Arthur posa son verre. « Alors Nicolas, ça t’intéresse mon affaire ? » - « Faut voir » - Tarde pas trop » conseilla Angela, « ya du monde sur les listes ». « Je vais te dire, tu as tout à y gagner » - « Peut-être ». Angela ne put s’empêcher de pouffer dans son assiette. La bouche en cul de poule elle imita Nicolas « Poutêtre » - « Oh, ta gueule, Angela… » -« Ma gueule si je veux! En tout cas, reconnais que c’est pas avec ton équipe de bras cassés que tu vas remonter dans les sondages. » - « Elle a raison! » - « Qué bras cassés ? » S’offusqua Nicolas faché tout rouge. – « Attends, tu vas pas nous la faire !» ironisa Angela. « Entre ton Jean-louis avec sa taxe pique nique et ses conseils à la con sur Autoroute FM et la Christine qui apprend aux français à faire leurs courses au supermarché, tu vas pas allez bien loin. Tes petits Français, c'est comme ton équipe de France d'athlé ben ils ont déjà un sacré point de côté !» - « Oui, mais au moins j’aurais eu le mérite d’avoir essayé. » - « Ai la délicatesse de reconnaître que Homme d’Etat de l’année 2008, c’est un meilleur coup de pouce que celui de la Société Générale. » Arthur prit Nicolas par l’épaule. «Ecoute, Nicolas, pour l’année dernière t'étais encore trop jeune. C’est pour ça qu’on a choisi Angela. Depuis tu as fait preuve de détermination et de persévérance dès que tu es apparu dans l’arène internationale où tu t’es attaqué aux défis politiques, sociaux et humanitaires d’aujourd’hui…. » - « N’en crois rien » lâcha Angela « il est complètement bourré. » - « De plus, je sais qu’aux J.O. tu t’es fait le champion des droits de l’homme, de la démocratie et de la tolérance, tout comme de la défense de l’environnement » - « Oui, alors là, je crois vraiment que t’es pêté comme un coing, mon petit Arthur, mais ça fait plaisir quand même. En tout cas tu sais, je m’applique...» - « Je sais, je sais. » - « Tiens, dès le soir de mon élection, j’ai annoncé que la France accueillerait toutes les femmes opprimées à travers le Monde. » - « Je sais, Nicolas, je sais . » - « Et les infirmières bulgares ! Je me suis pas décarcassé pour les infirmières bulgares ?» - « Ouais, ouais, ouais, c’est bon » -« Pis Ingrid ! C’est le Niko qui l’a sortie de la jungle colombienne ! Pis qui c’est qui se l’est tapé le patriarche orthodoxe Alexis II. Et le Grenelle de l’environnement, le discours à la cathédrale du Latran à Rome, et Benoît XVI. » - « Tu t'enflammes. Listen to me, Niko, c’est une distinction que tu peux pas refuser. Et tu n’auras pas à rougir de tes illustres prédécesseurs. » - « Oh moi, tu sais tant qu’il y a pas eu Hitler et Mussolini avant moi… » Arthur éclata de rire. « Sacré, Niko, t'es caustique comme garçon, ça ne remonte pas aussi loin. Mais parmi eux, on trouve Margaret Thatcher, Mikhaïl Gorbatchev, Vaclav Havel ou encore le roi d’Espagne Juan Carlos Ier. » Nicolas lâcha un sifflement admiratif. « Ben mon colon ». – « Alors, ça te tente ? « - « Un peu, mon neveu. Et on se fait ça quand ? » Arthur et Nicolas sortirent leur agenda respectif. « Qu’est ce que tu penses du 23 septembre ?» - « Pas mieux. Banco !» - C’est Henry qui passera te prendre avec Carla. » - « Henry ? » - « Ben Kissinger ! » - « Tiens je croyais qu’il était mort… Ah, ah, ah ! Tu m’as cru, je déconne ! » - « En tout cas tu peux remercier Angela, sans elle tu serais passé à côté » - « Tu as raison. Angela, sans rancune viens que je te fais la bise ! »

lundi 22 septembre 2008

La Maison jaune 2/3

La Maison jaune; La Charse. Creuse.
Résumé de l'épisode précédent : Mon beau frère, agrégé de l'Ecole du Rire, a eu la remarquable îdée de repeindre la façade. Et ça fait chier.
En Creuse, lorsque l’été est chaleureux et que le soleil a depuis longtemps réfréné l’ardeur de ses rayons, je m’installe sous le patio. L’air se radoucit vite et les ombres de la nuit finissent par tout envelopper de leurs pièges et artifices. La constellation se met à scintiller comme un lamé sur ce corps de femme du monde. J’écoute sa respiration. J’entends ses silences. Au réveil, je jouis de la levée du jour. Je regarde flâner dans l’air les restes épars de cette nuit de cendres en une brume violette et grise au-dessus des terres. Ces matins-là me laissent toujours émerveillé de la beauté des choses. Ces matins-là dissipent les noirceurs de mon âme peuplée parfois de cauchemars et de songes creux. Sur le coup des trois heures, la pluie s’était mise à crépiter lourdement sur les tuiles pour tomber drue des heures durant. Cette lessive avait copieusement nettoyé la façade. Tout avait dégouliné et la peinture éparse en grosses flaques jaunes, inondait le jardin jusqu’au beau milieu de la route bitumé. L’averse grossit et le flot jaune emportait tout sur son passage. On retrouva deux chats noyés. Les vaches de Pascale et Bernard s’embourbaient dans une bouillasse jaune qui finissait par les engloutir. Face au chaos, Je ne pouvais rien faire si ce n’est m’encorder à la gouttière alors que la Comtoise du salon annonçait lourdement les sept heures. La tête dans le cul, je suis descendu à l’aveugle constaté que le bitume restait aussi gris que l’herbe était verte et le ciel bleu après la pluie. La peinture avait tenu le coup. Pas moi. Creusé, livide, j’ai mâchonné une tartine sans avoir jouis de rien. Je regardais flotter dans mon bol les restes épars d’une biscotte à la dérive. Quelques stigmates de la veille se signalaient en jaune sur ma peau blafarde. Peu après, les mains dans les fouilles, nez au vent, mon beau-frère et moi, avons scrutés la façade. Derrière le « ton pierre » un demi-siècle gris béton marquait de sa présence la maison. En venir à bout imposait indubitablement une seconde couche. Et ce qui était bon pour la façade principale le serait pour les trois autres pans encore vierges. Un léger vertige m’a envahit. Rien de bien grave, je vous rassure, l’émotion sans doute. A huit mètres du sol sous le pignon, des mousses devraient être pulvérisées à l’eau de javel afin d’être ôtées au Karcher d’ici quelques jours. De toutes les façons, ils revenaient huit jours plus tard prendre le relais. Le temps d’embrasser Corine, me faire broyer la pogne par Pascal, ils sont montés en voiture et pris la route me laissant orphelin avec mes pots et mes rouleaux. Nous étions dimanche. La journée s’annonçait belle, ce qui jusqu’alors n’avait pas toujours été le cas et ne le serait pas d’avantage par la suite. Dimanche ou pas il me fallait donc profiter avec philosophie du moindre brin de soleil ou du moins de la moindre éclaircie pour avancer dans mon travail. Derechef éradiquer les mousses fut mon seul souci. J’empoignais l’échelle coulissante géante à deux pans télescopiques. Y a pas, fallait être pompier ou majorette pour manipuler un pareil engin. Me faire porter plus pâle que ma tenue de Marsupilami albinos m’est passée par l’esprit. Après tout, doté d’une hernie discale, cela pouvait être envisageable, mais chargé de honte et de culpabilité je me mis à l’ouvrage. Déséquilibré mille fois, Je suais sang et eau afin de ne pas l’affaler dans les parterres de fleurs. C’était un coup à se faire renouveler sa garde robe pour l’hiver. Je finis tant bien que mal par trouver le mur et plaçais l’échelle dans l’axe du pignon. Applaudissements. La faire coulisser le long du crépi me demanda presque autant d’efforts. Exténué, je m’autorisais à souffler. – « C’est comme ça que tu bosses ? On n'est pas prêt d’avancer ! » J’ai lassé dire. – « Et ne me dis pas que tu vas t’attaquer au pignon ? » J’opinais du bonnet. – « Comme si c’était un truc pour toi ? » Je me suis tout de suite senti encouragé. – « Je te préviens, j’ai pas du tout envie de courir aux urgences ! » Je la rassurais, moi non plus. J’alpaguais le vaporisateur et grimpais à l’échelle. Vu la longueur et sous mon poids, même raisonnable, disons ridicule, elle se mit à onduler doucement. A hauteur des mousses, j’ai assujetti le vaporisateur. L’ondulation s’est calmée. – « Fais attention ! ». J’ai jeté un coup d’œil vers le bas. Le monde était petit. La famille entourait l’échelle. Et quand j’ai vu famille, amis et animaux domestiques à genoux, les mains suppliantes, le regard implorant les Cieux, j’ai immédiatement pensé à la vie rêvé des anges. Alors j’ai flippé un max….. A SUIVRE

mercredi 17 septembre 2008

Devoirs de vacances (3) : Bleak House

Bleak House
L’art d’écrire (des romans) est un art très futile s’il n’implique de voir le monde comme un potentiel de fiction. Hasards et coïncidences s’imbriquent dans la création d’un monde nouveau. C’est pour cela qu’il faut voir les grands romans comme de merveilleux contes de fées. Si les grands romans sont de grands contes de fées, Dickens, quant à lui, est un enchanteur. Assurément, pour un lecteur d’aujourd’hui, les romans de Dickens restent des œuvres marquées par leur époque. Ses créations cherchent à défendre et illustrer des valeurs, qui sont celles du cœur plus encore que celles de l’intelligence. Alors pourquoi refuserions-nous d’être touchés par la tendresse la générosité la délicatesse qui en émane ? N’oublions pas que Dickens écrivait en premier lieu pour ses contemporains, c’est à dire un public qui en avait le goût. Bleak House est l’un des trois derniers grands romans de Dickens. Huit de ses romans furent écrits et publiés au rythme de livraisons mensuelles qui s’étalaient sur dix neuf mois Bleak House paraîtra de mars 1852 à septembre 1853.
John Jarndyce et ses pupilles
Tant est considérable le foisonnement des idées, le nombre des thèmes abordés et riche la qualité narrative de Dickens, qu’il serait malaisé de résumer l’histoire sans s’étendre sur plusieurs dizaines de pages. Disons qu’elle se compose de deux intrigues distinctes, l’une dans la plus pure tradition de l’auteur qui met en scène un homme généreux et excentrique, John Jarndyce, entouré de ses pupilles. Ils vont d’une ville à l’autre rencontrent sans cesse de nouveaux personnages excentriques et loufoques tells que les dames philanthropiques Jellyby et Pardriggle, le professeur de maintien Mr. Turveydrop ou encore le fantaisiste Harold Skimpole. A côté de cette intrigue une seconde, sombre et serrée, policière et criminelle, dont on ressent la très nette influence de son ami Wilkie Collins. Mais avant tout Bleak House est un fantastique roman noir. Noir comme « la fumée (qui) tombe des tuyaux de cheminée, bruine molle et noire, traversée de petites pelotes de suie » sur un Londres froid et venteux de novembre. Brouillard partout où se dessinent confusément quelques becs de gaz. « L’âpreté de l’air, la densité du brouillard, la boue des rues atteignent leur point culminant aux alentours (…) de Lincoln’ Inn Hall où, au cœur même du brouillard siège (…) la Haute Cour de Chancellerie. Par ces bribes d’extraits de la fantastique description de Londres sous le brouillard qui ouvre le roman, le ton est donné à cette puissante satire de la coûteuse et ruineuse Haute Cour de Chancellerie, aussi brumeuse, noire et assassine que le brouillard qui l’environne. Au cœur même du roman, parmi la multitude de dossiers et d’affaires interminables, la Chancellerie s’occupe du cas de l'héritage Jarndyce contre Jarndyce. L'héritage finira par être complètement absorbé par les frais de succession. Mais au-delà de cette sombre histoire juridique qui conduira à la ruine et à la mort plus d’un individu. Le livre est plein de scènes cruelles et barbares. Neuf personnages de premier plan meurent de façons diverses : l’un sera assassiné, les autres succombent à la phtisie, à la douleur, au remords, à la folie ou à la paralysie; l'un d'eux, Krook, finira de façon « extraordinaire » et partira en fumée comme des particules de suie grasses qui inondent la ville.

L'école de danse

Les thèmes abordéssont nombreux. Les pages les plus touchantes sont consacrées aux enfants. Les enfants livrés à eux-mêmes de la philanthrope Mrs Jellyby, les industrieux petits orphelins Neckett, les « sales petites mollassonnes en robe de tulle » qui prennent des leçons de danse, la famille de briquetier où nous découvrons un enfant mort etc… Mais parmi ces enfants plutôt morts que vifs, parmi ces enfants de la peine se dégage la figure de Jo. Crotté, enroué, loqueteux, sans père, ni mère, sans amis, sans foyer. Dans le brouillard « à la nuit, une traînante silhouette parcourt l’allée-tunnel jusqu’à l’extérieur de la grille de fer. Elle s’accroche à la grille des deux mains et regarde à travers les barreaux (…) puis avec un vieux balai qu’elle traîne avec elle, elle balai doucement la marche et nettoie l’allée voûtée». Ce "porte-parole" de l'enfance malheureuse aura une fin dramatique quand « la lumière est arrivée sur le sombre chemin des ténèbres. » « Mort, Votre Majesté. Mort, Messeigneurs et Messieurs. Mort, Révérends, justes et injustes, de toutes confessions. Mort, hommes et femmes qui portez dans vos cœurs, innée, la compassion céleste. Et il en meurt ainsi, de la même manière chaque jour. » conclue Dickens. Terrible constat.

Impasse de Tom-Tout-Seul

Si le traducteur Sylvère Monod considère comme un aveu d’impuissance d’avoir conservé le titre original lors de la première traduction en 1884 et lui préfère quant à lui celui de « La Maison d’âpre-vent », je reste attaché à celui de « Bleak House » qui comme l’ensemble des choses inanimées dégagent une atmosphère qui finit par vous obséder : les vieilles maisons décrépites sont à jamais marquées par les souvenirs des anciens crimes; les ruelles sales et les impasses repoussantes sont fréquentées par des bandits ou sont le théâtre de morts violentes, et les portes et les fenêtres, les cheminées ou les statues finissent par prendre un aspect sinistre. « Il n’est pas certain que Bleak House sera le meilleur livre de Dickens, mais peut-être est-ce son meilleur roman. » écrivait Chesterton. Il est donc à regretter que celui-ci ne soit disponible que dans la prestigieuse collection de la Pléiade chez Gallimard, absente hélas des illustrations originales.

Charles Dickens : La Maison d'Âpre-Vent & Récits pour Noël. La Pléiade, Gallimard. 1700 pages.

lundi 15 septembre 2008

Tout l'été avec Paul Lewis

Difficile de faire un choix dans la pléiade d’enregistrements de l’intégrale des sonates de Beethoven. Paul Badura-Skoda, Wilhelm Kempf, Claudio Arau, Alfred Brendel ? etc …Que d’interprétations illustres au panthéon de cette œuvre. Une connaissance à eu l’idée de m’en conseiller l’intégrale par Artur Schnabel. Le maître du pianiste, Leschetizky, fut l'élève de Czerny, qui lui-même avait été celui de Beethoven. Issu de cette lignée, ce n'est donc pas rien d’en entendre les enregistrements et d’en ressentir l'esprit comme dans nulle autre interprétation. Mais doit-on immanquablement s’en arrêter là ? A la suite du succès remporté par son cycle des sonates de Schubert, le jeune pianiste Paul Lewis a donné une intégrale des sonates de Beethoven en Europe et aux USA. Il vient d’en achever avec force et intensité une intégrale bouleversante « où l'on éprouve la puissante sensation de rencontrer le compositeur, de saisir les nuances exaltées de sa personnalité et les paradoxes de son existence tourmentée sans plus avoir besoin des mots. » « Les trente-deux sonates de Beethoven sont sujets à de nombreuses exégèses : d'aucuns y voient un "nouveau clavier bien tempéré", certains y déchiffrent les variations d'un journal intime, d'autres y retrouvent un voyage initiatique en quatre grandes étapes, d'un hommage à la musique décorative de Haydn et Mozart jusqu'à une musique extrêmement intériorisée... Toutes ces lectures sont autant de chemins passionnants à explorer pour affûter notre écoute. »
Mais surtout que cela n'empêche personne d'oublier ces repères pédagogiques pour s’abandonner à l 'écoute de Paul Lewis, riche en couleurs et d'une présence continue et frémissante. Cette extraordinaire aisance, virtuose et lyrique m’a accompagné tout l’été… Beethoven : Sonates; Paul Lewis (piano) ; Harmonia Mundi. ; 4 volumes 10 CD

jeudi 11 septembre 2008

Devoirs de vacances (2) Sans Nom

Le rideau se lève à Combe-Raven sur les membres de la famille Vanstone. Apparemment rien ne devrait noircir la vie de cette honorable famille victorienne, même si parfois au détours d’une page le comportement et les non dits des parents laisse présager un passé lourd de sens. Lorsque survient le drame Norah et Madgalen, les deux jeunes sœurs destinées au bonheur, perdent fortune, biens et nom. Si l'une apprendra à accepter son sort modeste, l'autre se rebellera. Et c'est les traces de cette dernière que nous suivront en lutte pour récupérer nom et fortune. La bataille sera rude entre Magdalen et Miss Lecount qui ne s’épargneront rien. William Wilkie Collins, contemporain et ami de Charles Dickens, (ce dernier publia certains romans et nouvelles en feuilleton dans son journal), à un goût prononcé pour le mystère, le crime, les intrigues complexes, les enquêtes tortueuses. C’est certainement pour toutes ces raisons que la popularité de ces romans, et aujourd'hui encore n'ont rien perdu de leur vigueur narrative et du suspense habilement bâti par l'écrivain. Plus encore que l'intrigue, c'est la virtuosité avec laquelle l'auteur tisse les pièges que les protagonistes se tendent les uns les autres qui fascine : un vrai manuel de machiavélisme sur huit cents pages tout de même et de bien fastidieuses et interminables explications afin que rien ne soit laissé dan l’ombre. Dommage aussi, roman victorien oblige, que la morale reste sauve. Nobody is perfect ! William Wilkie Collins Sans Nom. 830 pages. Phébus libretto

mercredi 10 septembre 2008

La Maison jaune 1/3

J’ai écrit que les vacances étaient synonymes de grands moments de quiétude et de paresse. Certes beaucoup ne comprennent pas cette philosophie de vie. Peu m’importe. C’est ainsi que je ressens les choses. Il n’en est pas de même pour mon beau frère. Lui, c’est l’inverse. Il débite deux stères de bois avant son petit déjeuner, question de se mettre en train, avant de démonter sa voiture façon puzzle et la remonter illico. Après un copieux repas il vous emprunte la McCullough pour une tonte militaire de la pelouse, file cueillir trente kilos de mûres et, accompagné des chiens, fait vingt bornes dans les bois. Alors, lorsqu’un matin je l’ai vu lever les yeux sur le pignon de la façade, j’ai tout de suite compris que ce n’était pas pour reluquer le cul des hirondelles. J’ai eu un comme un mauvais pressentiment. Non pas le fameux petit frémissement de plaisir le long de la moelle épinière si cher à Nabokov, mais un frémissement de terreur. Je la trouvais bien la façade avec son crépi gris béton immuable depuis 1955. A croire que depuis 53 ans elle n’attendait que mon beau-frère et moi pour un petit rafraîchissement. Mais, pour paraphraser Audiard, quant un type de 130 kilos dit certaines choses les types de 60 kilos les écoutent. Alors j’ai écouté. Il a jaugé la façade, évalué le nombre de M², exclu le grand nettoyage haute pression, à la rigueur privilégier seulement certains endroits infestés de mousses, et préconisé une bonne monocouche pliolite au rouleau. Le tout irait très vite. Pas plus de quatre heures de travail pour la façade principale. Et comme un « intellectuel » assis va moins loin qu'une « brute » qui marche, dixit toujours Audiard, je l’ai suivi chez Monsieur Bricolage à Guéret. Le lendemain, à huit heures pétantes, semblables à deux spermatozoïdes d’un film de Woody Allen, nous nous sommes attelés à l’ouvrage. Le rouleau roulait, le rouleau giclait, la peinture coulait, le crépi buvait et Papou suait. Quatre heures plus tard force fut de constater que nous n’aurions jamais fini dans les délais. Le déjeuner avalé nous nous sommes rués sur nos échelles jusqu’à vingt heures. Entre temps les filles nous avaient ravitaillés en pots de 20 litres de peinture ton pierre acrylique cette fois. En règle générale question travaux, ma femme et moi faisons tout à l’envers. Surtout moi. La logique aurait voulu qu’au préalable nous refassions la façade, changions fenêtres et volets avant de peindre la grille. La façade étant exclue, nous avions changé fenêtres et volets avant de repeindre la grille, une grille qui ressemblait désormais à un marsupilami malade avec ses taches jaunes sur le vert anglais. Ça allait très bien avec la façade et l'autre marsupilami albinos en combinaison spatiale qui ne distinguait plus rien à travers ses lunettes constellées de taches et ses larmes. A SUIVRE…

lundi 8 septembre 2008

Devoirs de vacances (1) : La bite à Dickens

Les vacances, pour moi, restent synonymes de grands moments de quiétude et de paresse. Prendre du temps au temps pour lire, dormir, flemmarder. Vivre à ne rien faire. Beaucoup ne comprennent pas cette philosophie de vie. Peu m’importe. C’est ainsi que je ressens les choses. Et c’est la seule façon que j’ai de pouvoir lire. Je dis lire. Non pas consulter à la sauvette un vague texte pour n’en retenir qu’une simple histoire. Autant lire la rubrique des faits divers. « Nombre d’auteurs reconnus sont tout bonnement inexistants à mes yeux. Leurs noms sont gravés comme des tombes vides, leurs livres ne sont que des couvertures vides…. » Je pense comme Vladimir Nabokov qui attendait de ses lectures le petit frémissement de la moelle épinière. Alors le sac plein de livres, je pars dans une maison gorgée de livres pour enfin connaître ce petit frémissement de la moelle épinière si chèr à Nabokov. « Introduction à la connaissance des choses secrètes, cachées, difficiles. » dit le dictionnaire C’est en ce sens que le roman de John Irving, « Je te retrouverai », est initiatique comme le sont tous les grands romans de formation ou d’apprentissage. Il y a du Dickens chez John Irving par la puissance créatrice et narrative, le comique de situation, l’évocation du monde de l’enfance et le douloureux passage dans celui des adultes, le foisonnement de personnages qui s’entremêlent et la magie des lieux comme par exemple, simplement évoquée, « une maison victorienne aux rideaux tirés en permanence avec un escalier qui menait au sous-sol » où l’on s’attend en vain à apprendre qu’elle est habitée par la Miss Avisham des Grandes Espérances. Mais s’il y a du Dickens chez John Irving, c’est un Dickens enfin débarrassé des contraintes littéraires et de la pudibonderie victorienne. « Selon sa mère… » ouvre le roman de John Irving, car du plus loin qu’il se souvienne Jack Burn a comme mémoire la parole d’Alice Stronach, sa mère, « Fille de Persévérance », seule personne digne de confiance, dont les doigts de Jack trouvent la main même dans le noir. De racines, il n’a point, lui dont le père originaire d’Edimbourg, fut organiste à l’église de South Leith, quartier d’un petit port ouvrier dans lequel le cimetière épiscopalien interdit aux pauvres les pierres tombales. « Seules les cendres répandues à travers les grilles voltigeaient dans le noir au point de donner des cauchemars à Jack. » Sombre destinée. Si Pip, l’orphelin des Grandes Espérances de Charles Dickens, est « élevé à la main» par sa sœur, Jack à la suite de sa mère, emprunte le chemin des écoliers « à la force du poignet » pour retrouver son fugueur de père dans les villes du nord de la Baltique. De Toronto à Amsterdam, en passant par Halifax, Copenhague, Stockholm, Oslo et Helsinki, long semblera le voyage pour ce petit garçon de quatre ans, trimballé de port en port, à dormir parmi les aiguilles, aux côtés de sa mère, grande spécialiste des « albums photos du corps » dont la Rose de Jéricho, cette splendide fleur qui cache dans ses pétales, pour qui sait regarder, une toute autre fleur bien troublante. Lors du périple de ce curieux couple, l’esprit de l’enfant sera marqué de rencontres providentielles comme celles de trois tatoueurs, deux organistes, un petit soldat et un comptable tatoué. A Amsterdam, se sera l’étrange fréquentation de ces dames en vitrines donneuses des conseils aux hommes qui ont du mal à comprendre les femmes. Ces hommes à l’air ennuyés d’être surpris et pressés de partir après avoir reçu de bons conseils. Sa mère finira elle aussi en vitrine à chanter des cantiques ou prodiguer des conseils à de jeunes garçons, avant qu’il ne retourne en Amérique avec elle, toujours hanté par l’ombre du père. De retour à Toronto, sa mère et lui logeront chez « une ancienne aux poches pleines », dévouée corps et âme à l’école Sainte-Hilda la veuve Wicksteed. C’est elle qui prendra en charge son éducation. Après la mer du Nord et la Baltique Jack n’en aura pas fini des tempêtes, il devra affronter un océan de filles en entrant au jardin d’enfant de Sainte-Hilda, univers étrange et fascinant pour le garçon de cinq ans avec ses portes cintrées du couloir, les triangles gris et noir du linoléum, la vue miniature de la cour de récréation depuis une vitre cassée des toilettes du deuxième étage et les dortoirs des pensionnaires filles. Il y fera une rencontre déterminante en la personne d’Emma Oastler, fille de douze ans, dont il deviendra la « puce » et auprès de laquelle il tremblera d’émotion contenu comme Pip devant Estella. Mais si Pip est « élevé à la main », Jack le sera également mais avec son sexe dans la main d’Emma où il finira par grandir. Ah comme Pip aurait aimé être conduit par le sexe par Estella auprès de Miss Havisham. Miss Havisham, d’ailleurs, ne plane t’elle pas au-dessus de Mrs McQuat, l’éternelle demoiselle aux cheveux gris acier coiffés en chignon surnommée le Fantôme gris ? Si Miss Sinclair, Miss Wong, Mr Malcolm, Mrs McQuat accompagneront l’éducation de Jack, c’est assurément Miss Wurtz qui « fut la maîtresse qui lui laissa le souvenir le plus ému, et pas seulement à cause de sa beauté délicate.» C’est à elle qu’il devra sa carrière de comédien et aussi ses plus beaux fantasmes. Avant d’affronter le collège, Jack fera en dépit des «caprices de son sexe, qui passait en un clin d’œil de l’émoi à l’indifférence… » ses armes de lutteur avec entre autre Mrs Machado experte dans l’art du corps à corps avec « mossieu zizi.» Pour un garçon « élevé à la main » dans un océan de filles, le monde des garçons ne lui fera pas peur. Il y deviendra même un lutteur émérite, réputation qui le suivra jusqu’à l’Université du New Hampshire où il y ajoutera celle de séducteur et de comédien dans un monde de l’apparence et du travestissement. En dépit du succès et des ses récompenses, Jack apprendra que la vie est loin d’être une comédie. Il y perdra, Mrs McQuat, Michèle Maher, Claudia, Emma, sa mère et bien de ses Grandes Espérances à la recherche d’une vérité où tout n’est que supercherie et où tout a été menti. « Jack ne se sentait plus du tout acteur. (il) était un garçon qui n’avait jamais connu son père, un garçon qui en avait été privé ; (et) peut-être que ce dont il avait peur, en réalité, c’était de ne plus pouvoir alléguer cette excuse dans l’existence. » Réflexion sur la mémoire, le mensonge, l’identité, « Je te retrouverai » raconte ces enfances rêvées, imaginées, qui s’écroulent un jour, attaquées par la réalité qui resurgit tardivement. Toutefois, comme chez son maître, Dickens, la densité de l’écriture s’alourdit de détails inutiles qui ralentissent le récit. Le roman perd de son souffle et la lecture devient poussive. Reste qu’un roman de Irving surpasse allègrement nombre de ses concurrents, mais assurément, ‘Je te retrouverai’ pâtit de sa trop grande richesse. « Quand vais-je en voir le bout ? » demandera Jack après lui avoir raconté sa vie durant presque cinq ans à sa thérapeute. Nous aussi. Mais peut-être ai-je une bonne excuse, celle de ne pas un être un bon lecteur.
John Irving « Je te retrouverai » point Seuil.